TRIBUNE

[Tribune] Vos web designers ne sont pas là uniquement pour concevoir de jolies pages. Leur travail peut aussi servir trois objectifs : intensifier la collaboration interne, promouvoir votre société à l’externe et valoriser votre marque employeur.

L’époque où l’on gardait secrète la charte graphique de l’entreprise, son brand book ou tout document portant sur la manière dont celle-ci se présentait au marché, est révolue. Aujourd’hui, rendre public et accessible à tous votre charte graphique, votre charte éditoriale, votre design, les gabarits avec lesquels vos sites web ou vous applis mobiles ont été conçus sensibilise vos collaborateurs à leur importance, augmente la visibilité de votre marque et constitue un nouvel outil de recrutement pour votre entreprise.

Le fait de tout cacher derrière un mot de passe ou un pare-feu est un réflexe hérité du passé. Examinons posément les faits, ne serait-ce qu’un instant : en termes de niveau de secret, une charte graphique, la structure de pages web, du code de sites web, etc. sont plus proches d’une police d’assurance que des codes d’armes nucléaires. Et plus prosaïquement, nous sommes loin également de la gravité que consisterait la divulgation de secrets commerciaux. Les temps changent et la transparence s’impose.

Le signe de son engagement vis-à-vis de son écosystème

On parle à présent de design system et le phénomène gagne en importance. Un design system contient le plus souvent des rubriques telles que : library (bibliothèque), guidelines (lignes directrices), styleguide (style) et visual language (langage visuel) d’une entreprise. En somme, il regroupe ce que nous appelions auparavant la charte ergonomique et la charte graphique. Plutôt que de tenter de garder secret ce qui est de plus en plus facile à découvrir grâce à la perméabilité d’internet et de nouveaux outils permettant à quiconque de trouver ces informations, sans connaissances techniques préalables, des entreprises ont fait le choix de la transparence.

Les raisons pour mettre désormais en ligne ce que l’on cachait hier, sa charte graphique, son logo, ses librairies de pictos, sa palette de couleurs, sa charte éditoriale, ses templates et ses feuilles de styles sont nombreuses. Tout d’abord, le fait de rendre tout cela public participe à l’image de marque de votre entreprise. Il devient le signe de son engagement pris vis-à-vis de son écosystème et témoigne de sa volonté de rester dans le coup.

Tous ces éléments rendus visibles de tous, qui ne seraient par exemple pas remis à jour ou qui n’évolueraient jamais, seraient un signe d’endormissement, contrairement à des documents vivants et évoluant aux yeux de tous. Certes l’entreprise s’ajoute une pression supplémentaire, mais le jeu en vaut peut-être la chandelle.

Utilité pour le recrutement

Ensuite les chartes graphiques de produits destinés aux consommateurs finaux sont également très utiles pour le recrutement. Les concepteurs, les développeurs et les personnes travaillant dans d’autres disciplines (marketing, communication…) ont tendance à aimer travailler pour les entreprises qui prennent un virage numérique franc. En publiant sa charte graphique, une entreprise peut initier une bonne pratique pour l’ensemble de son secteur, donner le la et préempter une posture avant-gardiste.

Enfin, la publication de tous ces supports avec lesquels vous construisez votre image fait clairement partie des signaux faibles propres à attirer des personnes passionnées, ayant l’esprit ouvert, tournées vers l’avenir. Comme en témoigne le parcours de la designer Jina Bolton, qui est allée travailler chez Salesforce après avoir vu certains des guidelines de la société sur le site Syleguide.io, site sur lequel des marques prestigieuses (Apple, Audi, Starbucks, Adobe, Airbnb et tant d’autres) rendent déjà public leur design system. «Quand j’ai vu certains guidelines stylistiques de Salesforce, j’ai trouvé ça magnifique et c’est pourquoi j’ai voulu rejoindre cette équipe», a déclaré Jina Bolton

Depuis qu’elle a rejoint Salesforce, Jina a contribué à la création du lightning design system (une gigantesque librairie en ligne d’éléments prêts à l’emploi pour permettre à toute entreprise de concevoir des applications compatibles avec, et assortie à, Salesforce). Elle aide également l’équipe système de l’entreprise sur la partie design. L’histoire de Jina n’est pas un cas isolé. Presque toutes les sommités de la profession ont déjà réalisé une interview sur le podcast de Styleguide.io, à l’instar de Dan Frost, le père de l’atomic design, et ont vanté l’utilité de ses publications pour attirer les talents. Même le gouvernement fédéral américain s’y est mis en publiant en ligne son design system. Et vous, qu’attendez-vous ?

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