Dossier Formation

Sous la poussée du distanciel et des conditions particulières suscitées par la crise sanitaire, l’univers de la formation continue innove en misant sur une meilleure articulation entre présentiel et distanciel mais aussi sur de nouvelles offres pour un marché en évolution rapide.

La crise sanitaire et la généralisation du distanciel ont continué à faire évoluer les formats pédagogiques. Ainsi, Media Institute a reformaté ses formations en modules plus courts, d’une journée ou d'une demi-journée, afin d’avoir plus de participants d’horizons divers. « Cela facilite l’assimilation des enseignements et permet à chacun de mieux trouver sa place dans le groupe, explique Jérôme Israël, directeur général de cette structure. Nous avons aussi continué à accentuer la pédagogie inversée avec plus d’e-learning en amont et des cas concrets durant les échanges en présentiel. »

Évolution de la pédagogie

De son côté, Abilways mise sur une évolution de la pédagogie avec le lancement d’un nouveau module d’animation à distance d’une durée de quatre heures, que doivent suivre tous les nouveaux formateurs. Ils pourront ainsi enseigner dans tous les établissements du groupe. « Ce module vient renforcer la signature pédagogique commune du groupe et assure une meilleure mise en réseau des compétences et des expertises, estime Marion Breuleux, directrice de l’offre et du marketing. Nous avons toute une démarche de formation à la pédagogie de nos experts, qui sont avant tout des professionnels. Cela nous permet de formaliser leur goût de la transmission. »

L’IMM (groupe MediaSchool, propriétaire de Stratégies) propose depuis décembre 2021 un module d’e-learning mis au point par l’université de Stanford et distribué par OpenClassrooms. Consacré aux enjeux de la transformation digitale, il se déroule sur un total de 90 heures, échelonnées sur sept mois, de décembre 2021 à juin 2022. « Le parcours d’e-learning revient sur la maîtrise de la transformation digitale et, par la méthode des cas, forme à la conduite du changement autour de ces enjeux, explique Rosa Luna-Palma, directrice générale adjointe du groupe MediaSchool, responsable du pôle qualité et innovations pédagogiques. Les apprenants ont sept livrables progressifs à produire, avec l’aide d’un mentor, et soutiennent leurs travaux devant un jury, avant que le dossier soit validé et certifié par Stanford. »

Une seconde soutenance collective offre à chaque apprenant l’occasion de découvrir les différentes stratégies mises en œuvre par ses pairs, de comprendre comment d’autres ont résolu le cas précis de transformation digitale qui a été soumis à tous. Ce module s’approfondit lors des sessions en présentiel avec un focus data, en croisant les expertises des professionnels du marketing, de l’éditorial et de ceux qui travaillent directement avec les annonceurs. Déjà abordée depuis cinq ans, cette thématique a successivement été traitée sous l’angle de la veille, de la compréhension des enjeux, de la méthodologie, et est aujourd’hui prise sous l’angle des études de cas.

Former pour augmenter l’attractivité

À côté de l’évolution du marché, d’autres facteurs peuvent faire émerger des offres. Le manque d’attractivité de certaines fonctions a ainsi poussé Media Institute à proposer des formations dédiées au trading ou au planning stratégique, moins prisés du fait de leur degré d’automatisation très poussé. « Nous sommes en train de monter des formations certifiantes à ces métiers, en collaboration avec les agences médias et qui seront étalées sur plusieurs mois, détaille Jérôme Israël. Ces formations ont pour but de redonner du sens à ces métiers et redonner envie à des personnes de s’y engager. » Elles seront opérationnelles au second trimestre 2022.

Les entreprises s’impliquent de plus en plus dans la formation. De juin à septembre 2021 a ainsi été mise en place, sous la houlette de l’Afdas, une agence virtuelle avec les équipes de Dentsu durant une période de préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC). Un tel contexte a permis aux apprenants d’occuper successivement les différents postes d’un environnement professionnel réel et de mieux comprendre les enjeux et les contraintes auxquels seraient confrontés leurs futurs collègues. « C’est un bon moyen de créer des relations et un vrai sens du collectif », souligne Élodie Lombardo, directrice de l’innovation sociale et de l’ingénierie de projets de l’Afdas.

Au-delà des compétences, la formation peut aussi apporter du sang neuf. Constatant que ses équipes de créatifs avaient un profil trop semblable, ce qui pouvait constituer un handicap pour élaborer des campagnes de communication s’adressant à l’ensemble de la population, une agence a pris contact avec l’association Les Déterminés, spécialisée dans les NEET [Neither in employment nor in education or training]. Elle a identifié des potentiels créatifs parmi les jeunes des quartiers prioritaires de la ville. Leur formation, lancée en novembre 2021 devrait se poursuivre en alternance jusqu’en février 2023 et les amener à devenir, au choix, assistant de directeur artistique, concepteur-rédacteur, web designer ou motion designer.

Avis d’expert

Élodie Lombardo, directrice de l’innovation sociale et de l’ingénierie de projets de l’Afdas, l’opérateur de compétence de secteurs de la culture, des industries créatives, des médias et de la communication.

« Le secteur de la publicité est très dynamique, il prend à bras-le-corps les tendances qui impactent l’emploi et les compétences de ses structures. Les dirigeants ont une vraie compréhension que la valeur de leur entreprise vient des ressources humaines. Ils sont dans une approche d’expérimentation assez fertile. Il y a trois ans, Oreegami, un organisme formateur, s’était rapproché de nous pour monter une formation combinant une préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) et contrat d’alternance dans le marketing digital. Environ 300 personnes ont été formées en 12 sessions. Ils ont su adopter le rythme à celui des agences, qui fonctionnent sur un mode projet alors que l’alternance classique est majoritairement sur un rythme de deux jours à l’école et trois jours en entreprise. Cet organisme a mis l’accent sur la formation en distanciel pour maximiser le temps de présence dans l’entreprise. »

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