L'œil des étudiants

Fondée à Metz, la marque de bijoux This is Mullet se distingue par l’utilisation de matériaux nobles et anciens, surfant sur le marché tendance de l’upcycling. Une volonté de perpétrer un savoir-faire artisanal où se mêlent art, histoire et aspect environnemental.

Parer de bijoux des personnages de séries. Voilà le nouveau rêve d’Axelle Kirch depuis que son activité de bijoux upcyclés – méthode qui consiste à transformer des matériaux usagés en produits de valeur – a débuté dans son atelier lors du premier confinement. Cette Messine de 23 ans à la frange imposante et laissant entrevoir les restes d’une coupe mulet fait partie de celles et ceux qui se sont trouvé une passion pour les métiers manuels, à une période où le temps s’était arrêté et avait laissé libre cours à l’introspection.

Diplômée d’une licence en information et communication, Axelle Kirch s’est longtemps cherchée avant de lancer This is Mullet au printemps 2020. Passionnée par l’art sous toutes ses formes mais aussi par la culture française, son histoire et ses trésors, elle combine sa créativité et sa sensibilité pour concevoir sur-mesure à partir de matériaux anciens et contemporains. L’objectif ? Créer des pièces singulières en donnant un second souffle à des bijoux qui ont traversé les époques. Un savoir-faire artisanal qui s’inscrit dans une démarche éthique.

Semblable à un antiquaire à la recherche de l’objet original, la jeune entrepreneuse parcourt la France et la Belgique en quête de stocks de bijouterie afin de réexploiter « ces petites merveilles qui s’étaient endormies ». Constamment attentive à l’environnement qui l’entoure, source d’inspiration et d’associations, cette joaillière autodidacte s’est bâti un réseau timide mais solide au fil de rencontres imprévues. Un miracle, voire « un coup du destin » qui n’est en réalité que la première étape d’un travail d’orfèvre.

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Car la réalisation d’un bijou est un ouvrage minutieux. Après avoir récupéré ses matériaux favoris comme le plaquer or ou l’argent, Axelle Kirch les lave, les découpe puis les étale sur une immense table. C’est ici que sa créativité entre en jeu et que ses idées fusent : « C’est un peu comme le couturier qui verrait un tissu et qui souhaiterait l’utiliser pour créer une robe. Moi c’est un peu pareil avec les matériaux, je me dis, tiens, avec telle chaîne, on peut partir sur un collier. » Une intuition influencée par son attrait pour la peinture et les ouvrages qu’elle feuillète. Car certaines de ses confections rappellent les formes que l’on retrouve à l’époque de la Renaissance ou s’inspirent de mouvements artistiques plus contemporains. « Le bijou est une œuvre d’art à lui seul », explique-t-elle.

La jeune femme vit aujourd’hui de son activité à travers son site marchand exclusif. Elle tâtonne encore quant au public qu’elle souhaite cibler. Consciente du prix élevé des pièces qu’elle propose – certains colliers avoisinent les 200?euros –, elle justifie l’augmentation récente de ses tarifs par la valeur et le coût d’achat des matériaux utilisés. Un besoin de rentabilité en accord avec les valeurs véhiculées par la marque : une fabrication unique, locale et sur-mesure qui font du bijou un apparat de prestige. La jeune créatrice qui voit son activité se développer a désormais d’autres projets : habiller de bijoux des acteurs de séries ou des mannequins sur papier glacé. ?

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