Portrait

Rentrée chargée pour le créateur de BlaBlaCar, Frédéric Mazzella, qui prodigue ses conseils entrepreneuriaux sur BFM Business et se lance dans une nouvelle aventure pour inciter les entreprises à promouvoir des start-up responsables.

Il semble avoir tous les dons. À commencer par celui d’avoir fondé la première licorne française. Sa plateforme de covoiturage BlaBlaCar, créée en 2006, offre une solution de transport servicielle vertueuse : économique, créatrice de lien sociale et endiguant les dépenses énergétiques. Elle emploie aujourd’hui 700 collaborateurs, est utilisée par 100 millions de personnes disséminées dans 22 pays dont 20 millions en France. BFM Business l’a convaincu d’y créer son émission. « Il était souvent venu sur nos plateaux et il s’adapte à tous les sujets : actu, tech, éco en étant un excellent pédagogue », détaille Arnaud de Courcelles, le patron de la chaîne dans les coulisses de l’enregistrement de la première de l’hebdo Les Pionniers chez Fred.

Fred Mazzella y reçoit des entrepreneurs, des artistes, des athlètes ou des explorateurs. Son envie ? « Comprendre pourquoi les gens qui font des choses exceptionnelles y arrivent et quels sont les obstacles qu’ils ont dû surmonter. Je veux montrer tout le travail qu’il y a derrière chaque réussite », lâche celui qui a longtemps bossé 100 heures par semaine.

Dans son émission, il challenge aussi des startupeurs via un speech de 1 minute 30. « Je veux donner des informations ou partager des trucs que l’on ne m’a pas donnés quand je me suis lancé et que j’ai fini par trouver. Mais j’aurais gagné du temps si on me les avait transmises ». Parmi ses credo, savoir prendre de la distance. « On n’est pas ce que l’on fait. C’est extrêmement salvateur de le savoir ». Et ça permet de garder la tête froide. Ce qui est le cas de celui qui « aime se fondre dans la masse ». Sur cette terrasse d’une place grouillante d’étudiants du quartier latin, il a le profil d’un sympathique Monsieur Tout-le-Monde devant son verre de Bordeaux. Le regard perçant en plus.

C’est à quelques mètres que ce fils d’un prof de math et d’une agrégée de lettres a fait ses classes préparatoires. « À 4 ans, je savais déjà compter en base deux », s’amuse-t-il. Son père aimait stimuler ses quatre enfants. La fratrie ne compte que des entrepreneurs dans une lignée jusque-là peuplée d’enseignants. « Nos parents nous ont impulsé une liberté de pensée et d’agir par nous-mêmes. Ça colle bien avec l’entreprenariat ».

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Du lycée Henri IV, il se souvient de sa vie d’interne boursier et de la cantine peu enviable. C’est là qu’il a pris le premier tournant de sa vie. Trois ans plus tôt, il avait quitté La Rochelle pour rejoindre le lycée Racine, en classe à horaire aménagé, pour étudier le piano. Il joue aussi du violon, de la batterie et de la guitare. Mais ne comptez pas sur lui pour fanfaronner : « La musique est une école d’exigence incroyable. C’est 5 % de plaisir et 95 % de rigueur ». Deux chemins s’offrent à lui : poursuivre la musique ou les sciences. « Je me suis dit que je pourrais toujours faire de la musique plus tard mais que les sciences, c’était maintenant ». Il intègre Normale Sup en spécialité physique puis rejoint l’université de Stanford après avoir envoyé 80 CV pour trouver un stage. Il y reste deux ans, comme assistant de recherche à la Nasa.

Parce qu’il ne trouve pas de billets de train pour rejoindre sa famille pour Noël à La Rochelle, il sollicite sa sœur qui s’y rend en voiture. Ainsi naît l’idée de BlaBlaCar. « Je suis content que ça ait marché. Il y aurait eu une faille de logique si cela n’avait pas été le cas. J’ai appuyé sur 1 584 boutons jusqu’à ce que ça marche ». Il partage son expérience dans son livre Mission BlaBlaCar. Et en s’impliquant.

Après avoir lancé « Reviens Léon » devenu « Wonderleon » pour inciter les talents français à rester dans l’Hexagone, il rejoint France Digitale, dont il est coprésident, pour aider les startupeurs européens à émerger et à se développer. Et le voilà maintenant à la tête de « Captain Cause ». Ce programme incite les entreprises à soutenir des projets à impact dans le social, l’environnemental ou la santé. « Nous leur proposons d’offrir des dons à leurs employés, leurs clients ou leurs partenaires en faveur de causes sérieuses et vérifiées. Chacun peut choisir sa cause dans un panel de projets. Au lieu de goodies à Noël, une entreprise peut offrir à ses interlocuteurs un montant à verser à la cause de son choix ». L’avancée de chaque projet fera l’objet d’une pastille mensuelle de 5 à 8 minutes. Cette websérie, baptisée La Mission, sera diffusée sur BFM Business. De quoi faire la fierté de ses parents ? « Ils continuent de m’aiguiller, reconnaît-il. Mon père voudrait que je simplifie internet et ma mère que je reprenne la musique ». Il vient enfin de s’offrir le piano à queue Yamaha dont il rêvait depuis des années…

Parcours

1976. Naissance en Vendée.

1997-1999. Élève à l’École Normale Supérieure, spécialité physique.

1999-2002. Étudie à Stanford.

2006. Rachète Covoiturage.fr, devenu BlaBlaCar en 2013.

2015. Lance Reviens Léon, devenu Wonderleon.

2018. Élu coprésident de France Digitale.

2022. Propose Les Pionniers chez Fred sur BFM Business et lance Captain Cause.

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