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David Kessler, après un brillant parcours dans l'audiovisuel, a pris la succession de Louis Dreyfus à la direction de la publication de l'hebdomadaire culturel.

Une figurine de clown trône sur son bureau. Elle l'a accompagné partout. «Ce serait peut-être ça, ma touche rock: cultiver la distance, l'ironie», s'amuse David Kessler, nouveau directeur général des Nouvelles Editions indépendantes, la société éditrice des Inrockuptibles. L'ancien directeur de France Culture a quitté son poste de conseiller de Bertrand Delanoé à la Mairie de Paris pour prendre la succession de Louis Dreyfus, parti à la présidence du directoire du Monde.

 

On ne l'imaginait pas forcément aux Inrocks, l'hebdo qui soutient en ce moment la légalisation du cannabis. L'énarque, agrégé de philosophie et conseiller d'Etat, a occupé de hautes fonctions au Conseil supérieur de l'audiovisuel, au Centre national de la cinématographie, à France Télévisions. Que vient-il chercher dans cette PME que sont les Inrocks? «Je voulais compléter ma connaissance des médias par la presse écrite» explique-t-il.

 

La démarche procède d'une certaine humilité. David Kessler se singularise d'ailleurs par une grande modestie, qui ne paraît pas feinte. Tout comme semble sincère l'amitié qui le lie à Matthieu Pigasse, patron des Inrocks et co-actionnaire du Monde. «Matthieu était mon élève lorsque j'enseignais le droit public à Sciences Po, se souvient-il. Par la suite, nous nous sommes retrouvés lorsque je travaillais au cabinet de Lionel Jospin et lui au cabinet de Dominique Strauss-Kahn.»

 

Précisément. On a beaucoup glosé sur les liens qui unissaient le «banquier rock» à DSK. On a aussi spéculé sur le rôle que Matthieu Pigasse entendait donner à l'hebdo lorsque DSK était encore présidentiable: le titre aurait été le véhicule du candidat Strauss-Kahn.

 

Engagé

Comment réagit-on à la chute de l'homme politique aux Inrocks?«En aucun cas, à aucun moment, il ne s'est agi de nous faire le porte-parole d'un candidat, affirme David Kessler. Si nous représentons un courant politique, c'est la gauche, au sens large.» L'hebdomadaire n'a en tout cas, au contraire des autres news magazines, consacré aucune «une» à l'affaire DSK, «afin de ne pas tomber dans le trash», selon David Kessler.

 

Au second tour de l'élection présidentielle, annonce le directeur de publication des Inrocks, le titre s'engagera, quoiqu'il arrive, «pour le candidat de gauche».

 

Dans la nouvelle formule des Inrocks, lancée en septembre 2010, les pages politiques ont d'ailleurs été étoffées. Avec succès, semble-t-il, même si d'aucuns faisaient état de résultats mitigés. Le titre a vu progresser sa diffusion (DFP: 41 116 ex.) de 14% entre 2009 et 2010, ce qui lui a valu une étoile OJD.

 

Il vendrait actuellement «plus de 60 000 exemplaires», dixit David Kessler. «Nous avions mis en place près de 200 000 exemplaires de la nouvelle formule, afin d'émerger aux côtés des news, ce qui a généré beaucoup d'invendus», reconnaît-il.

 

Investissement au long cours ou simple mission d'intérim? Beaucoup prédisent à David Kessler, apprécié à gauche comme à droite, un avenir à la tête de l'audiovisuel public. «On ne sait jamais ce que l'avenir réserve», lance-t-il pour botter en touche.

 

Et si Nicolas Sarkozy faisait appel à lui? David Kessler se prend la tête entre les mains, réfléchit longuement, visiblement embarrassé. «Je ne considère pas qu'être appelé par Sarkozy soit une honte, même si ce mode de nomination constitue selon moi une grave erreur politique.»

 

Pour l'heure, au sein des Nouvelles Editions indépendantes, la holding de Matthieu Pigasse, dont il assure la direction générale déléguée, David Kessler devrait plancher sur des projets audiovisuels, notamment avec Marc-Olivier Fogiel, même si «rien n'est encore signé» avec l'animateur. Le début d'un grand retour?

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