Rodolphe Belmer à la tête de TF1, Sibyle Veil à Radio France, Xavier Niel en agitateur du PAF… Zoom sur six personnalités des médias à suivre en 2023. Un article aussi disponible en version audio.

Rodolphe Belmer, pour une plateformisation de TF1

Il prendra ses fonctions le 13 février de PDG du groupe TF1 en remplacement de Gilles Pelisson, qui deviendra directeur général adjoint du groupe Bouygues. Ancien directeur général de Canal+ à qui l’on doit l’essor de la fiction originale et de Canalplay, Rodophe Belmer aura pour tâche de démontrer que la télé n’est pas un média qui vieillit.  Celui qui a été jusqu’en octobre administrateur de Netflix s’attachera à renforcer la plateformisation du groupe TF1 autour de MyTF1 (27,8 millions de vidéonautes mensuels), à la fois dans sa dimension replay et payante (Max). Il devra aussi veiller à sortir dans les meilleures conditions de Salto, sur lequel Canal+ s’est positionné. Dans un groupe un peu déboussolé par l’échec du projet de fusion TF1-M6, Rodolphe Belmer avait vocation à succéder à Nicolas de Tavernost si ce dernier avait pris les rênes de l’entité née de la fusion. « L’objectif est de déployer le leadership de TF1 dans le non linéaire et de se renforcer dans le numérique tout en continuant à se développer dans les contenus avec de grandes franchises de fiction française ou de divertissement », souligne-t-on à TF1. Le dirigeant devra en effet poursuivre la consolidation de Newen tout en écrivant une nouvelle page du déploiement digital du groupe après la vente d’Unify à Reworld. L’info devra aussi rester un point fort, notamment depuis la montée en puissance de LCI, désormais à 2% d’audience. L’ancien de Procter, qui s’est déjà accaparé les problématiques de la régie avec ses impacts technologiques, devra construire une offre suffisamment large pour qu’elle reste incontournable sur les grandes cibles.

Lire aussi : Rodolphe Belmer, l’homme du plan B de TF1

Sibyle Veil, dans un deuxième mandat

Après cinq ans à la tête de la maison ronde, Sibyle Veil a été reconduite le jour de son audition par les sages de l’Arcom. Durant son premier mandat, elle a porté le numérique via les podcasts et la plateforme de Radio France aussi haut que les audiences de ses chaînes. France Inter fait seule la course en tête tandis que Franceinfo est devenue la 3e radio des Français et que France Culture cartonne. La marge de progression se situe côté France Bleu et Mouv'. L’arlésienne du chantier de la réhabilitation du bâtiment achevé et la paix sociale retrouvée, il lui reste le dossier du recours  abusif aux contrats d'usage, dits CDDU, et à gérer la mise en oeuvre de ses 60 propositions annoncées devant l'Arcom. L'essentiel s’articule autour de l’information de qualité, de la souveraineté culturelle, de la proximité et de la conquête des nouvelles générations.

Xavier Niel, agitateur du PAF ?

Il a une petite chance mais il ne va sans doute pas la laisser passer. Après l’appel à candidatures de l’Arcom sur les fréquences de TF1 et M6, lancé en décembre, les candidats ont jusqu'au 16 janvier pour se positionner, puis jusqu'au 23 janvier pour finaliser leur dossier. Déçu de n’avoir pu, par deux fois, s’imposer comme acquéreur de M6, et après son revers dans le rachat de La Provence face à Rodolphe Saadé (qui a pris 5% de M6), Xavier Niel pourrait être l’agitateur du PAF en 2023. Son bras droit, Maxime Lombardini se fait fort, devant les sages, d'avoir une « offre délinéarisée beaucoup plus forte » et « d'investir dans la création », avec plus de fictions inédites en prime time s'appuyant moins sur la production interne. Il veut, dit-il, « offrir des relations de confiance avec les producteurs indépendants »… comme Mediawan, qui vient de racheter Plan B, et a justement pour coactionnaire Xavier Niel.

