Ressources humaines
Le 3 décembre, la journée internationale des personnes handicapées a été l'occasion de faire le point sur les actions des employeurs de l’audiovisuel à ce sujet. Un bilan plutôt positif.

«Le président de France Télévisions, Rémy Pfimlin, a décidé de geler tous les recrutements mais il a fait deux exceptions: les personnes en situation de handicap et les alternants», souligne Patrice Papet, le DRH du groupe audiovisuel. Engagé dans une cure d'austérité sans précédent avec un plan de départs volontaires (361 personnes), suspendu pendant un mois, France Télévisions tente, malgré tout, de préserver la dynamique vertueuse dans laquelle il s'est engagé en matière d'emploi des personnes handicapées. La problématique est la même pour les autres acteurs de l'audiovisuel: M6, TF1 ou Radio France. Tous concernés par des mesures d'économies, ils ne changent pas de cap sur le front du handicap et de la diversité. Comment s'explique ce volontarisme? Dans le même temps, ces groupes ont changé de registre dans la façon de communiquer autour du handicap en interne comme en externe: un discours plus direct et plus authentique. Un tabou est en train de tomber!

Si la plupart des groupes audiovisuels avancent sur la question de l'emploi des personnes handicapées, même en période de récession, c'est en raison de la loi de 2005 sur le handicap. Ce texte, qui maintient l'obligation légale pour les sociétés de plus de vingt salariés d'atteindre un taux d'emploi de personnes handicapées de 6%, a renforcé les sanctions à en 2010 : celles qui n'y parviennent pas sont contraintes de verser une contribution à l'Agefiph (association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées). Or depuis 2010, cette somme a été triplée (1500 fois le smic horaire, soit 14 000 euros par an par bénéficiaire manquant) pour les entreprises qui n'auraient rien mis en œuvre dans les trois dernières années. Mais la plus forte incitation à agir, issue de la loi de 2005 est autre : les employeurs qui négocient des accords d'entreprises sur le sujet, avec des plans d'action, sont dispensés de verser toute contribution à l'Agefiph. A condition de réallouer ces sommes pour avancer sur le sujet.

Intégration et incitation

Une mesure intelligente qui explique le volontarisme des groupes audiovisuels. France Télévisions qui compte un peu moins de 10 200 salariés affiche un taux d'emploi des personnes handicapés de 4,12% contre 3,5% en 2010. «Nous avons signé en 2011 un accord sur la question du handicap, et le budget global consacré à cette question a progressé de 60%, et s'élève aujourd'hui à 470 000 euros», souligne Patrice Papet, le DRH du groupe.
Un cercle vertueux. «A Radio France (4 400 salariés en CDI), le taux d'emploi des personnes handicapées atteint 2,92%, contre 1,88% en 2009, et nous ré-ré-allouons les sommes économisées à des actions de sensibilisation, de recrutement et d'intégration des personnes handicapées», explique Christian Mettot, le DRH du groupe.

Pour calculer ce taux d'emploi des personnes handicapées, les entreprises additionnent l'emploi direct et indirect, comme le recours à des entreprises sous-traitantes qui font travailler des personnes en situation de handicap. Ainsi Radio France a, jusqu'ici, surtout mis l'accent surtout sur le recrutement, l'intégration dans l'emploi de salariés. «Nous voulons aujourd'hui accroître le taux d'emploi indirect», précise Christian Mettot.

A TF1, le taux d'emploi global des personnes handicapés se situe à 2,57% (contre 1,39% en 2008) et il s'agit là encore surtout d'emplois directs (2,23%). «Cela représente environ 80 personnes en situation de handicap sur 3 600 salariés, indique Nathalie Clinckx, responsable diversité/handicap pour le groupe, qui a également signé un accord sur le sujet. Entre 2011 et 2013, nous avons procédé à 30 recrutements en CDI et CDD de plus de 6 mois.»

Pour avancer sur cette question, les chaînes privilégient deux solutions: l'intégration de personnes handicapées en alternance et aussi une communication interne importante pour inciter les salariés qui sont dans cette situation à se déclarer «travailleurs handicapés».
«Dans 85% des cas, les handicaps surviennent au cours de la vie, poursuit Nathalie Clinckx. Nous avons opté pour la première fois pour une communication assez franche sur le sujet, en expliquant à nos salariés ce qu'ils avaient à y gagner, et ça fonctionne bien.» Chez TF1, il y a eu déjà 35 demandes de collaborateurs depuis 2008 dans l'entreprise.

Du côté de M6, où le taux d'emploi des personnes handicapées est de 1,4%, Sébastien Fablet, responsable du développement RH et mission handicap met l'accent sur la sous-traitance à des entreprises adaptées: "L'an dernier, elles ont préparé plus de 400 plateaux-repas, ont imprimé notre rapport annuel...» Il espère avancer sur un projet d'accord prochainement. Dans tous les cas, progresser sur ce thème est un vrai combat. «Il y a beaucoup d'efforts, et vous gagnez un combat mais vous en perdez deux, car il y a encore des a-priori tenaces», conclut Sébastien Fablet.

 

Une agence de communication sur le sujet du handicap

Après un parcours chez Euro RSCG C&O (devenu depuis Havas Paris), où il était directeur associé pour les ressources humaines, puis trois ans au sein du cabinet TMP où il a développé des jeux de sensibilisation au handicap, David Herz a fondé il y a un an Tell me the truffe, une agence de communication dédiée au sujet du handicap. «J'ai le sentiment que l'emploi des travailleurs handicapés patine en France, explique-t-il. Les services de communication appréhendent de se saisir de thème, de peur de mal faire. Résultat, on aboutit à une communication stéréotypée. Or il y a besoin de se dire les choses. Mon but: avoir le même niveau d'exigence pour la communication sur le handicap que sur d'autres sujets.»

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