Portrait

Le fondateur d’Arrêt sur images, Daniel Schneidermann, part à la rencontre des Français en suivant les campagnes de candidats Nupes. Une façon d’aller au contact d’un réel peu médiatisé.

Des chroniques sur la télé et les médias au Monde puis à Libé, une émission sur France 5 puis un site emblématique, des livres sur l’information ou son histoire avec Berlin, 1933 et La Guerre avant la guerre (Seuil)… À 64 ans, après avoir transmis la direction d’Arrêt sur images (@si), Daniel Schneidermann poursuit sa carrière en devenant reporter sur les routes du « 3e tour », comme les Insoumis appellent les élections législatives.

Difficile d’imaginer cet intellectuel-journaliste de plateau sac au dos et cheveux au vent ! Et pourtant, l’homme rappelle qu’il a été dix ans reporter au Monde. Le voilà donc en Indre-et-Loire avec une ancienne archéologue devenue spécialiste de la santé, dans le Cher avec une éleveuse de poneys ou à l’Hay-les-Roses avec une figure de la lutte des femmes de chambres de l’hôtel Ibis… Points commun à tous ces reportages : ils sont tous centrés sur une femme candidate de la Nupes. Et Dany fait lui-même les photos !

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« Moi qui ai longtemps oscillé entre le PS, le PC et les écologistes, je suis un atome de base du peuple de gauche, cette campagne parle au citoyen que je suis, confie-t-il. J’ai eu envie de la voir de près en rencontrant des gens, en comprenant des situations, en allant au-devant d’un réel dont les médias ne parlent pas… ». C’est donc en reprenant une casquette de simple reporter qu’il se présente dans les « circos ». Parfois, les gens sont surpris : « Vous n’avez pas de caméra ? ». Ou bien : « Dis-donc, tu as vachement de fans ! » Si certains sont aussi des abonnés, la plupart le connaissent ou ont entendu parler de lui. De quoi creuser l’écart ? « La distance est peut-être moins importante que s’ils ne me connaissaient pas », assure-t-il. Cette notoriété lui est utile pour joindre un édile local. Ira-t-elle jusqu’à lui ouvrir les portes de la campagne de Mélenchon ? C’est en tout cas son rêve.

Après avoir transmis le capital de son site à ses neuf salariés (moins 48 000 euros investis), Daniel Schneidermann est jusqu’à novembre « président de transition ». Une fois passés les rênes à la rédactrice en chef d’@si, Emmanuelle Walter, il est chroniqueur et animateur de l’émission de plateau à temps partiel. En attendant une retraite qu’il aimerait faire coïncider avec l’animation de la plateforme « La Presse libre », défendant la presse indépendante, il goûte les joies simples du reportage : « C’est tellement plus intéressant de parler avec les gens en dehors du plateau, souffle-t-il, ce n’est pas la même perception : quand vous faites du porte-à-porte dans un quartier populaire et que vous voyez qu’une fois sur deux les gens ne savent pas qu’il y a des législatives ni même ce que c’est, alors là, vous comprenez… ». L’homme est aussi marqué par « les villes moyennes aux rideaux fermés » et la réalité de la désertification des services publics. Une France derrière l’écran.

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Parcours

1958. Naissance à Paris.

1979. Entre au Monde, après le CFJ.

1983. Grand reporter au Monde.

1992. Chroniques sur la télévision.

1995-2007. Anime Arrêt sur Images sur France 5.

2007. Crée le site @rrêt sur images [@si].

2021. Transfert de la propriété d’@si aux salariés.

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