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Après l’échec de la fusion TF1-M6, la mise en vente avortée du groupe M6 remet en cause la stratégie de consolidation voulue par son patron, Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann.

Le 29 septembre, quatre jours avant l’annonce du renoncement de Bertelsmann à la vente de M6, Thomas Rabe, son PDG, publiait sur Twitter quelques photos d’ « impressions » de son siège de Gütersloh, en y associant les membres du « board » ainsi que Liz et Christoph Mohn, représentants de la famille historique qui possède 20% du capital aux côtés de la fondation Bertelsmann. Des « impressions » bienvenues alors que l’échec de la fusion TF1-M6 fait tanguer sérieusement la barre du navire amiral, déjà malmené aux États-Unis par un mégaprocès sur l’absorption de l’éditeur Simon & Schuster. Car l’opposition de l’Autorité de la concurrence [AdlC] à ce mariage rend caduques les autres alliances envisagées en Europe : l'Autorité néerlandaise des consommateurs et des marchés [ACM] doit se prononcer prochainement sur le rapprochement entre RTL Nederland et Talpa de John de Mol, et tout indique que la défense de la concurrence sur un marché national ira dans le sens de l’analyse française.

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De fait, c’est tout l’écheveau des consolidations envisagées en Europe à travers des groupes de télévision puissants et concentrés qui est remis en cause, y compris outre-Rhin. « Je suis convaincu qu’en Allemagne, RTL et ProSieben, le numéro 1 et numéro 2 en TV, vont se rapprocher si les opérations en France et au Pays-Bas se réalisent dans des conditions acceptables », déclarait lui-même Thomas Rabe le 27 janvier au Sénat.

Ce serait d’ailleurs la crainte d’essuyer un nouvel échec lié à un calendrier extrêmement serré qui aurait poussé le patron à retirer de la vente le groupe M6. Le choix d’un repreneur impliquait en effet de tenir sans accroc les délais imputables aux autorités de la concurrence et de la régulation pour faire en sorte que la vente soit finalisée avant le 3 mai, date d’expiration de l’autorisation d’émettre de M6 au-delà de laquelle toute cession était interdite pendant cinq ans. Le lancement de l’appel à candidatures pour la fréquence est prévu pour la mi-décembre avant des auditions à la mi-janvier. C’est d’ailleurs au cours d’échanges réguliers avec le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre, que Thomas Rabe s’est convaincu que le « calendrier plus qu’ultra serré » de ce projet de cession – après des propos analogues tenus par Benoît Cœuré, le président de l’AdlC – rendait le scénario d’une vente périlleux. 

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L’identité des acheteurs potentiels a-t-il joué ? Roch-Olivier Maistre assure qu’elle n’a jamais été évoquée dans ses échanges avec le grand patron. Mais à M6, l’entourage de Nicolas de Tavernost n’a pas été très prompt à dissiper des doutes sur certaines candidatures. Si Xavier Niel - qui avait multiplié les procédures contre le projet de fusion TF1/M6 – a été vivement critiqué pour son projet d’alliance avec un Berlusconi membre de la coalition au pouvoir en Italie, l’offre Kretinsky, sans doute moins attractive financièrement, était caricaturée en dossier des centrales à charbon. Quant à l’alliance Courbit-Saadé (CMA-CGM)-Lacharrière, elle était sans doute la plus intéressante à 1,2 milliard d’euros mais un questionnement autour de l’intégration verticale diffusion-production n’était pas exclue. Reste maintenant à trouver une nouvelle stratégie à M6 autour du développement du streaming… dans RTL Group. 

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