Ressources humaines
Une proposition de loi en faveur d’un quota de femmes dans les conseils d'administration des entreprises françaises est actuellement à l’étude au Parlement. Pour le moment, seules 10% y siègent.

Moins bien rémunérées, premières victimes du chômage et du temps partiel, rares dans les postes à responsabilités, les femmes peinent à rattraper les hommes dans le monde du travail. Depuis les années quatre-vingt-dix, la marche vers l'égalité, ou du moins l'équité, fait du surplace. À travail égal, une femme gagne 25% de moins qu'un homme, avec des écarts croissants au fil de l'avancée de la carrière.

Une carrière d'ailleurs souvent bloquée dès qu'il s'agit d'occuper des postes à responsabilités. Ainsi, seuls 10,5% des sièges des conseils d'administration des entreprises du CAC 40 sont occupés par les femmes. En quatre ans, cette proportion n'a que faiblement progressé (8% en 2006).

Dans la communication et la presse, malgré la surreprésentation des femmes dans les effectifs, la situation n'est pas reluisante. Au point que le Syndicat national des journalistes-CGT a dénoncé en mars dernier «l'insupportable logique de discrimination que subissent les femmes dans le monde des médias» et souligné des «chances de promotion infiniment moindres» que leurs confrères masculins.

Solution radicale

Comment briser ce fameux «plafond de verre»? Permettre au deuxième sexe d'accéder aux lieux de pouvoir et de décision de l'entreprise est un bon moyen de faire évoluer les choses. Faut-il pour autant en passer par la loi et une politique de quotas? C'est l'idée de la proposition de loi Copé-Zimmerman débattue actuellement au Parlement, visant à instaurer un quota de 40% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises françaises d'ici à 2016.

La Norvège est arrivée à cette proportion grâce à une loi votée en 2004, soulignent les partisans de cette proposition. Mais beaucoup doutent que cette solution radicale et contraire à l'esprit républicain français soit efficace. La création d'un organe indépendant pour veiller au respect de l'équité et communiquer le cas échéant sur les entreprises mauvaises élèves est une autre voie.

 

Sophie Cornet, secrétaire générale d'Information, presse et communication et dirigeante de l'agence C'est dit, c'est écrit.

NON. Cette solution serait grotesque. On tomberait vite dans un décompte ridicule. D'une manière générale, je pense que les quotas sont inadaptés en France au vu de notre modèle et histoire. Ils ne règleraient pas les difficultés. Si l'on veut une meilleure représentativité des femmes, il vaut mieux faire changer les mentalités qu'imposer une loi. Les femmes et les hommes ne doivent être jugés dans le monde professionnel que sur leurs compétences.

 

Valérie Perruchot-Garcia, présidente de l'AFCI et directrice de la communication interne d'Axa Group
OUI.
Cela fait trop longtemps que les choses stagnent. Les femmes sont toujours aussi peu présentes dans les conseils d'administration des grands groupes. Il faut un électrochoc. Une politique de quotas peut en être un. C'est dur d'en arriver là, mais les quotas représentent une solution pragmatique. Pour paraphraser Winston Churchill, les quotas sont à l'image de la démocratie, la pire des solutions à l'exception de toutes les autres.

 

Véronique Richard, directrice du Celsa
NON.
Philosophiquement, c'est à l'opposé de notre modèle républicain. Mais si l'égalité n'est pas atteignable, il faut viser l'équité. Ce n'est pas normal que, malgré leur talent, les femmes soient aussi peu présentes dans les directions. Elles pourraient pourtant insuffler plus de souplesse dans le management et briser le plafond de verre. Au-delà des entreprises, la réflexion est à mener dans tous les pans de notre société. À commencer par l'éducation. Sur 200 grandes écoles françaises, seules 14 sont dirigées par des femmes.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.