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Le géant nordiste du prêt-à-porter féminin, qui emploie 2600 salariés, va tenter ce mercredi 28 septembre de convaincre le tribunal de commerce de Lille qu'il peut échapper à la liquidation, mais les syndicats craignent le pire.

Prévue ce mercredi 28 septembre à 14 heures, l'audience vise, après le placement en redressement judiciaire de l'enseigne le 1er août, à faire le point sur le projet de plan de continuation présenté par l'actionnaire, Hermione People and Brands (HPB), division distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l'homme d'affaires Michel Ohayon.

HPB veut obtenir la prolongation de la période d'observation et l'autorisation de céder le siège et l'entrepôt de l'enseigne, à Roubaix, une opération censée financer le plus gros de la relance de Camaieu.

Projet de relance

Selon la direction d'HPB, les besoins s'élèvent à 79,2 millions d'euros sur les huit mois à venir, pour assurer entre autres les achats de la saison automne-hiver et la préparation de la collection de printemps.

La Financière immobilière bordelaise apporterait 14 millions pour racheter siège et entrepôt, qui seraient ensuite « valorisés » et revendus pour un montant estimé entre 55 et 60 millions.

De quoi, selon la direction de HPB, mener à bien, au prix de la fermeture de 208 magasins jugés non rentables et de la suppression d'environ 500 emplois, la relance de l'enseigne, chahutée notamment par les retombées de la crise sanitaire du Covid et d'une coûteuse cyberattaque.

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Mais ce projet nécessite, selon HPB, une « avance » substantielle de l'État, chiffrée par les syndicats à 48 millions d'euros. La réponse négative de Bercy est tombée lundi soir : la demande d'HPB n'est pas « réaliste », l'État ne pouvant « en aucun cas se substituer aux actionnaires ».

« Tout le monde sait qu'il y a urgence » pour sauver Camaieu, ce que HPB « est le seul » à pouvoir faire, après le retrait de divers candidats à la reprise, dont le fonds américain Gordon Brothers, a plaidé lundi 26 septembre son président Wilhelm Hubner, auprès de l'AFP.

« L'actionnaire demande à l'État de prendre en charge plus des deux tiers de l'apport nécessaire au financement du plan de reprise, en plus de l'abandon de l'ensemble des dettes publiques existantes », s'est agacé le ministère de l'Économie et des Finances.

« Donner sa chance » au redressement

Les syndicats se préparent au pire : à l'issue d'un CSE mardi 27 septembre, le syndicat interne UPAE et la CGT ont souligné sur Facebook être « extrêmement réservés » quant à la capacité de la direction à garantir le financement nécessaire.

« On a encore des pistes, mais certainement pas avec M. Ohayon et ses représentants », affirme Thierry Siwik de la CGT, qui a appelé à la grève mercredi. Son syndicat, assure-t-il, « a construit un projet qui a l'intérêt de deux éventuels investisseurs ».

« Il n'y a plus que la FIB en course, on a le choix entre lui et rien », estime pour sa part Nordine Misraoui, de la CFDT, qui « craint une disparition de l'entreprise » et souhaite que Bercy prenne « davantage de temps pour peser les tenants et aboutissants ».

Le maire divers-droite de Roubaix Guillaume Delbar a, lui, demandé dans un communiqué que soit « donnée sa chance à un plan de continuation qui a seulement besoin de temps pour porter ses fruits ». « Le destin de 2600 familles est en jeu », a-t-il dit.

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Selon HPB, l'enseigne a basculé après un arrêt de la Cour de cassation imposant fin juin aux commerçants de régler les loyers impayés lors de la période Covid. Leur montant s'élève à 70 millions d'euros sur un total de 240 millions de dettes, selon M. Hubner.

En reprenant 511 des 634 magasins de la marque en France et quelque 2600 salariés sur plus de 3100, HPB s'était donné en 2020 deux ans pour remettre l'enseigne, fondée en 1984, à l'équilibre. Mais les pertes d'exploitation ont atteint 93 millions d'euros pour 333 millions de chiffre d'affaires sur la période de seize mois depuis la reprise.

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