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Le fondateur de Free vient de dévoiler son projet d’école, baptisée 42 et destinée à former mille codeurs par an. Les développeurs, une denrée rare pour les agences et entreprises…

Coup de communication ou volonté de combler un manque dans le système éducatif français? Mardi 26 mars, dans les locaux du groupe Iliad, Xavier Niel lançait une école, baptisée 42 (référence au livre de science-fiction Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams), destinée à former «1 000 spécialistes de la programmation informatique chaque année». Pour cela, il a débauché trois dirigeants de l'Epitech, école informatique réputée, dont son ancien président, Nicolas Sadirac.

L'école, gratuite, proposera un cursus de trois à cinq ans, «voire au-delà». Ouverte jour et nuit ainsi que le week-end, chaque élève y aura son propre ordinateur, un Imac. 42 veut former des «créatifs», avec une pédagogie fondée sur l'évaluation collective, sans cours magistraux. Les candidats, âgés de 18 à 30 ans, pourront postuler sans le bac, mais seront présélectionnés par des tests sur le Web, puis de code. La première promotion de mille étudiants fera sa rentrée en septembre.

«Chez Free, on n'aurait pas créé la Freebox avec des personnes issues d'écoles d'ingénieurs normales.» Comme à l'accoutumée chez Xavier Niel, le discours est volontiers provocateur. Mais il pointe aussi une réalité. «Cela fait 25 ans que je crée des entreprises, le problème est de trouver des talents», explique-t-il. D'après le baromètre Apec-Syntec, 70% des entreprises du secteur numérique peinent à recruter. Or, les profils de développeurs, mais aussi d'architectes Web, créateurs de jeux vidéo, spécialistes en réalité augmentée, etc., sont recherchés par de plus en plus d'entreprises, «confrontées à de nouvelles problématiques en télécoms, gestion de “data”, e-commerce…», énumère Pierre Cannet, fondateur et PDG de Blue Search Conseil, cabinet de recrutement Web.

Pas de diplôme homologué

L'école sera financée par une fondation privée, où Xavier Niel va investir ses fonds personnels pendant dix ans. Mais le magnat des télécoms entend aussi faire contribuer d'autres entreprises, alors que le budget de lancement est estimé à 20 millions d'euros. Seul hic, l'établissement ne délivrera pas de diplôme homologué par l'Education nationale. Autre sujet à débat, «l'école 42 reprend nos principes pédagogiques, mais proposera-t-elle, comme nous, une dimension gestion de projets?», interroge Fabrice Bardèche, vice-président exécutif d'Ionis Education Group (maison mère d'Epitech). «Les diplômes sont nécessaires pour l'insertion dans le marché de l'emploi. Free et les partenaires recruteront dans les promotions, mais se pose la question du devenir des étudiants dix à quinze ans après, surtout sans diplôme», argumente Pierre Cannet.

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