Emploi
Recrutements, impact de l’Amazon-bashing sur la marque employeur, qualité de vie au travail... Anne-Marie Husser, directrice des ressources humaines d’Amazon France et Luxembourg, revient pour Stratégies sur les sujets RH auquel fait face dans l’Hexagone le troisième employeur mondial.

Début 2021, vous disiez vouloir recruter plus de 3 000 personnes en CDI cette année, portant les effectifs d’Amazon en France à 14 500. Est-ce qu’on y sera ?

Oui, le chiffre sera tenu. On sera passé de 11 500 emplois en CDI en France fin 2020 à 14 500 à la fin de cette année. C’est de la croissante nette et non des remplacements ; notre turn-over est dans les normes de l’industrie. A cela, s’ajoutera l’embauche de 12 000 emplois intérimaires pour les fêtes de fin d’année. 80% de nos effectifs permanents travaillent dans les entrepôts, 20% sont des cadres. Cela va de la logistique, avec des préparateurs de commande, des responsables qualité, des responsables sécurité, au e-commerce, avec des profils écoles de commerce ou d’ingénieur pour accompagner les marques et les marchands tiers dans leur utilisation deu service, sans oublier la régie publicitaire, qui emploie environ 150 personnes. Toutes nos activités grandissent dans les mêmes proportions. Au niveau mondial, nous embauchons 1,3 million de personnes, ce qui fait le nous le troisième employeur de la planète [derrière Walmart et China National Petroleum, ndlr].

En matière de recrutement, souffrez-vous de l’Amazon-bashing dont vous faites l’objet en France notamment ?

On l’entend un peu moins… C’est peut-être le fruit de notre travail d’explication sur qui nous sommes et ce que nous faisons. Le fait est qu’Amazon crée de l’emploi en France et contribue au développement économique. En comptant les emplois directs et indirects, toute la chaîne de distribution (transporteurs, livreurs, marketplaces…), Amazon fait travailler 130 000 personnes en France. Nos salariés disent à 85% qu’ils sont très heureux de travailler pour Amazon. On se donne du mal pour recruter des talents qui sont en phase avec nos valeurs. On recherche de la curiosité intellectuelle, de la prise d’initiative… Nous faisons aussi partie des entreprises qu’il est possible d’intégrer sans diplôme. Nous donnons la priorité à l’interne : un poste sur deux est pourvu de cette façon. Nous ne souffrons pas d’un problème d’attractivité.

Vous êtes régulièrement montré du doigt sur les conditions de travail dans vos entrepôts. Que faites-vous pour changer ça ?

J’invite tous ceux qui ont des doutes à venir visiter nos entrepôts. Nos collaborateurs sont plutôt contents, nous employons des gens qui n’avaient pas trouvé de débouchés avant. Par exemple, un responsable de la sécurité d’un site de 600 personnes a commencé comme préparateur de commande à Amiens. Et grâce à notre plan d’actionnariat, nos employés dans les entrepôts gagnent 28% de plus que le Smic en moyenne au bout de deux ans. Nous sommes très attentifs à la santé et à la sécurité de nos salariés. C’est pourquoi nous avons proposé sur tous nos sites, dès que cela a été possible la vaccination contre le covid pour tous les salariés qui le voulaient. Nous organisons des portes ouvertes de nos entrepôts depuis de nombreuses années. Avec la crise sanitaire, nous avons basculé sur des visites virtuelles. On prend le parti de laisser nos collaborateurs parler de leur environnement de travail, on veut leur donner davantage la parole.

Vous avez obtenu la certification Top Employer début 2020. Pourquoi c’était important pour vous ?

Nous avons peut-être eu envie de rétablir les faits et de remettre l’église au centre du village. Cette certification, que nous avons obtenu en 2021 pour la deuxième année, vient objectiver la qualité de l’environnement de travail et les perspectives d’évolution que nous offrons chez Amazon. C’est une certification sélective : une entreprise sur deux qui la demande ne l’obtient pas. C’est un processus très professionnalisant, dans lequel vous devez décortiquer tous vos processus de travail. On réfléchit à une certification sur la diversité.

Comment expliquez-vous la différence d’image en termes de marque employeur entre vous et d’autres Gafa, comme Google et Facebook ?

Ce n’est pas quelque chose que nous regardons ou qui nous intéresse. Ce n’est pas la culture d’Amazon. On regarde le client, pas les autres, sinon on est toujours en retard. Mon enjeu RH aujourd’hui, comme depuis mon arrivée il y a sept ans, est d’accompagner le développement de nos collaborateurs à la même vitesse que l’entreprise.

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