Au début du siècle dernier, on venait au Grand Palais pour voir la société de demain, celle des aspirateurs, des fers à repasser et autres robots ménagers. Du 4 au 10 décembre 2015, 50 000 visiteurs viendront voir la «société post-carbone», faite de produits basse consommation et de services respectueux de l’environnement. C’est en tout cas l’ambition des organisateurs de l’exposition «L’Expérience Climat» de Solutions COP 21, un événement imaginé par trois professionnels engagés.
Gilles Berhault est le président du Comité 21, réseau d’acteurs travaillant à la mise en œuvre opérationnelle du développement durable. Sylvianne Villaudière est la directrice du cabinet Alliantis, spécialiste en stratégie de communication en réseau. Déléguée du collège des directeurs du développement durable, elle est au fait de ce type de grand-messe: en 2012, elle a coordonné le pavillon France de la conférence de l’ONU sur le développement durable Rio+20 au Brésil. Enfin, Benoît Désveaux est le directeur d’Hopscotch, groupe indépendant leader en communication événementielle.
Enjeu de taille
Administrateur de l’Association communication et information pour le développement durable créée par Gilles Berhault, Benoît Désveaux ne pouvait rester les bras croisés alors que Paris s’apprête à accueillir la COP 21. La conférence mondiale sur le climat est un événement de haute volée qui réunira, du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, pas moins de 195 chefs d’État sous l’égide de l’ONU. L’enjeu est de taille: trouver un accord limitant le réchauffement climatique à deux degrés.
Ainsi, deux ans avant sa tenue, quand la France a été pressentie comme pays organisateur, Benoît Desvaux s’est tout de suite positionné: «En 2013, j’ai fait un chèque pour réserver le Grand Palais dans l’idée d’organiser un gigantesque “side event” dans un lieu hautement symbolique», explique le commissaire général de Solutions COP 21, dont Le Public Système, agence du groupe Hopscotch, assure la communication, la logistique et le contenu de la manifestation.
Risqué? «Dès cette époque, nous avons senti qu’il y avait une évolution de la prise de conscience de l’opinion publique sur le climat. Et l’opportunité de fédérer des organisations qui, traditionnellement lors de ces évènements, prennent la parole seules dans des halls d’hôtel répartis dans toute la ville d’accueil, ce qui forcément dilue la portée et l’impact des messages», explique Benoît Désveaux. L’opportunité était grande, également, côté entreprises. «Nombre d’entre elles avaient envie de profiter d’une COP pour mettre en avant leurs innovations auprès d’un large public sans savoir comment s’y prendre», ajoute-t-il.
Reste que l’ambition des organisateurs –fédérer l’ensemble des parties prenantes de la société civile pour mieux valoriser les solutions pour le climat– n’était pas une mince affaire. «Nous souhaitons montrer que la société est en marche, qu’elle n’attend pas que les pays prennent une décision politique pour agir», explique Gilles Berhault, qui a fédéré une centaine de réseaux et d’acteurs réunis au sein d’un Club France pour le développement durable. Parmi eux, des entreprises (Carrefour, Ikea, Coca-Cola, GDF Suez…), des organismes publics (Ademe, Agence française de développement, Conseil régional des Pays de la Loire…) ou des fondations (Good Planet, Nicolas Hulot, France Nature environnement…).
Place au concret
«Il a fallu rassembler des acteurs de milieux radicalement différents, allant de Veolia à WWF France, mais il n’y a pas eu de clash, parce qu’on a pris le temps de mettre les choses au point progressivement depuis 2013 », assure Sylvianne Villaudière, en charge de la coordination des participants. Au fur et à mesure de réunions mensuelles, des thèmes, des contenus et des discours communs ont émergé. «Nous avons défini avec les participants des thématiques pour l’exposition et un site internet, en privilégiant ceux qui répondent à des besoins concrets des citoyens.» Ainsi, le «hub des solutions» présente en ligne des innovations pour se loger, s’alimenter ou encore se divertir quand l’espace d’exposition sera découpé en quatre pôles: habitat, numérique, mobilité et consommation.
Enfin, la communication événementielle semble particulièrement adaptée à la COP 21. «Les enjeux du dérèglement climatique et les solutions sont complexes: on ne peut pas tout comprendre par la simple lecture d’un article ou en regardant un film, il faut pouvoir s’informer, expliquer, échanger, partager. Or c’est ce que permet justement l’événementiel.» L’exposition au Grand Palais se veut donc «un espace ouvert favorisant l’interaction entre les porteurs de solutions et le public.» Les exposants ont reçu des consignes. Pas question d’afficher leur charte RSE. Il faut du concret: des solutions déjà appliquées sur le terrain expliquées par les personnes qui les ont mises au point.
Animations et conseils
Climate-KIC, qui fait le lien entre la recherche et la commercialisation de produits innovants pour le climat, montrera par exemple les radiateurs-calculateurs de la start-up Qarnot. «Ils permettent de redistribuer la chaleur produite par de puissants ordinateurs vers des appareils de chauffage», explique le directeur de Climate-KIC France Thanh-Tâm Lê. La fondation Good Planet proposera des animations contre le gaspillage alimentaire avec des chefs qui montreront que «la solution est dans l’assiette»; les consultants de Green Flex donneront des conseils pour écrire une liste «green» au Père Noël.
«Nous voulons montrer que le monde qui se projette est attractif: on parlera innovation, économie collaborative, économie de la fonctionnalité… toutes ces grandes tendances qui sont en train de s’accélérer et de changer nos modes de vie», ajoute Benoît Désveaux. L’événement lui-même veut minimiser ses impacts environnementaux avec des dalles de moquettes louées et réutilisables, un éclairage basse consommation ou encore un traiteur qui respecte les dix principes du pacte alimentaire de l’ONU.
Le travail du Public Système s’étend bien au-delà des portes du Grand Palais. Des rencontres-débats et des points presse sont organisés d’ores et déjà partout en France, la plateforme internet www.plateformesolutionsclimat.org est en ligne depuis janvier dernier et un Pavillon Solutions COP 21 sera présent sur le site du Bourget, à deux pas de la conférence officielle.
