Décryptage

Sur le circuit Bugatti du Mans, 22 créateurs de contenus se sont opposés dans une course de Formule 4, début octobre. Derrière ce projet pharaonique, le streamer Squeezie. Un événement retransmis sur Twitch qui a marqué les esprits tant pour sa singularité que la perte de son identité digitale.

- Record d'audience

Un million, c’est le nombre de personnes rassemblées samedi 8 octobre sur la chaîne Twitch de Squeezie pour suivre le live du Grand Prix Explorer. Record d’audience pour la France et huitième score dans le monde. De quoi s'agissait-il exactement ? D'une course de Formule 4, sur le circuit Bugatti des 24 Heures du Mans. Vingt-deux créateurs de contenus, célébrités de YouTube et de Twitch, se sont réunis sous la houlette de onze écuries sponsorisées. Exit les traditionnels PokerStars et Tag Heuer, place à des signatures numériques comme Fruitz ou NordVPN. Le GP Explorer a été produit par l'agence Bump, mais plusieurs sociétés ont réalisé la captation et la retransmission en live. Budget total : 3 millions d’euros, selon Squeezie - moyens comparables à un Grand Prix de Formule 1. Si tout le monde s’accorde à dire que l’émission a été un succès, quelques experts notent la ressemblance avec les formats télé.

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- Même feuille de route qu'en télévision

« En somme, le record du Twitch français, c’est une émission que regardait mon grand-père tous les dimanches ? ». Cette pique envoyée sur Twitter souligne la similitude entre le GP Explorer et le Grand Prix de Formule 1 de Canal+ : même feuille de route avec des essais, des qualifications et une course, ainsi qu'un live organisé avec un parterre d’invités du monde digital, et non du sport. Mais le youtubeur Le Joueur Du Grenier résume : « En tant qu’influenceur, je vais vous dire : "ouah, c’est génial, pour internet, c’est trop bien". Mais mon avis personnel, c’est que c’est une émission de télé. On a remplacé Ferrari et Mercedes par NordVPN et TikTok, et Leclerc et Verstappen, par Amixem et Squeezie ». Le GP Explorer a surfé sur la vague d’un sport qui a connu un renouveau pendant le confinement, surtout auprès des jeunes, conquis par la série Netflix Formula 1. « Contrairement aux médias de masse, le digital permet aux internautes de visionner ce qu’ils souhaitent, quand ils le souhaitent. En a découlé une création de programmes éclectiques. Twitch a commencé par du gaming mais s’ouvre désormais à d’autres sujets. Avec des audiences en hausse, les créateurs ont la même réflexion qu’en télé. D’où des sujets plus mainstream, au risque de devenir un centre de divertissement transgénérationnel », commente Thibault Ferrari, directeur de l’agence Break Club. Et au point de perdre son identité…

- Sans interaction

Pendant 11 heures, l’animateur Doigby a su tenir d’une main de maître le live du Grand Prix, mais sans interagir avec les internautes. « Ce qui fait la fraîcheur et la différence de Twitch, c’est l’interaction avec le public, avec le chat », appuie le directeur de l’agence Break Club. Pendant l’émission, les commentaires défilaient, sans réponse. À noter également la perte de multicanalité de la retransmission de la course, uniquement visible sur la chaîne de Squeezie. « Tous les twitcheurs étaient sur la même chaîne. Mais pour le ZEvent, par exemple, chaque streamer garde sa propre chaîne et entretient une interaction avec sa communauté », ajoute Thibault Ferrari. Ici, les twitcheurs, vissés dans leurs voitures, ont brillé par leur absence… Des modalités de formats qui pourront être rectifiées, si deuxième édition du GP Explorer il y a.

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