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L'été sera très chaud pour les industries des médias et des télécoms. Plusieurs milliers de postes sont menacés à Hersant Medias, Presstalis ou SFR.

La Coface est formelle: le nombre de défaillances d'entreprises devrait augmenter de 4 % en 2012. Pour y faire face, un "plan de reconquête industrielle" est annoncé par Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif. Parmi les multiples chantiers, il y aura matière à se pencher sur l'industrie des médias et des télécommunications. Après l'arrêt du quotidien La Tribune en version papier, qui a conduit à 110 licenciements nets, et la mise en redressement judiciaire de France Soir qui menace ses 53 salariés restants (après 89 suppressions d'emplois lors de l'arrêt du quotidien en décembre), le groupe Hersant Médias (GHM) risque d'alourdir à son tour la facture sociale de la presse quotidienne.

Ce groupe, qui a suspendu en fin de semaine dernière ses négociations avec Rossel pour le rachat de son pôle Champagne-Ardennes Picardie (L'Union-L'Ardennais, L'union de Reims, Libération Champagne, L'Aine Nouvelle) emploie plus de 650 salariés dans le Nord-Est de la France. La société belge, qui exigeait 270 suppressions de postes, a accepté de ramener ce chiffre à 210. Mais la Filpac CGT ne se dit prête à n'en accepter que 125.  Alors que le Syndicat national des journalistes demande la nomination d'un médiateur, Rossel pourrait décider de jeter l'éponge le 22 juin. Une procédure de redressement judiciaire serait alors engagée. Quant au pôle normand de GHM, qui emploie 357 salariés, il n'est guère mieux loti: Paris Normandie risque, le 21 juin, la liquidation, faute de repreneurs.

Une retructuration est aussi attendue au groupe Sud-Ouest, où Olivier Gérolami, le nouveau patron, qui se définit lui-même comme un "manager très orienté sur le compte de résultat" est attendu sur sa feuille de route. De son côté, l'imprimerie du Monde, à Ivry, qui compte 270 salariés, ne devrait bientôt plus fonctionner qu'avec une seule rotative et 70 employés. Le Monde réfléchit, en parallèle, à externaliser une partie de sa production. Le groupe songe à confier son impression en province à des imprimeries de Ouest France et d'Ebra ou à Riccobono, qui disposent d'unités d'impression décentralisées de la PQN. Mais des discussions sont également en cours pour confier à l'imprimerie du même Riccobono à Tremblay en France, qui imprime Le Figaro et bientôt Les Echos, la fabrication en région parisienne.

Enfin, à Presstalis, la société de distribution de la presse qui vient de voir partir pour les MLP quatre titres de Mondadori, la CGT n'hésite pas agiter la menace de "1000 emplois" supprimés. Un nouveau plan pourrait être présenté cet été, qui verrait les éditeurs se retirer des coopératives pour confier à un prestataire logistique, Geodis, le soin de distribuer leurs titres sous la supervision de Presstalis. 

 

Plan de départs volontaires à SFR

 

Mais c'est aussi dans les télécoms que des centaines de suppressions de poste sont attendus, sous les coups de boutoir de Free. Alors que l'Arcep a fixé à 10 000 pertes d'emplois le coût humain de l'arrivée du nouvel opérateur mobile sur les industries existantes, Martin Bouygues parle de 50 000 emplois, en comptant les dommages collatéraux auprès des PME prestataires. A Bougues Télécom, où des reclassements à l'intérieur du groupe sont prévus, un plan d'économies de 300 millions d'euros est annoncé. «C'est très calme en ce moment, il y a même moins de mouvements que d'habitude, dit un délégué syndical CFDT. On s'attend à un plan social mais on ne sait pas si ce sera le mois prochain ou plus tard.»

A SFR, en revanche, la décision est prise: il y aura bien l'annonce d'un plan de départs volontaires début juillet, un mois avant l'arrivée du nouveau patron, Michel Combes. "Il portera sur 700 à 800 emplois", confiait le 12 juin une source proche de la direction. SFR table sur un plan d'économies de 500 millions d'euros. Une course contre la montre risque alors de s'engager si un projet de loi est voté encadrant les licenciement dans les entreprises faisant des bénéfices. Déjà, Arnaud Montebourg a déclaré à Challenges le 14 juin son intention de  "remettre de l'ordre dans les télécoms" en s'attaquant notamment à l'Arcep: "La concurrence doit trouver sa limite dans la préservation de l'emploi."

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