ADTECH

Carton plein pour le Forum de l’Alliance Digitale, premier du nom, depuis la fusion de la Marketing Mobile Association et de l’IAB France. Toute la journée, l’organisation représentative a enchaîné les sujets de fond. Bilan : tout le monde doit se mettre au travail.

Le monde de l’ad tech français s’est retrouvé le 1er décembre, toute la journée, dans le 8e arrondissement de Paris. Pour cette première fois sous les couleurs de l’Alliance Digitale, le secteur a répondu présent, avec une jauge toujours au maximum (450 personnes) toute la journée et près de 800 personnes au total. C’est que les sujets étaient nombreux, tant du point de vue technique que stratégique. S’il faut retenir une chose, c’est que le secteur ne va pas chômer dans les prochains mois. Entre la fin des cookies tiers, attendue courant 2024, les sujets de régulation européens, les changements culturels dans les entreprises et les affaires courantes – dans un contexte d’inflation plus qu’incertain, le monde de la publicité en ligne doit améliorer ses techniques actuelles dans un contexte numérique en totale reconstruction. Sacré défi. Améliorer les critères d’attention, par exemple, avec des outils de mesures pourtant inexorablement voués à la réinvention.

Bonne surprise

Le Ministre délégué à la transition numérique, Jean-Noël Barrot, a fait le déplacement en fin de journée avec un discours de clôture mesuré, censé rassurer la profession sur le fait qu’elle ne fait pas partie des oubliées du gouvernement. Notamment face à la prochaine transposition des Digital Service Act et Digital Market Act dans le droit français. « Nous veillerons à ne pas venir fragiliser les acteurs français européens, tout en continuant à soutenir les acteurs émergents sur les marchés numériques », a-t-il insisté. Soulignant la bonne surprise de voir « que l’écosystème des start-up européen résiste bien à la crise en cours depuis six mois, mieux que les start-up américaines. » Certains relativiseront cette bonne nouvelle arguant que les Etats-Unis ont toujours six mois d’avance… Toujours est-il que c’est dans cette incertitude de crise que la pub digitale doit naviguer pour les 12 prochains mois. Et ils seront bien remplis.

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Assurément 2023 sera l’année de tous les chantiers. Les cookies tiers disparaîtront en 2024, et les solutions pérennes et efficaces n’existent pas encore totalement. Alors il va falloir s’y mettre… Le Digital Service Act, lui aussi, avec son article 26 (anciennement 24) qui contraint les acteurs de la pub en ligne à rendre accessible nombre d’informations sur les publicités, rentera en vigueur en 2024. Et les autorités, qu’elles soient l’Arcom ou la Cnil, veilleront de près à son application, de concert avec toutes les autres : autorité de la concurrence, direction générale des entreprises, commission européenne… Les modalités d’attribution restent encore à définir.

Gare aux applis

En outre, dans son discours, la présidente de la Cnil, Marie-Laure Denis, a été claire : le gendarme du web va clairement faire le ménage dans les pratiques des applications mobiles. Après avoir nettoyé le desktop, le gendarme français du web va se pencher sur le monde des applications. Elle s’est déjà concertée avec les acteurs, et en est à l’étape de clarification de sa doctrine, avant de publier des bonnes pratiques, puis, de commencer à sanctionner… « L’économie numérique doit se développer dans un cadre de confiance, notamment à propos de la vie privée », a-t-elle revendiqué. Une sécurité qui touche aussi au niveau international, avec la question de l’accord de transfert transatlantique des données, qui devrait être clarifiée dans les prochains mois. Même si le processus prend trop de temps, selon Romain Robert, Program Director chez Noyb (None Of Your Business), qui estime « si l’on apprend en marchant, on marche depuis trop longtemps. »

Inclusion

Le Forum n’a pas laissé de côté les sujets plus sociétaux, comme l’inclusivité, soulignant les efforts à faire, notamment pour l’emploi des personnes handicapées, ou sur l’accès à l’emploi des personnes moins diplômées. Car si les déclarations d’intention sont nombreuses, les faits tardent souvent à se montrer. Mais aussi le sujet de la décarbonation du secteur. L’Alliance Digitale, par la voix de son président, Arthur Millet, a ainsi annoncé prochainement sortir un guide des bonnes pratiques simples, sortes d’écogestes de la pub en ligne, afin de décarboner l’industrie. Même si Gauthier Picquet, interrogé sur le fait de savoir si les calculettes carbone seront l’outil de média planning d’avenir, rappelle que le business ne doit pas non plus être occulté de la réflexion, et qu’il faut bien « trouver de quoi faire bouillir la marmite ». L’harmonisation des calculs d’impact carbone de la publicité en ligne, devrait, elle aussi, arriver dans les prochains mois.

Considérée comme un large succès par beaucoup des participants, cette journée aura montré que la publicité numérique compte désormais comme un secteur à part entière, dans l’économie, touchant à des sujets aussi bien politiques, économiques, techniques ou sociétaux, et que devant tous les défis qui lui font face, elle n’était pas prête à baisser les bras.

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