Innovation
Billetterie en ligne, networking, émotions, mesure d’impact… de nombreuses start-up réinventent les événements pour les rendre plus digitaux, plus interactifs ou plus simples à organiser. Portrait de cinq d’entre elles.

Magency, 
la magie de l’interactivité

En France, le marché des event app, ces applications consacrées aux événements regroupant toutes les fonctionnalités pour faciliter la vie des visiteurs –plans, programmes, votes, micro…– compte de nombreux représentants, dont My Qaa, Beekast, Wisembly ou Wonder App. Magency, créée en novembre 2011, a su tirer son épingle du jeu, puisqu’elle compte déjà 70 salariés, des bureaux à Paris, New York et Tokyo, et a réalisé 4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, après 2,4 millions d’euros en 2013. En avril, elle a même levé 3 millions d’euros pour accélérer son développement à l’international et sa R & D.

Le succès de l’application Magency tient à son positionnement original : son fondateur Vincent Bruneau est un magicien professionnel. «Nous adaptons nos tours aux nouvelles technologies –vidéo, Ibeacons, impression 3D, digital wall…– pour maximiser l’engagement et l’interaction des participants», explique le trentenaire. Par exemple en faisant sortir des tablettes et des murs d’écrans les nouveaux produits lancés par les marques qui font appel à Magency. Pendant sa conférence TED, Vincent Bruneau a disparu derrière un mur d’écrans pour réapparaître l’instant d’après dans le public. L’alchimie a déjà fonctionné chez 200 clients –dont une vingtaine du CAC 40–, à l’instar de Nissan: au printemps 2014, le constructeur automobile a réuni 5 000 concessionnaires pour la présentation de ses nouveaux modèles  X-Trail, Juke et Pulsar. Pour mesurer le niveau de formation nécessaire à chaque vendeur, chacun était équipé d’une tablette où il faisait part de ses besoins au fur et à mesure qu’il découvrait les voitures.

 

Speecheo, l’avenir du Powerpoint

En octobre 2014, les frenchies de Speecheo ont fêté leur premier anniversaire en remportant le concours de start-up de l’Imex Las Vegas, le plus grand rendez-vous pour les pros de l’événement. «C’était une grande surprise, car nous n’étions pas favoris face à des sociétés américaines en vogue», se souvient Morgan Rosemberg, l’un des cofondateurs. Ce qui a fait la différence? L’originalité de leur application de présentation. Conçue pour favoriser l’apprentissage, elle permet aux auditeurs qui s’y connectent au cours d’une conférence de prendre leurs notes directement sur la présentation transmise par l’intervenant, et de lui indiquer en temps réel, d’un clic, s’ils veulent des précisions sur un contenu en particulier.

Speecheo s’avère aussi très utile pour les organisateurs, puisqu’ils peuvent analyser ce que les participants lisent, notent, marquent et partagent sur les réseaux sociaux pour en tirer de précieux outils de reporting et un moyen de poursuivre la discussion a posteriori. Les trois cofondateurs, qui se sont rencontrés lors d’un hackathon en novembre 2012, ont intégré l’accélérateur Microsoft Venture à l’automne 2013, puis celui du Lisbon Challenge, au Portugal, au printemps 2014. Ils sont hébergés par le Welcom City Lab, l’incubateur de la ville de Paris consacré au tourisme d’affaires. L’application, testée sur plusieurs événements tech dont Agile Tour, Mash Up et Scrum Day, sera lancée en version publique au second semestre 2015.

