Créé en 1989 par Grégoire Furrer, le Montreux Comedy Festival a tenu une nouvelle édition du 23 novembre au 3 décembre. Un festival de plus de 30 ans qui reste une étape clé dans la carrière des humoristes. Reportage.
« Passer à Montreux et avoir son gala, c’est une validation ». Cette année, le Montreux Comedy Festival reçoit sur plus de dix jours un panel d’artistes à travers cinq galas. Ce festival qui a fêté ses 30 ans en 2019, est l’un des tremplins incontournables pour les humoristes. Roman Frayssinet, Paul Mirabel, Camille Lellouche, tous ont le même point commun : être passés par ce festival avant de voir leur carrière évoluer. Car, Montreux ce n’est pas qu’une prestation sur scène, mais c’est aussi une présence sur les réseaux sociaux et notamment sur YouTube. La chaîne, créée en 2009, comptabilise plus de 800 millions de vues et publie quasiment à un an d’intervalle les passages sur scène.
C’est dans une ambiance digne d’un téléfilm de Noël qu’a lieu cette nouvelle édition en pleine Suisse romande à un pas du lac Léman. Après plusieurs passages, l’étape d’après est d’avoir son gala. C’est le cas de Jason Brokerss, qui a inauguré le sien pour la première fois ce 25 novembre. Situé dans le traditionnel Auditorium Stravinski 2M2C, ce spectacle réfléchi de manière qu’il représente un Comedy Club - jusqu’à la scénographie - fait défiler un par un les humoristes. Certains pour qui il s’agit de leur premier passage, évoquent même le fait d’être sur cette scène pour la première fois. Et d’autres ironisent. « Montreux ça a lancé ma carrière, et elle va peut-être se terminer ce soir. La boucle sera bouclée », plaisante Thomas Wiesel.
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Pour Grégoire Furrer, fondateur du festival, l’influence de cet événement annuel dans le canton de Vaud en Suisse, s’explique par le fait qu’il est « un accélérateur, car on fait gagner du temps. Il ne faut pas faire Montreux trop tôt, car sinon ça ne marche pas. Il faut savoir arriver au bon moment, c’est-à-dire avoir déjà fait plusieurs premières parties, avoir un bon spectacle d’une heure et surtout sept minutes qui déchirent ». Le public voue une réelle confiance à ce festival, puisque 80 % des places sont vendues à l’aveugle sans savoir qui seront les têtes d’affiche. Et pour veiller à la bonne organisation de ce marronnier, environ 80 personnes sont mobilisées tout le long de l’année pour veiller à la réalisation de la prochaine édition.
« Notre force, c’est de donner une identité forte à chacune de nos soirées. On a un décor qui est magique et que tout le monde connaît, chaque gala a son univers, ses accessoires. Si le Montreux Comedy Festival fonctionne encore, c’est parce qu’on n’a pas envie de s’essouffler, et c’est pour cela que je pousse mes équipes à toujours aller plus loin ». En 2021, alors que l’année était encore marquée par le Covid, le niveau de la fréquentation avait battu un record de billets vendus au prorata du nombre de jours, avec 97 % de remplissage payant, rapporte le Socialize Magazine.
Après avoir donné quatre représentations, Jason Brokerss témoigne de l’importance du passage par ce festival. « Quand on démarre l’humour, Montreux c’est une grosse étape. C’est un chemin dans nos carrières, notamment nos premiers passages. Ça veut dire quelque chose, c’est une certification car ça te donne du crédit, et ça te positionne. Cette année la préparation était différente pour Montreux, car quand c’est ton gala, tu penses en dernier à ton passage. Contrairement aux fois précédentes, où on pense uniquement à nos sept minutes. C’est une opportunité qui fait grandir. Il ne suffit pas de faire un bon passage à Montreux, il faut savoir si on est assez solide pour la suite, car il faut pouvoir faire revenir le public et le satisfaire, c’est ça le défi. Passer à Montreux et avoir son gala, c’est une validation », confie-t-il au lendemain de son dernier gala.
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Les 28 et 29 novembre c’est au tour de Bérengère Krief de prendre le relais avec son gala La piste aux étoiles, retransmis sur Canal + le 28 décembre. Dix ans après son premier passage, l’interprète de Marla dans Bref propose un spectacle d’humour mélangé à l’univers du cirque, que ce soit des sketchs jusqu’à la scénographie. Elle explique qu’elle « était hyper heureuse qu’on me propose de faire mon gala. C’est une consécration, de revenir en tant que maîtresse de cérémonie. Au tout début, c’était difficile pour moi de ne jouer que quelques minutes de mon spectacle, car j’ai besoin de temps pour être efficace et j’aime raconter des histoires. Pour mes amis stand-upers l’exercice avait l’air plus simple, alors que moi je me trouvais nulle. Ce gala est un mélange entre mon spectacle Amour et l’univers du cirque, on a réussi à transformer tout le plateau ».
Si aujourd’hui ces deux artistes sont des comédiens confirmés, pour Clément Lefebvre qui s’est tout juste lancé dans le stand-up en mai dernier, le Montreux Comedy Festival est clairement une référence : « j’ai découvert la moitié des humoristes que je connais grâce à la chaîne YouTube du festival. Il y a la crème du milieu. Pour moi, c’est un peu le Festival de Cannes version humour, car tu arrives là-bas et tu es avec les meilleurs. Ce sont des gens rodés et bien installés dans le milieu qui ont leur passage ».
En dehors de cette semaine annuelle organisée quasiment à la même période, le festival continue de vivre le reste de l’année à travers les réseaux sociaux. C’est le cas du podcast Montreux Comedy qui se retrouve à la quatrième place du podcast le plus écouté cette année, rapporte la dernière campagne Wrapped de Spotify. « Notre force c’est notre communauté, au total elle représente près de 5 millions de personnes. Elle est extraordinaire, car elle adore le stand-up et on présente des gens qu’ils aiment », explique le fondateur. L’ambiance conviviale et de partage instauré depuis sa création continue de perpétuer et s’exporte à travers d’autres villes en France, à Lille, Cannes, mais aussi à l’étranger, puisque le festival est présent dans neuf pays francophones. La prochaine étape pour Grégoire Furrer est claire : « Mon rêve d’ici 2026 est d’avoir douze festivals iconiques sous la forme de Montreux ».
