Exposition

Du 9 au 20 février, le Palais de Tokyo abrite l’exposition « Detour ». Organisée par la marque Moleskine et sa fondation, le musée donne à voir un melting-pot d’artistes soutenant à la fois tradition, créativité et changement social.

Sous la tour Eiffel éclairée, le Palais de Tokyo. Le soir du 8 février, le musée ouvrait ses portes à une grosse brochette de privilégiés pour l’avant-première de l’exposition Moleskine « Detour ». Après quelques minutes d’attente dans la queue, les invités se ruent vers la salle du fond. Les influenceurs dégainent aussitôt leur smartphone pour immortaliser le premier carnet Moleskine aperçu. À l’entrée se trouve un bac avec des gants blancs. De la même manière que les pierres précieuses, les carnets Moleskine sont des objets à traiter avec délicatesse. Ainsi les invités prennent un gant, voire deux, et s’arment de patience avant de pouvoir feuilleter le précieux sésame. L’exposition se découpe autour des cinq thèmes suivants : voyage, imagination, frontières, mémoire et métamorphose. Ainsi d’une vitrine à l’autre, on peut apercevoir des carnets réinterprétés par des artistes internationaux. D’un simple coup de crayon aux tentacules en résine qui sortent du carnet, l’imagination n’a pas de limite. « Moleskine, c’est plus qu’un carnet noir, c’est la base de la créativité », introduit la PDG de la marque, Daniela Riccardi.

Tradition

 « Detour » est une exposition itinérante créée à partir de la collection de la Fondation Moleskine. Elle rassemble plus de 1300 œuvres d'art réalisées sur les carnets de la marque milanaise tant par des artistes que des architectes, des graphistes, des écrivains … Ils en ont fait don à la fondation dans l’optique de soutenir « la créativité pour le changement social », indique le panneau de présentation, c’est-à-dire des programmes d'accompagnement et de mentorat de jeunes défavorisés pour les inciter à développer leur créativité. « Cette exposition fait partie de la tradition Moleskine. En 2007, il y a eu une première exposition en France au Centre Pompidou. Depuis, elle s’est exportée un peu partout dans le monde. Mais dès mon arrivée en avril 2020, j’ai réactivé ces expositions. Je ne voulais pas que Moleskine devienne juste un notebook. Ainsi en juillet de l’année dernière, j’ai proposé un tour de monde mais nous avons dû prioriser nos marchés principaux dont Shanghai et la France », explique la présidente. Le premier arrêt effectué à Shanghai, « Detour » poursuit donc sa tournée mondiale avec une étape à Paris du 9 au 20 février. Elle reprendra ensuite la route pour New York puis Londres. 

Après avoir joué des coudes pour une petite coupe, vient le moment des discours avec la PDG de Moleskine et le président de sa fondation. Puis vient le tour de Guillaume Désanges, nouveau directeur du centre d'art du Palais de Tokyo qui succède à Emma Lavigne : « Je considère cette exposition comme un cadeau de bienvenue. Je viens d’arriver il y a une semaine. » On peine à entendre la suite, tellement les discussions autour vont bon train. La langue italienne est tout aussi présente que la langue française. Sans oublier le fond sonore, de la musique techno, si chère au Yoyo, boîte de nuit attenante au Palais de Tokyo. « Nous nous sommes arrêtés sur ce centre d’art pour présenter cette collection car c’est l’un des plus expérientielles. Cela fait six mois que nous sommes sur le projet. Je suis arrivée à Paris le vendredi, il n'y avait encore rien. Ils ont mis 48 heures pour tout installer », raconte la présidente.

Intemporalité

 Au milieu des costumes trois pièces et des talons, les jeunes voire très jeunes sont au rendez-vous. « J’ai des enfants dans les âges de la génération Z. Ils sont nés avec des smartphones, internet… C’est mon rêve de voir les jeunes avec des carnet de notes. D’ailleurs chez Moleskine, nous avons comme un Gen Z board, composé d’anciens stagiaires, internationaux, qui ont entre 20 et 23 ans. Ils sont un peu notre cabinet de tendance et grâce à eux nous avons compris qu’ils aimaient bien écrire sur des journaux avec des puces, un peu comme les bullet journals. C’est marrant, de mon temps, on avait des journaux intimes pour parler de nos petits copains », sourit Daniela Riccardi. La mode est un éternel recommencement, comme le disait si justement Gabrielle Chanel. L’une des artistes de l’exposition a revisité son carnet à l’image de son journal intime dans les années 90. À coup de jean, strass et collages de Britney Spears, l’artiste Antoinettelove invite l’audience dans  My little World (mon petit monde). Les carnets restent intemporels. 

Même si l’avènement du digital peut effrayer les acteurs de la papeterie, le succès de la marque ne semble pas retomber. Son mythe non plus. « C’est super cette expo, je suis super touché par toutes ces œuvres », lance un visiteur à son interlocuteur. Toujours lors de la soirée d’inauguration, Daniela Riccardi se souvient d’un artiste colombien qui lui a expliqué son amour pour les carnets de la marque : « Tous les ans, j’achète mon carnet où je note tout ce qui se passe dans ma vie… Je les collectionne depuis vingt ans. » Pour la petite anecdote, la rédactrice de ce papier et également fervente utilisatrice de papier, avait oublié son carnet. Elle a donc dû capitaliser sur les dernières barres de batterie de son smartphone pour prendre des notes. Mais rien ne vaut un bon vieux papier-stylo. 

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