 

IK Com, les grandes oreilles de l’événementiel

Depuis fin 2013, IK Com, qui a notamment travaillé pour le ministère de l’Intérieur, applique à l’événementiel des techniques traditionnellement employées dans le renseignement. À l’aide de son logiciel d’analyse de données sur les réseaux sociaux, nommé Xink, la start-up toulousaine aide par exemple les organisateurs à identifier sur Linked in, Facebook ou Twitter des leaders d’opinion, potentiels exposants, intervenants ou visiteurs que ses community managers et commerciaux démarcheront. Pendant les événements, l’analyse des conversations sur Twitter permet de connaître le ressenti des visiteurs, ou d’être rapidement prévenu en cas d’incidents. Frédéric Comella, son fondateur, a eu l’idée de créer IK Com au retour d’un stage à Singapour, dans une PME où il a travaillé pour le service de renseignement du pays. La jeune pousse compte aujourd’hui huit salariés, dont des data scientists et des spécialistes de l’analyse sémantique. Elle déploie ses grandes oreilles pour une douzaine d’acteurs de l’événementiel –60 % de son activité aujourd’hui–, dont GL Events et ICS Toulouse, consacré à l’innovation.

 

Weezevent, la révolution de la billetterie

Lorsque les Dijonnais Pierre-Henri Deballon et Sébastien Tonglet se sont lancés dans l’événementiel en 2008 en organisant le Vélotour, une randonnée cycliste à travers la préfecture de la Côte-d’Or, ils n’imaginaient pas encore que la balade les mènerait à la tête d’une des plus belles start-up de la French Tech. Car c’est d’abord pour leurs propres besoins qu’ils ont créé Weezevent, un logiciel de billetterie et d’inscription en ligne à destination des organisateurs d’événements. «Nous ne trouvions pas sur le marché de solutions satisfaisantes. Tout était trop compliqué et trop cher», se souvient Pierre-Henri Deballon.

La suite est une success story: en 2010, la start-up remporte le Grand Prix de l’Innovation de la Ville de Paris dans la catégorie numérique ; en 2012, elle lève 1 million d’euros; en 2014, forte de ses 43 202 % de croissance en cinq ans, Deloitte la place en tête du classement européen des entreprises technologiques en forte croissance. Depuis sa création, Weezevent a été adopté par plus de 50 000 organisateurs d’événements de toutes tailles pour vendre plus de 15 millions de billets –la plateforme prélève une commission de 2,5 % par ticket vendu, avec un minimum de 99 centimes. La jeune pousse parisienne, qui compte une quarantaine de salariés, a réalisé 42 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2014, et devrait dépasser les 70 millions d’euros cette année. La suite? Le développement international –un bureau déjà ouvert à Montréal, une ouverture prévue en Espagne– grâce notamment au soutien de Vente privée qui vient d’entrer au capital. Aux États-Unis, Weezevent devra faire face à Eventbrite, son principal concurrent: la start-up de San Francisco est valorisée à 1 milliard de dollars.

 

Topi, le Tinder de l’événement

Le «Tinder de l’événement», voici comment David Aubespin présente la start-up qu’il a lancée à New York avec Eric Sellin en 2012. En pratique, l’application de networking permet à son possesseur, qui se géolocalise sur un salon ou un congrès, de voir les personnes présentes les plus intéressantes pour lui, selon un algorithme qui prend en compte de multiples données comme sa profession, sa nationalité, son historique de consultation… «Je me rendais à de nombreux événements professionnels, et à chaque fois j’étais confronté à la difficulté de rencontrer des gens vraiment intéressants», explique le Niçois parti aux États-Unis en 1999 pour un stage de six mois chez IBM, et qui n’a depuis plus quitté la Grosse Pomme.

Topi, qui a déjà été adoptée par 400 grands événements autour du monde, dont Social Media Week, Mobile Week et DLD (Digital-Life-Design) compte près de 100 000 utilisateurs. Elle a déjà levé 300 000 dollars en 2012 et devrait annoncer à la rentrée une nouvelle opération comptant plusieurs millions de dollars. L’entreprise a aussi reçu plusieurs récompenses, dont le Prix du Jury de l’Eventex Awards 2014. La start-up canadienne E-180 est sur le même créneau: elle connecte via une application des personnes qui ont des intérêts communs pour partager des connaissances. Depuis 2012, elle a exercé dans une dizaine d’événements, dont le C2 à Montréal. Pour le networking, il y a aussi les applications de carte de visite dématérialisées, comme celles des français Swapcard et Buzcard.

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