Vincent Stuhlen, directeur digital de L’Oréal Luxe, doit accompagner la mue de l’entreprise et doper les ventes en ligne des marques du groupe.

Ils n'étaient que trois l'été dernier; en février ils seront plus d'une dizaine. Au siège de l'Oréal Luxe à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), les équipes de Vincent Stuhlen, directeur digital global, grossissent à vue d'œil. Leur mission est de taille: «Accompagner la transformation de l'entreprise, qu'il s'agisse de l'organisation ou des façons de travailler ensemble, détaille Vincent Stuhlen. Cet objectif est même indiqué dans ma fiche de poste.» Pour que le digital soit adopté à tous les étages, le manager a concocté un programme d'apprentissage de savoir-faire opérationnels: social media, analytics... «Près de 300 collaborateurs du marketing, de la communication, du commercial ont déjà été formés», précise-t-il.

 

L'Oréal Luxe c'est 16 marques dont Lancôme, Yves Saint Laurent... et 120 sites Web dont 55 sites d'e-commerce. «Demain, le magasin ultime, le flagship de chacune de nos marques, se trouvera en ligne», détaille Vincent Stuhlen. Le manager digital doit accompagner cette révolution. Un défi qui n'impressionne pas ce grand sportif, ancien professionnel de windsurf. Son service planche sur la stratégie digitale (e-business, développement et analytics) et la conception des produits digitaux complexes, au sein d'une digital factory.

 

Première mission concrète pour Vincent Stuhlen: la mutualisation et l'harmonisation des pratiques digitales entre les différentes marques. «Ainsi, dès février, nous disposerons des mêmes indicateurs de mesure pour tous les pays et toutes les marques, ce qui permettra de les comparer», indique Jean-Claude Cohen, directeur des plateformes digitales. Le pilotage du digital chez L'Oréal Luxe, cela signifie également gérer les relations avec les responsables Web des marques et pays clés, et animer une communauté de 150 personnes, qui se réunit une fois par an lors d'un «global digital summit».


Au quotidien, le directeur digital doit avant tout convaincre de façon à vendre ses projets à tous les niveaux de l'organisation. Pour cela il est bien armé: «Il a le charisme d'un entrepreneur, c'est nécessaire dans les sociétés qui ne sont pas “digital natives”, il faut que cela bouge et vite», juge Vincent Boinay, directeur international du retail. Même si le fonceur devra sans doute apprendre à se réfréner: «Il faut mettre les nouvelles technologies au service de l'organisation et parfois cela implique de ralentir», poursuit Vincent Boinay.


Vincent Stuhlen sait qu'il ne doit rater aucune vague d'innovation. Il garde pour cela un œil sur le Japon, pays laboratoire pour le commerce sur mobile (30% des ventes digitales de L'Oréal Luxe se font déjà sur ce canal), et un autre sur les Etats-Unis, pays moteur du e-business: «A l' avenir mon équipe aura de plus en plus vocation à être implantée sur d'autres continents.» Et pour ne pas manquer de vague, réelle cette fois, «la Stuhl» ou «Vince» (ses deux surnoms du temps où il dirigeait le portail Agoride.com) retourne chaque fin de semaine à Marseille, où il habite et pratique le kitesurf.

 

Son parcours en bref :
1973. Naissance à Munich (Allemagne).
1998. Diplômé de l'école d'ingénieur ESME Sudria, puis développeur chez l'équipementier sportif Ezzy (Hawaï).
2000. Fonde le portail Agoride.com (sports extrêmes).
2003. Directeur marketing international d'Oxbow.
2007. Directeur digital international chez Levi's Strauss.
2010. Executive MBA à l'Insead.
2011. Directeur digital global de L'Oréal Luxe.

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