L’Afrique vue par

Le rédacteur en chef Afrique de TV5Monde revient sur les grandes actualités du continent.

La COP27 qui s’ouvre de nouveau dans un pays africain, à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre, sur fond de débat autour de la faible empreinte carbone de l’Afrique.

Pour moi, le sujet ne réside pas dans le fait qu’un pays africain accueille pour la première fois la COP. Le vrai sujet réside dans le fait que les rapports de forces géopolitiques et économiques Nord-Sud restent figés. Cela a d’ailleurs été le message du président du Sénégal, Macky Sall [et président en exercice de l’Union africaine], lors de la 77e Assemblée générale de l’ONU en septembre 2022. L’accès à l’électricité par exemple est encore aujourd’hui un problème pour de nombreux pays d’Afrique. Or, sans justice climatique, il est difficile d’entamer une transition écologique.

Selon la Banque mondiale, la Côte d’Ivoire affiche un PIB par habitant de 2 579 dollars début 2022, devançant ainsi le Ghana, le Nigeria et le Kenya.

La Côte d’Ivoire est l’un des pays moteurs de l’Afrique de l’Ouest francophone. Mais la reprise risque d’être ralentie par la crise économique mondiale. Pour ce qui est du Ghana, rappelons que le pays a eu une politique assez hasardeuse ces dernières années. Son président a voulu renoncer à l’aide financière internationale, puis a finalement rétropédalé. De leur côté, le Kenya et le Nigeria font face à des problèmes internes majeurs, dont la corruption et une mauvaise gestion de leur gouvernance. Plus largement, certaines économies africaines reposent principalement sur l’exportation. C’est le cas notamment de la Côte d’Ivoire. Le pays est le premier producteur de fèves de cacao pendant plusieurs années, mais sa production de café est essentiellement exportée vers des torréfacteurs français et suisses.

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Orange qui a inauguré le 20 septembre son premier espace de découverte et d’expérimentation de la 5G en Afrique à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Je ne suis pas surpris par le fait que la Côte d’Ivoire teste la 5G, car c’est l’un des pays pionniers dans le domaine du numérique. Nous entendons beaucoup parler de l’Afrique comme d'un continent en retard, or il est en avance sur de nombreux créneaux, notamment celui de la bancarisation mobile et du paiement mobile ou encore du transfert d’argent sur mobile.

CFAO, Casino et Auchan qui multiplient les ouvertures de magasins au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.

Ce thème m’a fait réfléchir et j’aimerais l’inscrire dans le contexte dans lequel l’Afrique se trouve. Le sentiment anti-français est bien présent sur le continent mais il y a une certaine schizophrénie entre la France et l’Afrique. D’un côté, nous avons un discours politique qui remet en cause les intérêts français en Afrique et de l’autre côté, nous voyons que des groupes français continuent de se développer. De plus, les Africains ont intégré ces enseignes dans leurs pratiques de consommation. La relation économique l’emporte quelque part sur la relation politique. Au Sénégal par exemple, il y a eu des manifestations pour dénoncer la présence d’entreprises françaises dont Auchan, et durant lesquelles nous avons pu lire le slogan « La France dégage ». Pour autant, la vague de défiance envers la France n’est pas propre à l’ensemble des pays. Selon moi, dans ce débat, il faut distinguer la France en tant que gouvernement et la France en tant que peuple.

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La moitié des pays africains qui se refusent à condamner l’annexion du territoire ukrainien lors d’un vote en octobre de l’ONU. Macky Sall, président du Sénégal et de l’Union africaine, explique que ces pays ne sont pas solidaires pour répondre à l’indifférence dont ils sont l’objet.

Selon moi, ce n’est pas de l’indifférence. Je pense que depuis la guerre en Ukraine, les Africains ont découvert qu’il y avait deux poids, deux mesures en matière de solidarité occidentale. Il y a un retour du non-alignement au sein des pays d’Afrique, que nous avons déjà observé dans les années 1950 avec la conférence de Bandung en Indonésie, en 1955, et le mouvement des non-alignés réunissant des pays d’Afrique et d’Asie.

Le sommet de Dakar où il est réaffirmé que la sécurité contre les islamistes doit être assurée par les Africains eux-mêmes.

J’ai l’impression que les Africains tiennent ce discours depuis une dizaine d’années. Ils avancent le fait que leurs armées sont au point, or, ils ne sont pas capables de défendre la souveraineté nationale, et cela complexifie la situation. La seule question qui demeure est la suivante : comment libérer ces pays occupés par des islamistes ?

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Un collectif de personnalités qui fait paraître dans Le Monde une tribune pour s’opposer au pipeline géant de TotalEnergies dans l’un des plus beaux parcs naturels du monde, en Ouganda.

Je pense que l’exploitation des ressources ne justifie pas le fait que l’Afrique doive sacrifier son patrimoine naturel. Le continent doit être plus exigeant. Ce n’est pas seulement l’efficacité économique qui doit primer, mais c’est également l’équilibre culturel et environnemental.

France 24 et RFI interdits d’antenne au Mali depuis six mois.

En dehors de la presse internationale, il est très compliqué d’exercer librement le métier de journaliste au Mali. La presse malienne locale est également attaquée. En réalité, il y a une logique de pensée unique du pouvoir dans ce pays qui attend du patriotisme dans le traitement de l’information.

Une cinquantaine de morts après la violente répression de manifestations au Tchad.

Cette répression montre que le dialogue national n’a pas été une réussite et que le système politique est toujours aussi verrouillé. Pour rappel, les manifestants remettent en cause le régime de la transition du général Mahamat Idriss Déby.

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