Audiovisuel
L'UHD, le nouveau standard de télévision, est déjà disponible, mais le renouvellement du parc sera plus long qu’avec la haute-définition. Les constructeurs attendent des chaînes dans cette norme. Les diffuseurs, eux, ne sont pas pressés.

La Coupe du monde 2014 de football, dont le coup d'envoi a été donné jeudi 12 juin au Brésil, sera celle de l'ultra haute-définition (UHD), mais personne ne pourra regarder l'ensemble des matchs dans ce nouveau standard, car la Fédération internationale de football association (Fifa), associée à Sony, n'a prévu la production en UHD que de trois rencontres, dont la finale dimanche 13 juillet. Comme aucune chaîne UHD n'existe, les images seront uniquement disponibles en différé, en téléchargement sur les services de télévision de rattrapage des chaînes. Ce sera le cas pour TF1.

Pour autant, l'ultra haute-définition est la prochaine révolution de l'audiovisuel. Deux fois plus détaillé que la haute-définition (HD) actuelle, elle offre aux téléspectateurs une immersion totale dans le programme. Adopté par le cinéma, ce standard (baptisé UHD ou aussi 4K), propose une plage de 3 840 pixels en largeur sur 2 160 pixels en hauteur, avec un nombre d'images par seconde passant à 50, contre 25 pour la HD. Le format est adapté aux téléviseurs de grande taille, au-delà de 46 pouces de diagonale.

Arrivés dans les magasins en novembre 2013, les téléviseurs ultra-HD sont les vedettes des ventes aujourd'hui (lire entretien). C'est un véritable argument de vente dans un marché en chute libre. Après le pic de 9 millions d'unités vendues en 2011, l'institut GFK estime qu'il s'écoulera 5,3 millions de téléviseurs en 2014, dont quelque 100 000 en UHD.

Pour l'heure, ces téléviseurs haut de gamme reste difficilement accessibles, leur prix moyen oscillant autour de 3 000 euros pour un grand écran. Mais le standard va se généraliser grâce à la baisse des prix. Lors d'un colloque organisé par NPA Conseil, en mars 2014, les professionnels du Simavelec, le syndicat des constructeurs, s'accordaient sur une échéance de 2016 ou 2017. A cette date, l'UHD devrait être le standard dominant.

Un signal mieux encodé et compressé

En attendant, il faudra que toute la chaîne de production s'adapte. Sony en saisi d'ores et déjà l'opportunité. Durant le Mondial, le géant japonais de l'électronique entend montrer aux chaînes qu'il est prêt en produisant trois matchs en UHD dans le célèbre stade du Maracana de Rio. «La recherche de la meilleure qualité de l'image est inscrite dans l'ADN de la marque, affirme Stéphane Curtelin, chef de groupe TV Home Entertainment chez Sony France. L'objectif est de montrer notre savoir-faire.» Fabricant de matériels, caméras, moniteurs, studios de production et de post-production ainsi que producteur de contenus grâce à Sony Pictures, l'entreprise gère une grande partie de la chaîne de production audiovisuelle. Seule la diffusion lui échappe. Outre les téléviseurs, la marque commercialise déjà des caméscopes, des appareils photos grand public et même des smartphone dans la nouvelle norme UHD.

Mais sur le terrain de la nouveauté technologique, la Coupe du monde de football a été devancée par les Internationaux de tennis. En effet, fin mai, le tournoi de Roland-Garros a été le premier événement sportif bénéficiant d'une captation en UHD et d'une diffusion hertzienne. Car sur l'émetteur de la tour Eiffel, un canal expérimental, le 26, est ouvert jusqu'en janvier 2015. Il est exploité par TDF. «Nous démontrons que cette diffusion n'est pas aussi complexe que la HD, confie Alain Komly, directeur délégué de TDF. L'UHD offre un potentiel à la TNT, concurrencée par d'autres modes de diffusion, comme la fibre optique, afin qu'elle conserve sa place.» TDF insiste aussi sur le fait que le spectre utilisé pour transporter un signal UHD sera, au final, du même ordre qu'un flux en HD.

L'amélioration des techniques d'encodage (HEVC, soit High Efficiency Video Coding, le successeur du MPEG-4 AVC) et la compression du signal de diffusion (DVB-T2), permettrait, dans deux ou trois ans, de transporter en hertzien trois chaînes UHD dans un seul multiplexe, soit autant que de chaînes en HD aujourd'hui. «Les coûts de diffusion, environ 10 millions d'euros pour une chaîne nationale, resteraient équivalents», assure Alain Komly. «L'accès à des contenus UHD en replay, c'est bien. Mais l'essentiel, ce serait d'avoir rapidement une chaîne en UHD, c'est véritablement l'enjeu», affirme Benoît Jaubert, directeur commercial de Darty.

Un avenir en ligne… pour le moment

Si les vendeurs de téléviseurs voient leur intérêt avec une chaîne en ultra-haute définition, l'écho n'est pas le même chez les diffuseurs. «Internet est, pour l'instant, la meilleure solution pour introduire nos programmes en UHD, répond Olivier Abecassis, directeur général d'E-TF1. On débute de manière tactique, et nous ne voyons pas la nécessité d'une fréquence hertzienne, car il faudrait qu'elle génère des revenus supplémentaires.» Pas d'investissement, donc. TF1 proposera la finale de la Coupe du monde de football sur sa plate-forme My TF1. Mais ce ne sera pas le seul programme en UHD, car plusieurs séries américaines, telle Mentalist, sont déjà disponibles dans ce format. C'est également le cas d'House of Cards porté par Netflix. C'est donc en ligne que se jouera le développement et l'avenir de l'UHD. Les sites de vidéo à la demande (VOD) devraient en faire un argument commercial auprès d'une cible friande d'images toujours plus belles… comme le but, qui, dimanche 13 juillet, offrira la victoire à la Coupe du monde au Brésil.

 

Entretien

«On attend les contenus !»

Directeur commercial de Darty, Benoît Jaubert estime que les téléviseurs UHD sont un véritable argument de vente.

 

L'ultra haute-définition peut-il dynamiser les ventes?

Benoît Jaubert. Les clients privilégient les téléviseurs plus grands et la qualité de l'image. L'UHD peut être un élément déterminant dans leur choix. Une Coupe du monde de football est l'événement qui a le plus d'influence sur le comportement d'achat de produits hight-tech, notamment les téléviseurs.

Sommes-nous au début d'un cycle de renouvellement du parc?

B.J. Oui, mais ce cycle sera un plus long que les précédents. Les volumes seront inférieurs à ceux de 2006 et 2010, et ce sera plus progressif car les gens attendent des contenus en UHD. Pour le moment, il y a seulement des tests.

Quels sont les arguments de vente dans un contexte où la technologie progresse toujours?

B.J. On sort d'une période où les foyers sont passés du cathodique à l'écran plat, entraînant un gain d'espace et de qualité d'image, fort apprécié des consommateurs. Puis sont arrivés respectivement la HD et la 3D, cette dernière n'étant pas adaptée à tous les programmes. L'ultra haute-définition est une nouvelle étape, symbolisée par l'arrivée des écrans courbes. L'autre argument important concerne la connexion de ces téléviseurs à Internet.

Entretien: B.F.

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