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Les dark stores, points de ravitaillement des marques de « quick commerce », seront désormais juridiquement des entrepôts. L’aboutissement de près d’un an d’âpres discussions.

Tout le monde aura fini par s’entendre. Les « dark stores » ont enfin leur statut juridique. Dans une bataille sans merci de part de marché, les Getir, Flink, Gorillas et consorts, spécialistes de la livraison de courses rapide, ont ouvert bon train des points de ravitaillement, là où ils le désiraient, se considérant chacun comme des magasins. Dès décembre 2021, Emmanuel Grégoire, adjoint au maire de Paris, s’inquiète de la prolifération de ces commerces hybrides, dans une tribune publiée dans Le JDD. « Pour nous, depuis le début, ces dark stores sont des entrepôts logistiques, pas des magasins. Ils doivent donc respecter le plan local d’urbanisme et ainsi demander aux mairies une autorisation avant de s’installer », indique-t-on à la Mairie de Paris. Ce qu’ils n’ont jamais fait. Les riverains protestent, témoins des ballets de livreurs. Et surtout, ce marché symbolise la course au tout-rapide, mal vue de certains électeurs. Mais les start-up affirment posséder un point de retrait pour les clients, ce qui les amène à se considérer comme des commerces. Mais « ces dark stores, avec pignon sur rue, prennent parfois de la surface commerciale pour des petits commerces, des coiffeurs, des artisans... », déplore la Mairie de Paris. 

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Au fil des mois, la discussion enfle, avec près de 100 dark stores dans Paris intramuros dès janvier 2022. « C'était le cœur des débats lors des Assises du commerce. Il fallait faire évoluer la loi. On ne peut pas interdire ou autoriser ce qu'elle ne nomme pas », indique-t-on au gouvernement. À sa charge donc, après concertation, de proposer un texte, permettant ensuite aux maires de pouvoir décider. Mais en pleine année électorale, entre la présidentielle et les législatives, il y a des ratés, soit dans le planning, soit dans le suivi des dossiers. Untel n’est pas venu à une réunion de concertation, untel a pris une décision sans demander l’avis des autres... 

Mi-août, alors que le gouvernement fait une proposition de texte pour avancer, la polémique explose. La Mairie de Paris dit voir dans ce décret une autorisation de fait et sans concertation - au cœur de l’été - des dark stores. « Ce qui n’a jamais été notre intention, se défend le gouvernement. Nous avons toujours eu à cœur que les maires aient le dernier mot. Nous ne voulions pas légaliser, mais nommer. Pour que chacun puisse ensuite décider des zones pour ses administrés. » Récupération ou non, mauvais timing ou non, une grande réunion a eu lieu le 6 septembre, permettant à tout le monde de se mettre d’accord : les dark stores seront des entrepôts comme les autres. « Nous pouvions créer un statut intermédiaire, mais cela aurait ouvert la boîte de Pandore à la complexification du code de l’urbanisme, déjà bien épais avec 21 destinations [statuts différents] », se réjouit-on au gouvernement. Résultat : à Paris, selon les chiffres de mars 2022, 45 dark stores sont désormais hors-la-loi. Considérés comme des entrepôts, ils ne peuvent plus rester où ils se trouvent et devront soit déménager, soit fermer. Voilà qui ne va pas aider un secteur déjà en difficulté, peinant à trouver son modèle.  

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