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Criteo est entrée au Nasdaq, le 30 octobre avec des débuts en fanfare. Stratégies a publié en juin 2012 un portrait de Jean-baptiste Rudelle, patron de cette société française spécialisée dans le ciblage publicitaire.

Les locaux devaient être inaugurés le 27 juin 2012, à quelques encablures du nouveau siège européen de Google. Un simple hasard sans doute si ce centre de R & D de 10 000 m², est sis dans un immeuble parisien au design épuré de la rue Blanche, tout proche de la rue de Londres, où le géant d'Internet travaille encore à la restauration de son hôtel particulier classé. 

Il y a, en tout cas, comme un symbole de la percée récente et vertigineuse de la start-up Criteo, spécialisée dans le ciblage publicitaire sur le Web. Son atout? Avoir conçu un algorithme de prévision du comportement de l'internaute, basé sur un recueil de ses habitudes de navigation. Son activité consiste alors à acheter des espaces publicitaires à des éditeurs, les annonceurs n'étant facturés que pour les clics opérés par les internautes. Bien vu, alors que les ad exchanges se multiplient...

Jean-Baptiste Rudelle rentre en France, après trois ans passés en Californie à développer sa filiale américaine. En trois ans, Criteo est passée de 70 à 600 salariés, et annonce 250 recrutements pour cette année, pour un chiffre d'affaires de 200 millions de dollars pour 2011 (contre 9 millions en 2009 ), réalisé à 80% à l'export. La start-up a ouvert des bureaux dans une quinzaine de pays.

A 43 ans, ce «serial entrepreneur», fils d'un artiste-peintre et d'une chercheuse en sciences politiques, n'en n'est pas à sa première aventure. Avant de fonder Criteo en 2005, avec deux associés, il avait déjà lancé une première start-up en 1999, K-Mobile Kiwee, spécialisée dans le téléchargement de sonneries.

L'homme est pressé et le revendique. «J'aime que les choses aillent vite, mais j'ai une grande tolérance pour les erreurs.» Romain Niccoli, cofondateur de Criteo, corrobore: «Il n'a pas peur de trancher, voire de se tromper.» Tout en lui reconnaissant un parler-vrai qui peut parfois dérouter: «Il va à l'essentiel, mais peut parfois être cru, ce qui a l'air déconcertant», poursuit-il.

Une volonté d'aller vite qui se traduit par une capacité à prendre des décisions rapides. «Il a un très bon sens de l'analyse du marché», estime Marie Ekaland, associée chez Elaïa Partners, un des fonds d'investissement de Criteo. Pour elle, Jean-Baptiste Rudelle n'hésite pas à adapter sa stratégie d'entreprise en un temps record: «Le business initial de Criteo reposait sur une technologie de recommandation personnalisée auprès des visiteurs de sites d'e-commerce, rappelle-t-elle. Il a vu que ça ne décollait pas, l'entreprise a stagné pendant deux ans. On a changé le produit en six mois sans heurts». 

Pour recruter, le passé compte moins que l'adaptabilité technologique: «Le “process” est très serré: les développeurs font des tests de programmation au tableau. Je regarde plus leur capacité à résoudre un problème complexe que leur école ou leur cursus», assène Jean-Baptiste Rudelle, qui cherche à «recruter les meilleurs» au nom d'une nécessité: «Notre ADN est très technique.» Il a recruté récemment Laurent Metzger, ex-directeur technique de Kelkoo, et Julien Simon, ex-Pixmania.

Toujours aller à l'essentiel. «On travaille beaucoup par e-mails, avec nos collaborateurs directs. Nos salariés utilisent le réseau social d'entreprise Yammer», résume Jean-Baptiste Rudelle. La règle interne consiste à répondre aux e-mails sous 24 heures, et à les envoyer à quelques destinataires. «Nous utilisons aussi un système de vidéoconférence interne similaire à Skype», complète Romain Niccoli.

Pour motiver ses troupes, il est adepte des séminaires annuels, mais aussi «du rite mensuel “sushis-pizzas”, où l'on présente les nouvelles recrues», poursuit-il. Et comme dans toute start-up Internet qui se respecte, on trouve dans les bureaux de quoi s'amuser, comme des bornes à pistolets en plastique. Histoire de compenser les horaires soutenus.

 

 

Son parcours en bref


1991. Diplômé de Supelec et de l'Imperial College de Londres
1991. Ingénieur développement chez Enercal (EDF)
1996. Consultant senior chez Roland Berger & Partners
1999. Fonde K-Mobile Kiwee
Septembre 2005. Cofonde Criteo
Avril 2009. Part aux Etats-Unis lancer la filière américaine
 

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