TRIBUNE

[Tribune] Les personnes en fauteuil roulant représentent 3% des situations de handicap mais il existe 80% de handicaps invisibles.  Les lieux de travail doivent donc être conçus pour répondre à toutes les problématiques d’accessibilité.

Nous sommes tous confrontés au handicap. Qu’il soit temporaire, situationnel ou permanent, 100% des personnes sont ou seront un jour concernées par le handicap. Se rendre à son poste, à la cafétéria, aux toilettes, ou dans les salles de réunion est déjà plus ou moins aisé, mais se servir un café, brancher son PC, ou déjeuner à la cantine peut s’avérer impossible.

Confrontés au handicap situationnel, nous prenons alors conscience de la complexité de vivre avec un handicap. Un banal oubli de lunettes de lecture empêche de réaliser les tâches pourtant les plus simples : lire, écrire, répondre aux mails, prendre des notes.  Frustrant non ? Imaginons alors ouvrir des portes en béquilles, se servir un thé avec deux bras dans le plâtre, prendre des escaliers avec une cheville cassée… Ces situations handicapantes aident à prendre la mesure de la difficulté. Mais elles ne durent pas toute la vie pour la plupart.

Les personnes malvoyantes, malentendantes, neurodivergentes, ou avec un trouble autistique ou une maladie incapacitante, vivent cet empêchement de façon permanente sans que rien ne soit pensé pour leur rendre la vie plus facile. Que ce soit dans leur vie personnelle ou professionnelle, la prise en compte de ces difficultés pour créer des lieux capacitant est incroyablement faible.

Tout un vivier de talents exclus

En faisant obstacle à la réalisation du travail que ce soit par l’accessibilité au bâtiment, au poste, par l’utilisation d’outils, ou d’intégration RH, la non-conception de lieux adaptés peut priver d’emploi et isoler socialement.

Et les entreprises se privent non seulement d’un vivier de talents mais aussi de leviers significativement positifs d’un point de vue organisationnel et social. On constate au sein d’entreprises inclusives une réduction du taux d’absentéisme, une meilleure cohésion des équipes et une bien meilleure capacité d’innovation, selon l’étude réalisée par l’Agefiph et le cercle Vulnérabilités et société en 2021.

Du côté des salariés, 43% des Français déclarent qu’un programme DEI (Diversité, équité, inclusion) influencerait beaucoup leur décision d’accepter un poste dans une entreprise qui le proposerait, selon une étude de la plateforme d’études de marché Dynata, réalisée en août 2021. De quoi faire réfléchir plus intensément les organisations sur le sujet alors que la menace de la grande démission et du «quiet quitting» fait surface.

Concevoir des lieux ingénieux

Si les entreprises souhaitent adresser autant qu’elles l’affichent les enjeux de diversité et d’inclusion, il semble urgent de concevoir des environnements de travail universels et capacitants, c’est-à-dire qui permettent à chacun de travailler dans ses meilleures conditions. Et au même titre que les portes automatiques ou les escalators conçus pour les personnes en situation de handicap, ces aménagements seront bénéfiques à tous.

Une rampe pour fauteuils roulants sert aux poussettes, aux personnes en béquilles ou âgées. Il est essentiel de changer d’état d’esprit pour innover et concevoir des produits, des services, des espaces utilisables par tous de façon équitable.

Et s’ils sont pensés dès la conception, ils n’auront que peu de conséquences sur le budget pour des effets humains considérables. Soyons ingénieux. Il serait dommage de s’en priver.

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