Régie
La nouvelle directrice exécutive de Prisma Media réorganise la régie en misant sur la consultation, voire la contradiction. «Pour mieux avancer», indique-t-elle.

«Seule, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin», répète à l'envi Aurore Domont, la directrice exécutive de Prisma Media. Une manière d'insister sur l'organisation qu'elle promeut au sein de la régie du groupe de presse, dont elle a pris la tête en début d'année.

Car la nouvelle dirigeante a beaucoup consulté à son arrivée, avant d'arrêter ses choix: «J'ai vu un à un les différents commerciaux, soit une cinquantaine de personnes, et j'ai demandé à chaque direction de composer son équipe idéale.»

Cette ex-directrice générale adjointe de Lagardère Publicité a rejoint une structure commerciale dont les membres demandaient à retrouver cohérence et cohésion. Pendant près d'un an, celle qui l'a précédée, Catherine Arnaize, avait voulu en finir avec la commercialisation par marque-média et par pôle pour confier à chaque commercial la vente de l'ensemble des titres et des sites. «Certains points sont positifs et à conserver, souligne Aurore Domont. Et toutes les régies ont eu la tentation, à un moment ou à un autre, de la transversalité. Sauf que ce système a ses limites.»

Sur un marché encore tendu, les résultats furent jugés inférieurs aux attentes par rapport à la concurrence. Le PDG de Prisma, Rolf Heinz, en a tiré la conclusion qu'il fallait revoir l'organisation, voire son management. Mais il lui fallait trouver les bons arguments pour attirer «une collaboratrice d'une fidélité et d'une loyauté très grandes», reconnaît Constance Benqué, son ancienne patronne à Lagardère Publicité. «Il m'a parlé d'un projet ambitieux, de valeurs du groupe, de confiance», se rappelle Aurore Domont, qui se dit capable de déplacer des montagnes pour peu qu'elle se retrouve pleinement dans l'état d'esprit d'un patron.

«Que chacun y croie»

N'ayant qu'un faible besoin de sommeil, Aurore Domont se distingue par sa puissance de travail et sa rigueur. Au moins deux fois par an, elle part se ressourcer dans le village paternel en Corse. «Elle se plonge à fond dans ses dossiers, va chercher toutes les informations dont elle a besoin, veut connaître l'ensemble des chiffres pour tout maîtriser, dans le moindre détail», se rappelle un des ses anciens collègues chez Lagardère, Stanislas de Vion, maintenant directeur associé de Sunset Production.

Ce que d'autres traduisent aussi par «un besoin d'être rassurée et de rassurer son employeur, mais qui peut s'avérer parfois pénible pour les équipes qui n'acceptent pas toujours une activité trop chronophage et le chiffre à tout prix».

D'autant que cette fan déclarée de hard-rock des années 1980 n'y aurait pas toujours mis les formes. Ces dernières années, «elle a appris à arrondir les angles en élargissant ses responsabilités et en travaillant avec Philippe Pignol [directeur général de Lagardère Publicité]», analyse Constance Benqué. Un constat partagé par l'intéressée, qui reconnaît «travailler avec le culte du résultat, mais dont le boulot principal est que chacun y croie».

Elle affiche cependant une préférence à «(s)'entourer de gens qui ont du caractère, du répondant, de la contradiction, si c'est pour mieux avancer». Et devrait avoir rapidement besoin d'eux. Car il va «lui falloir prendre des risques», conclut sa désormais concurrente Constance Benqué.

 

encadré

Son parcours en bref

1991. Sorbonne, master en droit des affaires.

1991-1996. Chef de publicité au Moniteur.

1996 -2000. Directrice de clientèle, puis de la publicité chez Lagardère Publicité.

2000-2008. Directrice commerciale des pôles régional (2000), musical (2003), puis national (2006).

2008. Directrice générale adjointe du pôle radio, ainsi que du JDD, Paris Match, Elle, pôle déco et Be.

2011. Directrice exécutive de Prisma Publicité et membre du comité de direction de Prisma.

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