Lire aussi : La Provence, au cœur d'une lutte de tycoons

Arnaud de Puyfontaine, géant de papier

Le discret président du directoire de Vivendi réussira-t-il l’acquisition-fusion d’Hachette via Lagardère, qui l’amènerait à créer un empire de l’imprimé ? Arnaud de Puyfontaine a les yeux rivés sur Bruxelles. La Commission européenne s’est plongée dans le volet concurrentiel du rachat du groupe Lagardère par Vivendi, contrôlé par la famille Bolloré. Celui qui a dirigé Emap France devenu Mondadori puis Hearst Europe est à la manœuvre. Après l’intégration du groupe Canal+ en 2015 et de Prisma Presse, il est chargé de réussir le redéploiement dans l’édition.

Depuis 2019, Vivendi a intégré les 2 600 collaborateurs d’Editis, numéro 2 français racheté au groupe Planeta 830 millions d’euros. Mais le rachat de Lagardère lui permet de mettre la main sur le leader français Hachette, numéro 3 mondial, et ses 6 900 collaborateurs. Au grand dam d’une partie du milieu de l’édition, Antoine Gallimard en tête. « La part de marché conjuguée en France d’Hachette et d’Editis atteint 71 % dans le parascolaire, 63 % dans les dictionnaires ou 54 % dans le livre de poche », rappelle l’économiste de la culture, Françoise Benhamou. Deux scénarios sont envisagés : une vente de 29,5 % d’Editis (correspondant à l’actionnariat du groupe Bolloré dans Vivendi) ou de l’intégralité de ce groupe pour 700 millions d’euros dont 200 millions d’euros de dettes. Daniel Kretinsky, actionnaire de CMI France (Elle, Marianne) ou encore Rodolphe Saadé (CMA-CGM) seraient sur les rangs, mais Arnaud de Puyfontaine ne souhaite pas un concurrent potentiel, et surtout pas hexagonal. Ardu.

Lire aussi : Les nouveaux habits de Vivendi

Marie-Christine Saragosse, candidate

Jamais deux sans trois ? C’est en tout cas l’objectif de Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya). Nommée à ce poste en 2012 puis renouvelée en 2018, elle brigue désormais un troisième mandat. Pour défendre son projet, elle sera auditionnée par l’Arcom lundi 9 janvier à 9h, tandis que l’annonce de la nomination du ou de la PDG est prévue pour le 23 janvier au plus tard. Quatre autres candidats sont également en lice : David Hivet et Arnaud Ngatcha, qui seront également auditionnés à l'Arcom le 9 janvier à 11h15 et 14h30, ainsi Pierre-Etienne Pommier et Sylvain Attal, qui passeront eux devant les sages le lendemain à 9h, puis 11h15.

Pauline Dauvin, figure des contenus sur Disney+

Fort de 164 millions d'abonnés dans le monde, Disney+ a lancé une offre avec publicité aux États-Unis fin 2022. Si aucune date n’est annoncée pour une éventuelle arrivée en France en 2023, la question de l’évolution de son modèle se pose, comme pour Netflix, alors que l'inflation oblige les consommateurs à tailler dans leurs dépenses. En attendant, Disney+ poursuit son développement éditorial dans l’Hexagone. L’accent sera notamment mis sur la poursuite des productions locales, conformément aux obligations qui incombent au secteur. Un chantier porté par Pauline Dauvin, vice-présidente programmation, productions originales et acquisitions chez The Walt Disney Company France. Après la série Oussekine ou celle sur le rappeur Soprano, sorties en 2022, deux programmes sont en cours de fabrication : la série Tout va bien, avec Virginie Efira, et le film Antigang : La Relève, avec Alban Lenoir.

Lire aussi : La concurrence s'intensifie encore dans la SVOD

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.