Nicolas Stoufflet, la voix itinérante

C’est un bon candidat. Nicolas Stoufflet décroche avec chaleur au téléphone et se prête avec sincérité à l’exercice du portrait. Celui qui fête son 60e anniversaire ce 25 février 2021 anime depuis treize ans le mythique Jeu des 1000 euros sur France Inter. Le jeu radiophonique, en francs à sa création en 1958, diffusé du lundi au vendredi à 12h45, a battu son record avec 1,7 million d’auditeurs pour la période d’octobre-novembre 2020, selon Médiamétrie. Si le confinement tient un rôle dans ce succès, l’énergie solaire de son animateur y est pour beaucoup.

Originaire de Clermont-Ferrand, Nicolas Stoufflet vit son travail avec passion. Pour en arriver là, il a dû dévier de la trajectoire familiale, ses parents juristes désirant voir le deuxième de leurs trois fils passer le barreau après sa maîtrise de droit. Mais le doux rêveur de 22 ans veut devenir animateur radio, après une adolescence à écouter le transistor. Un métier de « saltimbanque », pour son père. Contre son avis, Nicolas Stoufflet passe l’audition de Radio France Puy-de-Dôme. Banco : il a une voix « dynamique », du matin. Il s’embarque pour de longues années de matinales, des 6/7 et des 5/7. À la fin des années 80, il met le cap sur Paris avec l’idée de trouver un « autre rythme biologique ».

Gratitude

L’opportunité se présente en 2008 lorsque Louis Bozon, animateur du Jeu des 1000 euros, part à la retraite. Alors âgé de 47 ans, Nicolas Stoufflet tente sa chance auprès de son directeur d’antenne Frédéric Schlesinger. « J’ai eu droit à une passation de pouvoir magnifique », dit-il. Après le trac d’un été, la peur de l’animateur s’efface quand il prend le micro : « L’alchimie avec le public est immédiate ».

Nicolas Stoufflet part à la rencontre des fidèles du jeu une semaine sur trois. En six jours, il visite six communes, prend des notes pour les présenter aux auditeurs, déjeune quelques fois avec les maires, puis enchaîne avec un enregistrement marathon tous les soirs qui se conclut parfois par « un verre de l’amitié ». Il rentre le samedi à Paris avec 15 émissions d’un quart d’heure dans la boîte et des cadeaux comme un bâton de marche, une spécialité locale ou une bouteille de vin. À Paris, il se consacre à la préparation du jeu, aidé du réalisateur Yann Pailleret et de la coordinatrice Emmanuelle Chupin. Lui se charge de sélectionner les questions proposées par les auditeurs.

Ailurophile

La Covid a changé ses habitudes de travail. Désormais les émissions sont enregistrées en studio, à la Maison de la Radio, sans public, avec des candidats au téléphone. S’il a hâte de reprendre la route, Nicolas Stoufflet avoue tout de même savourer la vie domestique avec sa femme, dans leur maison à Rueil-Malmaison. Parents de deux grandes filles, ils vivent entourés de leurs chats, Prince et Kochka, qui lui rappellent l'ambiance d'une maison en Saône-et-Loire d'une grand-mère aimée. Celui qui se dit « ailurophile » [personne qui aime les chats] a d’ailleurs profité de la période pour lancer son podcast sur SoundCloud, intitulé avec malice «le podCat», qui donne à entendre des passionnés de félins, à l’instar de l’actrice Anny Duperey. Avec ce programme audio, l'animateur, qui aime les situations apaisées, fait le vœu d’« un ronronnement collectif ».