Pour lutter contre la sous-représentation des femmes dans les médias, accentuée au plus fort de la crise sanitaire, un rapport remis mercredi 9 septembre au gouvernement suggère de conditionner une partie des aides publiques versées au secteur à de meilleures pratiques.
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De mars à juin 2020, les femmes ont beaucoup pris la parole sur les antennes comme mères ou infirmières mais trop rarement en tant qu'expertes, selon ce rapport, porté par la députée LREM Céline Calvez et remis aux ministres de la Culture Roselyne Bachelot et à l'Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno.
L'urgence liée au Covid-19 a «bousculé les pratiques des médias et fait reculer leur vigilance sur la présence des femmes expertes dans leur contenu», rappelle la mission parlementaire, qui avait déjà dévoilé un rapport d'étape en juin. Mais elle n'a fait qu'«accentuer» des «inégalités déjà présentes en "temps normal"», insiste la mission, sollicitée en avril après le tollé suscité par le quotidien Le Parisien, qui avait mis à sa Une quatre hommes pour imaginer le monde d'après.
Nourri d'études du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) et d'entretiens avec plus de 200 personnes, dont des journalistes de l'AFP, son rapport final formule une vingtaine de préconisations pour changer la donne, parmi lesquelles la mise en place d'un bonus-malus «sur une partie de l'aide publique à la presse».
«Limité dans le temps», ce bonus pourrait s'appuyer sur le plan de relance prévoyant un renfort des subventions «à la presse écrite en ligne de plus de 400 millions d'euros», suggèrent les rapporteurs, conscients des «lourdes difficultés» rencontrées par le secteur.
Égalité salariale
Le bonus récompenserait la première année «les entreprises de médias se dotant d'outils de comptage et de mesure de la place des femmes tant au niveau des organisations que des contenus», mais aussi d'une «charte d'engagement» en matière de parité ou encore d'«outils de formation» pour «sensibiliser» leurs équipes à cette problématique. Au bout d'un an, les entreprises n'ayant pas mis en place ces outils seraient sanctionnées d'une partie de leurs aides.
Le malus, quant à lui, s'appliquerait à celles ne respectant pas les «obligations légales, notamment en termes d'égalité salariale» et pourrait être «progressif au fil du temps» en l'absence d'«action corrective». Le rapport propose par ailleurs la création en 2021 par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) d'un «bonus parité pour les productions audiovisuelles», comparable à celui existant pour le cinéma.
Plus généralement, il suggère de renforcer et d'affiner les indicateurs surveillés par le CSA, de créer un prix récompensant les rédactions les plus vertueuses, ou encore d'intégrer cette problématique dans l'éducation aux médias.
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