Le candidat des trois actionnaires du Monde, Jérôme Fenoglio, a vu sa candidature au poste de directeur du Monde rejétée mercredi 13 mai, à la surprise générale. En effet, celui qui est actuellement directeur des rédactions du quotidien, fort d'une expérience dans différents services (sport, société...) aussi bien sur le papier que sur le Web, n’a pas recueilli les 60 % de voix nécessaires à sa désignation. Seuls 55 % des journalistes des rédactions du journal lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs (SRM), ont porté leurs suffrages sur son nom.

 

Le 17 avril, Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, les trois actionnaires du « Monde libre » qui contrôlent le journal, avaient désigné Jérôme Fenoglio au poste de directeur pour mettre fin à la direction d’intérim assurée par Gilles van Kote après la démission de Natalie Nougayrède. Sa nomination était néanmoins soumise à un vote conforme de 60% des membres de la rédaction.

 

L'envoi d'une lettre ouverte à la rédaction par Natalie Nougayrède, quelques jours avant le scrutin, où elle mettait en cause la gouvernance du journal alors que le directeur du Monde n'est plus directeur de la publication et soumis à l'autorité du président du directoire Louis Dreyfus, a sans doute joué dans ce désaveu susceptible d'ouvrir une nouvelle crise au Monde.

 

D'autant que la candidature de Gilles van Kote à un mandat de cinq ans a été rejetée, semble-t-il, par Pierre Bergé, lequel est en délicatesse avec une grande partie du journal en raison de tweets jugés en interne peu solidaires, voire insultants vis-à-vis de la rédaction du Monde. "Après les auditions des trois candidats déclarés - Gilles Van Kote, Christophe Ayad et Jean Birnbaum - Jérôme Fenoglio s'est déclaré parce que Pierre Bergé l'avait visiblement appelé", explique une source interne. "Son erreur est de ne pas voir exigé le lancement d'un nouvel appel à candidatures".

 

En Assemblée générale, Gilles van Kote aurait dénoncé des "manoeuvres" alors qu'il avait tenu tête à ses actionnaires lors de l'enquête sur les évadés fiscaux de HSBC suisse qui avait déplu à Matthieu Pigasse et surtout à Pierre Bergé. L'un avait  parlé de "maccathysme fiscal", l'autre de "délation" et de "jeter des noms en pature". Le nom de Jérôme Fénoglio n'aurait été approuvé que par 51% des anciens alors que ce dernier s'appuyait sur l'équipe en place, et notamment sur son adjoint Luc Bronner, qui serait devenu directeur de la rédaction en cas de vote favorable de la rédaction. "Natalie Nougayrède, que personne ne connaissait, avait obtenu un vote massif en sa faveur de 80%", rappelle un journaliste.

 

C'est aujourd'hui une vraie crise institionnelle qui commence au Monde. Jérôme Fenoglio, qui avait signé une double page sur Xavier Niel en 2014 intitulée "le triomphe du hacker" , avait fait du "mobile first" un axe essentiel de sa stratégie.

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