Justice

Le candidat d'extrême droite à la présidentielle, Eric Zemmour, a été condamné le 17 janvier à une amende de 10 000 euros après des propos tenus sur CNews sur les mineurs isolés. Il a annoncé son intention de faire appel.

Eric Zemmour a été condamné lundi 17 janvier à une amende de 10 000 euros pour provocation à la haine et injure raciale par le tribunal correctionnel de Paris. En septembre 2020 sur le plateau de CNews, le candidat d'extrême droite à la présidentielle avait qualifié les migrants isolés de «voleurs», «assassins» et «violeurs». Une condamnation que le polémiste juge «d’idéologiste et stupide», indique-t-il dans un communiqué.

Absent pour le rendu de la décision, comme à son procès en novembre, Eric Zemmour se voit infliger par le tribunal une peine de 100 jours d'amendes à 100 euros, avec une possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.

«À l'occasion de ce procès, une dizaine d'associations antiracistes et une vingtaine de conseils départementaux, essentiellement de gauche, se sont constitués partie civile à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, et le tribunal s'est empressé de satisfaire à leurs caprices. C'est la condamnation d'un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues», a dénoncé le candidat dans un communiqué.

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L'avocat du polémiste, Olivier Pardo, a annoncé l'intention de son client de faire appel. «D'abord parce que la plupart du temps, nous avons gagné en appel», a justifié Me Olivier Pardo. Ensuite, parce que le tribunal correctionnel de Paris a «dénaturé la poursuite» en estimant que les propos d'Eric Zemmour «portaient atteinte aux immigrés» alors qu'ils visaient les migrants mineurs isolés.

Déjà poursuivi à de nombreuses reprises pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité, Eric Zemmour était cette fois-ci cité à comparaître pour des propos tenus sur la chaîne CNews, dont il était alors le chroniqueur vedette. C’était le 29 septembre 2020 lors d'un débat dans l'émission Face à l'info.  Après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le polémiste affirmait : «ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent». «C'est une invasion permanente», «c'est un problème de politique d'immigration», avait-il ensuite ajouté.

Lors de l’audience en novembre, la représentante du ministère public avait estimé qu'il s'agissait de «propos méprisants, outrageants» qui montrent un rejet violent et une «détestation» de la population immigrée et qui ont franchi «les limites de la liberté d'expression». L’avocat d’Eric Zmmour avait plaidé la relaxe estimant «qu’il n’y a pas une once de racisme chez Eric Zemmour» et que la citation pour provocation à la haine raciale ne tenait pas : «les mineurs isolés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie.»

Un nouveau jugement en appel jeudi

Une trentaine d'associations s'étaient constituées parties civiles, dont SOS Racisme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Licra, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux - les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements.

Dnas un autre dossier, le candidat d'extrême droite doit être jugé en appel jeudi 20 janvier pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait «sauvé» les juifs français. Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant que les propos avaient été prononcés « à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie».

Dans le jugement rendu le 17 janvier, le tribunal a aussi condamné le directeur de publication de CNews, jugé au côté d'Eric Zemmour comme c'est l'usage dans les procès de presse, à 3 000 euros d'amende.

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