Dossier Tech
Chacun à leur manière, ces projets, plateformes, applications, services numériques ou start-up réinventent le lien avec les élus, améliorent l’information sur les enjeux sociétaux, favorisent le débat. Tous ont en commun de contribuer à revitaliser la démocratie.

Make.org écoute la voix des citoyens

Participation. Parmi les civic tech, la plateforme de consultations citoyennes Make.org fait figure de modèle. « Avec le covid, l’envie de participer s’est renforcée et deux thèmes historiques se confirment : les circuits courts et l’écologie, observe son fondateur Axel Dauchez, ex-Publicis et Deezer. Le virus a aussi fait émerger un thème autour de la santé et des professionnels en première ligne (soignants, caissières…) et fait monter en puissance la cause des jeunes. » Actuellement, trois consultations en lien avec la problématique de la réinvention du lien avec les citoyens sont en cours, sur l’Europe pour le compte du ministère des Affaires étrangères, sur la laïcité à l’initiative de Marlène Schiappa et sur la relance du tourisme avec Atout France. À chaque fois, l’idée est de trouver des points de consensus. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, Make.org peaufine, avec des médias, un dispositif pour établir les priorités des citoyens et reconnecter les candidats avec eux. Vaste programme.

 

Cap Collectif rénove les réunions publiques

Démocratie. Réaliser un budget participatif, voilà l’une des nombreuses applications de la plateforme Cap Collectif, qui permet aussi aux collectivités locales de consulter les citoyens, organiser une enquête ou mettre sur pied une boîte à idées. « Avant les plateformes digitales, il y avait ce mal du TLM, le "toujours les mêmes" en réunion publique », relève Cyril Lage, cofondateur et dirigeant de cette pionnière du secteur, née en 2014. L’outil permet d’élargir le spectre des personnes interrogées tout en « amenant de l’horizontalité » dans le fonctionnement de la démocratie. Cap Collectif, notamment sollicité en 2020 par l’Institut national du cancer dans le cadre de l’élaboration de sa stratégie de lutte contre cette maladie, achève aujourd’hui la préparation d’un nouveau projet. Baptisé Purpoz, celui-ci consistera à organiser des consultations et votations faisant écho par exemple aux débats en cours au parlement. Pour cela, l'entreprise s’est lancée en mai sur Twitch, où elle entend désormais monter en puissance avec « 8 Twitchs par mois » minimum.

 

Vite Ma Dose facilite la vaccination

Santé. C'est pour aider les Français à trouver un créneau de vaccination contre le covid que le site Vite Ma Dose s'est lancé en avril 2021, porté par Guillaume Rozier. Ce jeune data scientist s'est fait connaître depuis le début de la crise sanitaire pour son outil de suivi de la progression de l’épidémie, CovidTracker. Avec Vite Ma Dose, qui n'a longtemps pas connu d’équivalent du côté de la puissance publique, il entend répondre à un enjeu de santé tout en mettant un coup de projecteur sur la question du partage et de l’exploitation de données. Surtout, l’outil rend accessible tous les rendez-vous recensés sur les différentes plateformes de réservation, comme Doctolib ou KelDoc, en lien avec les centres de vaccination. « Chaque donnée qui est produite par une administration devrait être publiée rapidement, de façon exhaustive, et dans un format accessible par une machine », soulignait auprès de l’AFP Guillaume Rozier. Il vient d’ailleurs d'être fait chevalier de l’ordre national du Mérite pour « services exceptionnels nettement caractérisés ».



Earthency se met au chevet de la planète

Environnement. Lancée en mai 2020, l’application Earthency permet à chacun de signaler une pollution dans l’espace public afin que la commune concernée, prévenue, intervienne. Une boucle vertueuse dont les citoyens sont partie prenante. « Beaucoup de problèmes de santé viennent de notre environnement », entame Catherine Ballard, CEO de la start-up qui porte le service, conçu comme un programme d'action collective de protection des ressources et de la biodiversité. La cheffe d’entreprise a voulu « créer un effet collectif citoyen autour de la protection du bien commun » tout en mettant les entreprises et les collectivités dans la boucle. C’est d’ailleurs sur ces dernières que repose le modèle économique de l’outil, proposé via un abonnement et valorisé comme un instrument de marketing territorial. Leur action est en effet mise en avant à travers une cartographie nationale recensant les bonnes initiatives. Earthency vise 270 communes équipées d’ici à fin 2021.

