Dossier Dossier Les consommateurs engagés

Sur le papier, elles apparaissent plus vertueuses, mais nombre de nouvelles façons d’acheter révèlent rapidement leurs contradictions. Des pistes existent pour les résoudre. Un article aussi disponible en version audio.

Vinted or not Vinted ? Ce site d’achat et de vente entre particuliers est devenu le symbole des interrogations qui se font jour en matière de consommation responsable. Vinted a certes contribué à démocratiser la seconde main. Mais la marque ne pousse-t-elle pas à consommer toujours plus ? La question se pose plus largement et concerne aussi le reconditionné où un Back Market fait face aux mêmes critiques. « On peut s’interroger sur le bien-fondé et la sincérité de leur démarche », reconnaît Thomas Saunders, planneur stratégique à DPS. S’il considère Vinted comme « une alternative à la fast fashion », il trouve « aberrant de pouvoir commander des vêtements en Espagne ou au Portugal ». Cela révèle, selon lui, « un problème de cohérence avec un modèle qui se veut vertueux ». Le coût pour l’environnement de la livraison n’est pas seul en cause. Vinted pousserait à la surconsommation de produits neufs car l’acheteur sait qu’il va pouvoir ensuite les revendre.

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Pour Virgile Brodziak, directeur général de Wunderman Thompson, la seconde main « illustre tous les paradoxes de la consommation responsable ». Chaque alternative aux modes de consommation jugés non durables pose question, estime-t-il. C’est vrai dans le domaine de l’alimentaire, avec par exemple les substituts de viande « plus respectueux de l’environnement mais bourrés d’additifs », ou dans celui du packaging avec « un matériau comme le verre, qui bénéficie de l’image la plus propre mais demande une énergie folle pour être réutilisé ». Le dilemme devant lequel se trouve le consommateur renforce son sentiment d’impuissance et son anxiété face à la crise environnementale. Dans ces conditions, « le rôle des marques est d’être transparentes pour que le consommateur fasse un choix éclairé », avance Virgile Brodziak.

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Lionel Gomez, directeur général et directeur du planning stratégique de Wunderman Thompson, veut rester positif. « Le recyclage, la seconde main, toutes ces alternatives montrent la voie », estime-t-il, même s’il reste, selon lui, à trouver une solution pour éviter, notamment, « de mobiliser toute une chaîne de logistique pour livrer un paquet de 200 grammes ». Certains s’attellent à corriger ces travers, comme la start-up lilloise Moom, lancée il y a deux ans avec la volonté d’aller plus loin que Vinted et « d’apporter au consommateur toute la palette de l’économie circulaire », selon sa cofondatrice, Juliette Lasnon. Sur ce « hub de la seconde main », on peut vendre ou acheter des produits mais aussi les donner, trouver des adresses pour les faire réparer ou un point de collecte pour les recycler. La remise en mains propres est proposée comme alternative à la livraison et l’application attribue à chaque geste effectué un indicateur d’impact carbone. Moom fait aussi entrer les marques dans la boucle en leur proposant un abonnement pour récupérer des matières premières recyclables ou leur permettre de reconditionner des soutiens-gorge, comme le fait une autre start-up locale, Abracadabra. Le système a peut-être en lui la solution pour corriger ses défauts.

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