Le contact est bientôt établi! D'ici à la fin de l'année, Philippe Koechlin, le directeur des médias digitaux de Total, va lancer Working at Total (WAT), la nouvelle version de l'intranet du groupe pétrolier, pensé pour «être social». Un projet stratégique pour la société de 97 000 salariés, présente dans 130 pays et comprenant 500 métiers.
Dans un tel mastodonte, créer du lien se révèle crucial. «Nous disposions depuis 2006 d'un espace de travail virtualisé pour la branche exploration-production qui représente 17 000 personnes, détaille Philippe Koechlin. Et il y a déjà de nombreux échanges, via 1 500 communautés de travail. Cela sert beaucoup aux équipes d'ingénieurs dispersées sur la planète.»
Mais avec WAT, qui s'appuie sur la dernière version du logiciel Sharepoint, les échanges devraient prendre une nouvelle dimension. Le déploiement de WAT commencera par le siège situé à la Défense (Hauts-de-Seine), avec l'objectif «qu'un maximum de collaborateurs puissent se parler», selon Philippe Koechlin. Une étape importante pour le directeur des médias digitaux, qui est à la tête d'un service d'une quinzaine de personnes et a la main sur les sites corporate, la présence de Total sur les réseaux sociaux ou les intranets. On y retrouve des community managers, un user experience, des chefs de projets éditoriaux Web, un expert en référencement (SEO) ou un spécialiste en terminaux mobiles...
Toute l'équipe a été sur le pont par exemple lors de la crise «Elgin», une fuite de gaz survenue le 25 mars 2012 sur l'une des plateformes du groupe en mer du Nord et qui a duré deux mois. «Nous avons mobilisé tous les canaux pour communiquer: le site ad hoc (Elgin.total.com), le compte Twitter "Total", les pages sur Facebook et You Tube ("Total Elgin") et le compte "Total Elgin" sur Flikr», détaille Philippe Koechlin.
Savoir se remettre en question
Au quotidien, pour ce manager, dont la moitié de l'équipe télé-travaille (jusqu'à deux jours par semaine), ce nouvel intranet jouera le rôle de bureau virtuel et préfigure les nouvelles façons de collaborer: «Il y a une évolution lente mais irrémédiable vers une “digital workplace”, note-t-il. Même s'il faut toujours organiser des points de rencontre physiques.» Lui-même n'hésite pas à houspiller ses jeunes collaborateurs qui passent un peu trop de temps sur les outils de chat, au lieu de se parler de visu.
Philippe Koechlin est un véritable fondu de technologies numériques, selon Patrick Antoine, community manager corporate chez Total: «Il considère que c'est un moyen de gagner beaucoup de temps dans le travail. Par exemple, quand il participe à une réunion ou à un atelier, il nous adresse le compte-rendu dès la sortie de la salle. Quand il ne se trouve pas au bureau, il est toujours présent par les moyens digitaux.»
Pour ce manager, plutôt pragmatique, pas question de créer des dispositifs sociaux tous azimuts. Exemple: «Nous avions envisagé un temps de créer une application mobile sur le thème des carburants, et nous nous sommes rendu compte qu'il y avait déjà de nombreux échanges à ce sujet sur le site de petites annonces Caradisiac, relate Philippe Koechlin. On a trouvé plus simple, avec les community managers, de se contenter de faire de la veille très active sur ce site.»
Enfin, pour recruter, le directeur des médias digitaux de Total a sa propre méthode: «J'aime bien intégrer des gens qui sortent du cadre, car dans nos métiers il faut être capable de se remettre en question en permanence, juge-t-il. Du coup, en entretien d'embauche, j'aime bien poser des questions décalées, à l'improviste et en anglais, du style: “What is your favorite whisky?”». Engageant!
Son parcours en bref
1971. Naissance à Dijon.
1994. Diplômé de Supélec.
1995. Développeur pour Axime (groupe Atos).
1998. Chef de projet informatique Total et, à partir de 2001, chef de projet e-business marketing (lancements des premiers sites Web, des portails pays...).
2004. Responsable CRM du groupe Total.
2008. Chef de projet du portail d'entreprise.
2009. Responsable des médias digitaux de Total.
