Jamy Gourmaud, transgénérationnel 

La scène aurait pu faire l'objet d’un énième épisode de la mythique émission de France 3 C’est pas sorcier. Accueilli au sein de la rédaction de Stratégies, Jamy Gourmaud est prêt à conter un début d’histoire à partir d’un gobelet en carton dans lequel un café lui a été servi. « Comment cet objet a-t-il été inventé, comment cela se fait-il qu’il soit étanche ? Je suis persuadé qu’il y a une belle histoire à raconter autour de ce gobelet. » Sur le petit écran comme dans la vie réelle, Jamy Gourmaud est un homme authentique. D’abord, de par ses codes vestimentaires proches du look hipster. Il arbore une chemise à fleurs et un tee-shirt en coton de couleur turquoise. Et si la fameuse paire de lunettes aux verres ronds lui donne une image de bon élève, le journaliste insiste : « Je ne me suis pas mis à porter des lunettes rondes car je présentais une émission de science. » 

La bonne formule

Populaire chez les jeunes et les moins jeunes, l’ancien étudiant en fac de droit affirme avoir toujours cherché « à rendre concret et visible ce qui ne l’est pas ». Mais comment éveiller la curiosité du téléspectateur en décortiquant la science pendant vingt ans pour le service public ? « Parfois, ça tient à l'agencement des mots, à l'accroche, ou bien à une référence que l'on va utiliser. Je peux plancher pendant des heures sur un texte pour trouver la bonne formule. » Pas étonnant que Sabine Quindou, avec qui il a coprésenté C'est pas sorcier, le décrive comme un laborieux. Dans le bon sens du terme. « J'ai toujours été impressionnée par la constance et la rigueur avec laquelle il préparait ses tournages, et notamment les maquettes, qui n’étaient pas simples à concevoir, explique-t-elle. Une fois, les équipes de production lui avaient proposé un prompteur pour lire son texte, mais il était réticent au départ. S'il lisait son texte, il ne pouvait plus raconter d'histoire. »

Co-présenté avec Fred Courant, Sabine Quindou et Valérie Guerlain, C’est pas sorcier était un programme novateur dont la promesse éditoriale était de démocratiser l'approche scientifique auprès du grand public. Jamy Gourmaud ne s’est pour autant « jamais arrogé le droit de parler au nom de la science ». Diplômé de l’Institut pratique de journalisme, il s’appuie sur sa légitimité de journaliste. Une posture qui lui a permis de gagner le respect des enseignants qui projettent encore des anciens épisodes de l'émission dans leurs classes. Sur les antennes de France Télévisions, il a continué de transmettre son savoir à travers les anciens magazines scientifiques Le Monde de Jamy et C Jamy, coproduits par Elephant et France TV Studio. Pour lui, la réussite d’un programme passe par la confiance auprès des équipes, mais surtout par « une rencontre entre un diffuseur, un producteur et un auteur. Parfois une alchimie se produit, mais la confiance ne s’anticipe pas ! »

Centre de gravité

Le vulgarisateur scientifique transgénérationnel jongle depuis mars 2020 entre les codes de la téle et ceux du digital depuis son studio de tournage installé au fond de son jardin. « Nous demandons aux journalistes d’être toujours exigeants dans la mise en forme de l’information. Avec le digital, l’exigence n’est pas portée sur les mêmes paramètres. Je vais me concentrer sur le rythme de la vidéo et sur un autre mode de narration. Mais mes priorités sont toujours la qualité du contenu et la responsabilité que j’exerce à son égard. »  Sa chaîne YouTube estampillée « Jamy - Epicurieux », par le groupe Webedia, pèse plus d’un million d’abonnés. La moyenne des vues par mois est de 3 millions depuis janvier 2022. « Avec YouTube, j’ai aussi découvert une nouvelle façon de m’adresser au public. Je lis les commentaires sous les vidéos comme si je lisais le courrier des lecteurs et j'y réponds parfois avec ma compagne, Manuela. Il faut être capable de s'en détacher tout en essayant de dégager des tendances. »

Depuis son entrée au sein de Webedia, il est le centre de gravité d'un écosystème. Epicurieux est une marque qui se déploie sur les plateformes et dans l’édition. « Jamy Gourmaud a rapidement su adopter les codes du digital et j'ai rarement vu ça parmi nos créateurs de contenus. C’est aussi un journaliste exigeant et professionnel. Il identifie toujours les bons angles et les informations sont vérifiées », rapporte Michèle Benzeno, directrice générale de Webedia. Cette année, Jamy Gourmaud figure dans le top 10 des personnalités françaises préférées des 7-14 ans, selon un sondage Ipsos pour le Journal de Mickey. Jamy continue de traverser les générations.