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Les pieds dans la neige, Stratégies a suivi la façon dont la chaîne L’Equipe a couvert, en décembre, l’étape française de la Coupe de monde de biathlon. Le dispositif est bien rodé.  

Le 18 décembre, tous les regards des amateurs de sport sont tournés vers Lusail, au Qatar, pour la finale du Mondial de football. Tous ? Non. Au Grand-Bornand, station de ski près d’Annecy, des milliers de personnes sont réunies à l’occasion d’une autre Coupe du monde, celle de biathlon. Pas si confidentiel - plus de 55 000 personnes auront été accueillies au total durant la compétition, les tickets, payants, vendus en deux heures -, l’événement est diffusé par L’Equipe en gratuit et Eurosport en payant. Les champions de la discipline, Martin Fourcade (désormais retraité) ou encore Quentin Fillon Maillet, y sont présents.

Pour L’Equipe, qui le diffuse depuis 2015 et vient de regagner les droits jusqu’à la saison 2025-2026, il s’agit de l’une des plus grosses délocalisations annuelles, avec Le Mans pour les 24 Heures et Courchevel-Méribel pour le ski alpin. Plateau ouvert installé non loin de la piste, longues heures de direct, 35 personnes déplacées, incluant les journalistes, les techniciens, la production, les consultants : le dispositif déployé est de taille. Et les audiences sont au rendez-vous. A différents pics de la compétition, plus d’1,1 million de personnes étaient devant leur télévision, une performance pour la chaîne qui a par ailleurs bénéficié du Mondial de football, avec une part d’audience de 1,9 % sur la période, contre 1,3 % et 1,5 % en octobre et novembre selon Médiamétrie.

Les annonceurs aussi ont répondu à l’appel, à savoir MGEN, Ekosport, Greenweez ou les verres optiques Nikon, partenaires par ailleurs du sport, de biathlètes ou d’équipes. « Ils sont simples à convaincre car ce sport, un peu à l'image de la voile, porte des valeurs fortes : côté populaire, technique et précision, goût de l’effort », assure Jérôme Saporito, directeur de la chaîne L’Equipe.  

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Il faut donc croire que cette discipline, combinant ski de fond et tir à la carabine, et la couverture qui en est faite, plaisent. « Le biathlon est un sport télégénique avec des rebondissements jusqu’au dernier moment, nous avons des athlètes français très performants ou toujours à la lutte pour quelque chose, c’est un sport mixte et dans l’air du temps, et dans lequel il y a un très grand écart entre le nombre de licenciés, environ un millier, et les gens qui s’y intéressent », pointe le directeur, tandis que le public, dans une ambiance chaleureuse, se presse pour voir les courses, un peu à l’image de ce qui se passe sur le Tour de France.

Ces dernières années, le nombre d’heures que consacre L’Equipe au biathlon a été revu à la hausse. En 2018, l’antenne était prise et rendue quinze minutes avant les courses : aujourd’hui, c’est une heure. De quoi atteindre 250 heures d’antenne annuelles dont « seulement » 90 de course. L’occasion notamment de faire œuvre de pédagogie. « Nous souhaitons guider les gens pour comprendre, leur apprendre ce que les spécialistes savent, le tout en gardant l’émotion », témoigne Messaoud Benterki, journaliste et présentateur de la discipline sur la chaîne, à l’issue d’un marathon personnel de près de six heures de présentation, le 17 décembre. « Et leur faire vivre les coulisses, aucun intérêt si c’est comme en plateau », complète celui qui, ce jour-là, a eu la surprise de voir son fan-club débarquer en plein direct.

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Les coulisses, c’est par exemple l’après-course de la biathlète originaire du « Grand-Bo », Sophie Chauveau, suivie par une caméra lorsqu'elle était avec ses amis, sa famille ou lors de son contrôle anti-dopage. S’y ajoutent les à-côtés, comme une colère de Quentin Fillon Maillet contre son matériel défaillant, l’ayant privé d’une nouvelle performance. Les images auront tourné sur L’Equipe, ce 17 décembre, la marque de ski Fischer se voyant mise en cause. De la neige artificielle avait été amenée sur place avant la compétition : de cela aussi, L’Equipe a parlé.

Dans le ton, une certaine proximité est cultivée. Les athlètes sont appelés par leurs prénoms. Côté production, huit caméras et une petite vingtaine de personnes à la régie - installée dans trois Algeco protégés du froid - sont nécessaires pour retransmettre le spectacle.

L’idée, avec les organisateurs, l’IBU (Union internationale de biathlon), le département et les villes concernées, est de rendre le sport de plus en plus « télégénique » et immersif. D’où, par exemple, une nouveauté : un drone venu compléter le parc de caméras, pour magnifier le décor, le splendide massif des Aravis, ou montrer ce qui ne se voit pas habituellement, comme un problème sur un endroit de la piste avant le départ. Autre évolution récente du dispositif, un nouveau consultant a été embauché, Frédéric Jean, ex-entraîneur de l’Equipe de France féminine. La prochaine étape de la Coupe du monde démarre ce 5 janvier à Pokljuka, en Slovénie, pour quatre jours.

Cet article a été publié au format court dans Stratégies n° 2156 du 5 janvier 2023. 

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