Tribune

Que l’on soit pour ou contre, les prochaines années marqueront l’avènement des métavers comme la nouvelle attraction des entreprises. Un outil prometteur, notamment dans le domaine du recrutement, qui y voit un moyen de révolutionner ses pratiques historiques afin d’attirer de nouveaux talents et surmonter, espérons-le, les problématiques grandissantes liées à la pénurie de talents.

Ce n’est un secret pour personne : la majorité des secteurs d’activité connaissent actuellement une forte pénurie de talents alors que les entreprises ont un besoin urgent de recruter, du fait notamment de l’explosion de la digitalisation. En juillet 2021, près de 48% des entreprises déclaraient rencontrer des difficultés de recrutement contre 37% en mai de la même année, selon une étude de la Banque de France. Une inquiétude qui monte et qui n’est pas près de s’estomper tant le phénomène se globalise.

Face à ces enjeux, l’annonce du métavers et de ses possibilités représentent une alternative intéressante pour les recruteurs souhaitant valoriser leur marque employeur et attirer de nouveaux talents. Il n’est pas souhaitable d’écarter le contact humain pour autant mais les qualités du métavers peuvent réellement offrir une expérience interactive et décomplexée qui manque souvent aux processus de recrutement. Grâce à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, les recruteurs peuvent générer davantage de candidatures directes comme indirectes, et surtout attirer des profils, en priorité les plus jeunes, que l’on ne retrouve pas forcément au sein d’un processus de recrutement «à la papa». Même si cela reste de l’ordre du projectif, le cadre virtuel immersif du métavers pourrait permettre une meilleure présentation des métiers tout en mettant l’accent sur les soft skills des candidats au cœur de tests dédiés.

L’objectif serait alors de donner au candidat la sensation d’être d’ores et déjà intégré à l’entreprise. C'est une évolution bienvenue pour les entreprises souhaitant recruter à l’étranger et où le télétravail est la seule option possible. En procédant de la sorte, les sociétés ont beaucoup à gagner car elles peuvent obtenir les meilleures compétences et s’affranchir des limites de temps et d’espace imposées par un démarche classique de recrutement. À défaut d’être le remède idéal aux problèmes de pénurie de talents, il convient d’affirmer qu’il s’agit là d’une perspective plus que prometteuse.

Des problématiques d’accessibilité

Aussi tentante et excitante cette nouvelle expérience soit-elle, il est impératif de ne pas oublier les nombreuses questions relatives à son accessibilité. Comme toutes les innovations, elles sont principalement réservées, dans un premier temps, aux très grandes entreprises qui ont les moyens financiers pour développer et déployer ces technologies au sein de leur fonctionnement. Nul doute que le coût d’entrée sera particulièrement élevé, mais il baissera à mesure que les entreprises investiront dans ces nouvelles technologies.

Au-delà de ces phénomènes normaux d’adaptation au marché, il reste plusieurs défis dont les concepteurs du métavers vont devoir se préoccuper, à commencer par l’équipement des candidats et l’accès au très haut débit à travers le monde. Actuellement, les casques de réalité virtuelle affichent un prix qui exclut d’office une grande partie de la population. Sans anticiper les évolutions de prix de ce marché, on imagine sans mal les industriels produire ces équipements à un prix raisonnable pour rendre accessibles ces technologies à un plus large public.

Pour autant, la question de l’équipement semble marginale quand on prend conscience que près d’un tiers de la population mondiale n’a toujours pas accès à internet et encore plus au très haut débit. Et on le sait, il faudra, à minima, une connexion 5G pour profiter des services du métavers. La route est encore longue pour faire basculer tout le monde dans une nouvelle ère technologique.

Sensibiliser les entreprises… et les futurs candidats

Mais inutile d’anticiper à outrance l’arrivée du métavers. Encore en développement ou tout simplement pas abouti, le concept de métavers mérite qu’on lui accorde de l’attention mais il est important d’en rester au stade de la sensibilisation, pour le moment. Les services RH des entreprises ont beaucoup souffert pendant la crise sanitaire, et il en va de la responsabilité des directions générales de les laisser souffler pendant un temps. Toutefois, sensibiliser les recruteurs à ces enjeux revient à prendre de l’avance sur ceux qui ne le font pas encore afin de saisir les bonnes opportunités le moment venu.

C'est une stratégie que les entreprises peuvent également étendre aux futurs candidats dès que les premières questions relatives à leur orientation professionnelle surgissent. On pourrait alors imaginer un scénario dans lequel le métavers permettrait de découvrir et tester plusieurs métiers via une mise en situation immersive et pédagogique. Une approche inédite pour créer un lien plus naturel entre formation et monde professionnel et dénicher ainsi les talents de demain.

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