- Plonger dans un autre univers professionnel
Pour ceux qui ont besoin de découvrir de nouvelles façons de voir leur travail quotidien, rien de tel que de passer un peu de temps dans une start-up. C’est la mission que s’est fixée Vismaviedestartupper.fr, qui accompagne trois types de populations dans cette aventure: de jeunes managers, d’autres, plus confirmés et des dirigeants. Les premiers passent trois mois dans une start-up et découvrent des processus d’innovation qui nourrissent leur réflexion. Les managers confirmés sont mobilisés pendant trois semaines mais l’impact est tout aussi fort, explique Frédéric Watine, directeur général de cette structure: «L'immersion est un processus d'étonnement qui les pousse à redécouvrir leur environnement et ils reproduisent ce mode de découverte lorsqu’ils retournent dans leur entreprise.» Les dirigeants passent quant à eux quelques jours au sein d’une start-up proche de leur métier. «Le principal objectif est de faire découvrir comment des jeunes pousses repensent, exécutent, managent et pilotent totalement différemment le business», explique Frédéric Watine.
- Se former avec la réalité virtuelle...
Comme si vous y étiez: c’est le pari des systèmes «immersive learning» (apprentissage immersif), basés sur la réalité virtuelle et qui plongent les apprenants dans un environnement et une situation bien précise. «L’objectif est d'offrir une expérience de formation la plus pratique et la plus proche possible du terrain, en évitant les coûts logistiques et en laissant le droit à l'erreur», explique Aurélie Truchet, l’une des cofondatrices de Uptale, une start-up spécialisée dans ce nouveau champ. Une fois capté l’environnement grâce à des caméras 360°, il devient possible d’y ajouter une couche interactive, que ce soit sous forme de médias, de questions ou de services cognitifs, comme la reconnaissance vocale. «Les entreprises peuvent créer, partager et diffuser leurs propres expériences pédagogiques immersives, en toute autonomie», précise Aurélie Truchet. Ces phases de formation peuvent être visualisées sur un ordinateur en 360°, via un smartphone, qui peut être glissé dans un casque de réalité virtuelle, ou à travers des dispositifs plus immersifs comme l'Oculus Go ou le HTC Vive.
- ... ou à travers un lieu expérientiel
Si le virtuel a ses adeptes, le présentiel garde lui aussi des partisans. Frédéric-Gérard Leveque, directeur de la transformation digitale du Hub Institute, est persuadé de l’intérêt de la formule: «Le meilleur apprentissage est l’apprentissage actif, celui qui implique les participants en leur permettant de toucher et manipuler les objets. C’est la meilleure façon de s’approprier les nouvelles technologies.» Le Hub Institute dispose ainsi d’un espace expérientiel dans lequel ses équipes créent des scénarios en fonction des désidératas de ses clients. «Cela peut être un achat sur mobile avec visite du lieu de vente, explique Frédéric-Gérard Leveque. Sans cette dimension expérientielle, tout reste très théorique et les top managers n’ont pas d’idée sur ce qu’il se passe dans les situations réelles.» Ces expériences s’inscrivent dans un parcours qui peut inclure des rencontres avec des acteurs du secteur et la visite d’entreprises en transformation. «Le réel et la rencontre de vraies personnes amènent un ancrage de ces moments d’apprentissage, souligne le spécialiste. Il est important de sortir les gens de leurs murs pour les extraire de leurs codes et de leurs process.»
- Découvrir avec les learning expeditions...
