Déjà bien secouées par les plateformes de vidéos à la demande par abonnement (SVOD), Netflix en tête, les chaînes de télévision pourraient l’être davantage encore par la vague AVOD (vidéos à la demande financées par la publicité) qui s’apprête à déferler sur la France. Aux États-Unis, des acteurs comme Tubi (racheté par Fox), Pluto (acquis par Viacom) ou encore Xumo (entré dans le giron de Comcast) sont en train de prendre le pas sur la SVOD. Et la France devrait suivre, avec notamment l’arrivée de Pluto en 2021.
Nouvelle brique
C’est dans ce contexte que Molotov, positionné depuis sa création en 2016 par Jean-David Blanc sur la distribution de chaînes linéaires et sur des services associés sur abonnement, ajoute une brique à son modèle. En plus des programmes en direct, les 13 millions d'utilisateurs de Molotov (dont 200 000 abonnés) peuvent désormais accéder à un catalogue de vidéos à la demande gratuites, moyennant la diffusion de publicité. Baptisée Mango, cette offre comprend 350 films (Sex Therapy, Exit…), 170 documentaires (Soldats des mers…) et 12 séries jeunesse (Le Monde de Todd…). « Aujourd’hui, les films sont les grands absents du replay des chaînes. L’AVOD a vocation à ouvrir tous les catalogues du monde quand le replay se limite à une vingtaine d’éditeurs de la TNT », explique Grégory Samak, directeur général de Molotov.
Pour construire cette offre, Molotov a conclu une dizaine d’accords avec des détenteurs de droits, comme ITV, Mediawan ou encore Crome Films. Des discussions sont aussi en cours avec Sony Pictures, Endemol et Lions Gate entre autres. Une régie publicitaire de quatre personnes a également été constituée, placée sous la responsabilité de Béatrice Leroux-Barraux, ancienne directrice générale de NRJ Global. « Ce que nous proposons aux annonceurs, c’est un CPM supérieur aux plateformes UGC [comme YouTube] car nous sommes dans un univers loggé, avec peu de publicité mais des publicités pertinentes car enrichies par la data », indique Grégory Samak.
Opérations spéciales
Les formats pre-roll sont réservés aux annonceurs dans le cadre d’opérations spéciales (qui comprennent aussi du display) ainsi qu’à ceux du secteur de l’entertainment. Les coupures publicitaires (mid-roll) sont diffusées dix minutes après le début du programme, puis toutes les 30 minutes, dans la limite de trois spots à la fois. Molotov travaille aussi avec la société FreeWheel sur le programmatique. « Nous pensons que d’ici cinq à sept ans, le gratuit pèsera 60% de notre chiffre d’affaires », avance le directeur général.
En plus de Mango, Molotov pourrait aussi accueillir à terme d’autres acteurs de l’AVOD, comme il le fait déjà sur le payant, dans une logique de point d’entrée unique. La démarche est la même quand la plateforme OTT signe un partenariat avec le constructeur Panasonic pour installer le service au démarrage du téléviseur. « D’ici 5 à 10 ans, il n’y aura plus de tuner sur les téléviseurs. Les fabricants cherchent donc des solutions de remplacement », anticipe Grégory Samak. La révolution est en marche.