 

Twitch se mue en terrain de com politique

Politique. La politique a longtemps été un sujet (très) anecdotique sur Twitch, même si Édouard Philippe, alors Premier ministre, s’y était essayé dès 2019 dans le cadre du Grand débat. Mais ces derniers mois, les prises de parole d’hommes politiques se sont multipliées sur l'une des plateformes préférées des moins de 35 ans, à l’image de François Hollande ou de Jean Castex, invités en mars 2021 sur la chaîne du journaliste Samuel Étienne. L’ancien président de la République a attiré plus de 80 000 personnes connectées simultanément. Et malgré l'agacement de certains utilisateurs, qui n'ont aucune envie de voir les politiques arriver sur la plateforme à l’origine dédiée au jeu vidéo, ce nouvel intérêt permet d’ouvrir le débat sur la chose politique auprès d’une cible jeune et d’interagir avec ce public via le chat. Nul doute que la perspective de l’élection présidentielle l'an prochain verra se renforcer ce type d’interventions. 

 

Little Syster note les services numériques

Data. Le web n'est pas réputé pour sa sûreté : ce n'est pas Little Syster qui dira le contraire. Cette start-up, fondée en 2020, a imaginé un score de la protection des données personnelles lancé en bêta privé en janvier 2021. Il s’agit d’une « note » de A à E attribuée à 2 000 services numériques (Signal, Qwant, Ecosia...) en fonction d’une cinquantaine de critères, comme la conformité au RGPD, la fiabilité, la capacité à garantir la sécurité, la localisation des serveurs... « Nous aidons à comprendre ce qui se passe, à connaître les acteurs vertueux, on propose des alternatives », argumente Matthieu Daguenet, son cofondateur et dirigeant, qui, en parallèle, associe les entreprises à la démarche. Le modèle économique est basé sur un abonnement proposé aux sociétés qui souhaiteraient comprendre leur note et s’améliorer. Les scores seront progressivement rendus publics.

 

AlgoTransparency révèle les dessous des algorithmes

Web. Pour mieux décoder les informations disponibles sur les réseaux sociaux, le premier impératif est de savoir comment les algorithmes fonctionnent. L’ambition du projet AlgoTransparency, fondé en 2018, est clair : aider tout un chacun à mieux comprendre ceux de YouTube et des autres plateformes. Fondé par un ancien de Microsoft et Google, également expert en intelligence artificielle, Guillaume Chaslot - interviewé notamment dans le documentaire  Derrière nos écrans de fumée sur Netflix, qui dénonçait les dérives des réseaux comme la polarisation -, AlgoTransparency joue pour cela sur plusieurs terrains. Son action passe par de l’information dans les médias à destination du grand public ou encore des publications rendues accessibles aux régulateurs. Des initiatives qui auraient, selon son site, contribué, avec beaucoup d’autres, à faire bouger YouTube sur la question.

 

Polipart connecte les citoyens aux élus

Communication. Une requête à formuler à un député, une question à poser à un élu ? C’est ce que permet Polipart, via un site qui recense leurs contacts et permet d’envoyer un message à qui de droit. « Sur le site de l’Assemblée nationale, il est compliqué de retrouver son député quand on habite dans une grande ville, car il y en a plusieurs, et une ville sur deux n’a pas de site web », expose Brice Maydieu, à l’origine de ce projet soutenu par une association loi 1901, qui entend répondre à une mission de service public en rendant accessibles l’ensemble des élus tricolores. Plus de 520 000 d'entre eux sont recensés sur le site, qui dit enregistrer actuellement, deux ans après son lancement en 2019, plus d’un millier de requêtes par semaine. Après la mise en relation, le site, qui récupère ses informations auprès des services du Premier ministre et du ministère de l’Intérieur, entend s’améliorer, par exemple en ajoutant les compétences des collectivités.

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