Les learning expeditions - ou voyages d'étude - sont un autre vecteur de formation en vogue. Le groupe Mediaschool (propriétaire de Stratégies) en a fait l’un des points forts de son programme Media Leadership. Durant une semaine, les participants parcourent trois villes des États-Unis pour découvrir les nouveaux modes de création des contenus (à New York et Los Angeles) mais aussi les nouvelles technologies du secteur (à San Francisco). «Ce voyage permet d’aborder dans la réalité les éléments qui sont évoqués dans la formation, que ce soit en amont – la dimension innovation technologique, les nouveaux modèles économiques et la dimension data – ou en aval puisque les participants sont invités à créer une couverture social media de cette mission d’étude à destination d'une cible précise», explique Rosa Luna-Palma, directrice générale du pôle formation continue. Au terme de cette learning expedition, les participants sont mieux armés pour imaginer des concepts nouveaux mais aussi repenser leurs propres modèles. Le dispositif est particulièrement propice à l’innovation, estime Rosa Luna-Palma: «Il met les participants dans une approche d’opportunité vis-à-vis des transformations de leur secteur. Ils gagnent aussi une capacité à accepter de tester, quitte à se tromper, et aussi une nouvelle capacité à engager les autres.»
- ...ou avec le reverse mentoring
Le reverse mentoring s'appuie lui aussi sur la découverte, mais entre générations cette fois. «Il met en contact un dirigeant qui a une forte expertise et un jeune talent récemment entré dans l’entreprise, explique Roxanne Leduc, senior change maker chez Fabernovel. Le plus jeune va coacher le dirigeant autour des nouveaux usages ; c’est un échange inter-générationnel.» Faire un focus sur les usages des nouveaux outils amène les dirigeants à des enjeux business et leur apporte aussi une meilleure compréhension des stratégies digitales qui leur sont proposées. Ils peuvent alors les challenger et mieux maîtriser les budgets. «Sur le plan organisationnel, le reverse mentoring assure une meilleure circulation des informations, ce qui instaure plus de confiance entre les différentes strates de l’entreprise», ajoute Roxanne Leduc. Reste à mettre en place un tel dispositif. Pour en assurer le succès, il faut lancer une démarche spécifique de co-conception. Les dirigeants peuvent ainsi identifier les sujets qui les intéressent, ce qui permettra ensuite d’identifier les jeunes talents capables de répondre à leurs attentes. En moyenne, il faut cinq séances d'une heure à une heure trente, espacées d'un mois, pour avoir un bon reverse mentoring», estime Roxanne Leduc.
- Mieux échanger entre pairs à distance
L'échange d'expériences entre pairs peut aussi être source de formation. Pour faciliter et structurer les échanges à distance, Jean-Baptiste Latour, cofondateur de Viti Coaching, a créé une solution digitale inspirée du codéveloppement entre pairs né au Québec. «Chaque participant se connecte à une salle virtuelle où il apparaît sous forme d’avatar, explique-t-il. C’est un système qui facilite la rencontre et les échanges d'une manière complémentaire par rapport à une réunion réelle. Les sujets abordés peuvent être parfois plus impliquants émotionnellement parce qu'il y a moins de pudeur à distance.» Ces réunions virtuelles, d’une durée d'une à deux heures et animées par un consultant, amènent les participants à faire évoluer leur appréhension des problèmes et à élaborer des plans d’actions. «Notre plateforme permet une animation fluide et immersive, qui marque les rôles différents en séance et où les participants sont concentrés sur le processus de travail», souligne Jean-Baptiste Latour, pour qui ce dispositif assure, notamment, un meilleur ancrage des acquis issus des formations en présentiel.
Le MOOC, cet ancêtre
L’ère des MOOC touche-t-elle à sa fin? Selon Arnauld Mitre, cofondateur et dirigeant de CoorpAcademy, «les MOOC, surtout lorsqu'ils sont gratuits, sont des outils qui ont un taux d’abandon très élevé.» Pour lui, cette transposition de la pédagogie présentielle sur internet ne respecte pas les codes du web. D’où l’émergence de nouvelles plateformes qui partent des usages du web pour y injecter de la pédagogie. C'est ainsi que sont nés les Learning Management Systems (LMS) et les Learning Experience Platforms, axés sur l’engagement de l’utilisateur, et sur lesquels CoorpAcademy se positionne aujourd'hui. «L’enjeu est le nombre de fois qu’un utilisateur revient chaque mois, le nombre de modules qu’il va essayer ou le nombre d’interactions qu’il va engager avec d’autres utilisateurs», explique son cofondateur.