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Le directeur commercial et marketing du Théâtre Mogador (Stage Entertainment) revient sur les grands sujets de la semaine.

Netflix qui passe à 10 millions d’abonnés.  

C’est sûrement très bien pour une partie de la création, car ces plateformes investissent dans leurs contenus, mais il ne faut pas en faire le Messie non plus. Sans leur jeter l’anathème, le public ne doit pas perdre l’habitude de sortir de chez lui et d’aller dans le monde. Ne poussons pas trop les gens à poser leurs fesses dans un canapé et se commander à dîner. Il se livre en France un repas toutes les trois secondes... La vie ne peut pas se résumer à cela.  
La ministre de la Culture a dit ne pas s’inquiéter pour la fréquentation du cinéma. J’espère de tout cœur qu’elle a raison. Je suis allé voir Decision to Leave, un film magnifique primé à Cannes: nous étions huit personnes dans la salle... C’est dommage. J’espère que le cinéma ne va pas se réduire à vivre de blockbusters. Je n’ai rien contre eux, et lorsque nous produisons Le Roi Lion, nous faisons du blockbuster en touchant 400 000 personnes. Mais nous investissons de l’autre côté dans des spectacles plus anonymes. Il faut garder de la place pour tout le monde, sinon nous allons «médiocriser» la culture. L’acteur James Caan, qui est décédé la semaine dernière, a joué dans des chefs-d’œuvres comme Le Parrain, mais aussi dans d’autres projets bien plus confidentiels. Il faut garder à l’esprit cette dynamique d’équilibre dans toute la culture et oser des choses, comme le faisait Peter Brook, disparu lui aussi la semaine dernière, un grand metteur en scène qui a été source d’inspiration pour énormément de personnes dans le monde du spectacle. 

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Boris Johnson qui démissionne. 

On a perdu un grand comédien ! Je me réjouis qu’on voie peu à peu disparaître ces personnages creux dans le spectacle. Car leur comportement est un spectacle malsain. Le Royaume-Uni, un pays si cher à notre cœur qu’on adore le détester, a besoin de retrouver son identité. Les spectacles de West End of London font partie des plus belles œuvres. Il faut renouer du lien et arrêter avec cet isolationnisme et le repli sur soi, ou la détestation des autres, tout l’inverse de ce que la culture veut promouvoir.  

L’encadrement de la publicité dans la métropole lyonnaise. 

L’agglomération lyonnaise a voté un nouveau règlement local sur l’affichage publicitaire, afin d’en limiter l’utilisation d’ici 2028, et je trouve cette réflexion intéressante. On voit bien qu’il y a un transfert de la publicité papier vers l’affichage dynamique. Ces restrictions à venir nous interpellent. Dans quelle mesure a-t-on une responsabilité ou un rôle à jouer ? D’un côté, je trouve ça bien que l’œil puisse se reposer et ne pas être continuellement agressé par des sollicitations publicitaires, où l’on appelle sans cesse à consommer. On est passé de quelques centaines à quelques milliers de panneaux en quelques années... Des panneaux qui sont souvent la prime aux plus gros annonceurs. Mais de l’autre, on ne peut pas arrêter de communiquer. Ne plus faire de publicité, pour nous, cela signifie ne plus vendre de billets de spectacles ! Et l’on ne peut pas tomber dans le manichéisme à décider de qui a le droit ou non d’annoncer. Mais peut-être y a-t-il des limites à trouver sur les formats et des débats à avoir. Personnellement, si l’on peut apporter à la réflexion et prendre certaines responsabilités, nous le ferons. Mais on ne peut pas tout supprimer. Par exemple, les publicités sur les bâtiments en travaux peuvent être très réussies et exprimer quelque chose. Ce serait une erreur de totalement les supprimer.  

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Élisabeth Borne qui évoque une possible extension du passe culture.  

C'est une très bonne idée. Le passe culture a créé une réelle incitation. Contrairement à ce qu’on craignait, il fonctionne réellement. Nous le voyons tous les jours, des personnes nous disent que sans ce soutien financier, elles ne seraient pas venues aux spectacles. On voit clairement une dynamique, alors quand j’entends parler d’extension, avec davantage de tranches d’âges concernées, je suis preneur. C’est un bel effort qui est fait de la part de l’État. Le fait qu’ils aient limité à 100 euros sur le numérique aide à découvrir d’autres activités.  

Les lancements des festivals d’Avignon et d’Arles. 

On fait réellement face à deux mondes qui évoluent de manière opposée. Avignon commence à être le festival des marchands du temple. Avec une partie «in», élitiste, composée de happy few, et un festival «off», qui pour les compagnies devient de plus en plus coûteux. Il y a de plus en plus de spectacles, et l’hébergement, les locations de salle, les bugets deviennent n’importe quoi. Je vais y aller, car cela reste incontournable, mais j’y vais avec moins de plaisir que par le passé. Il y aura cette année, tout de même, le premier forum sur l’inclusivité, avec Laurent Bentata, le directeur général de Stage Entertainment (le propriétaire du Théâtre Mogador). À l’inverse, le festival d’Arles s’ouvre de plus en plus. Il a trouvé un bon équilibre entre des choses plus pointues et des choses accessibles à tous. Pour bien connaître ces deux villes, elles ont deux évolutions différentes : une qui semble s’éteindre, et au contraire, l’autre qui se développe. 

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Elon Musk qui ne rachète pas Twitter. 

De manière générale, je trouve que l’on en fait trop sur le monde virtuel et que tout cela fait perdre le sens du réel, du palpable. Comme les NFT, le métavers, dont la médiatisation est trop grande par rapport à ce que cela peut apporter. Je suis un peu NFT-nervé ! Personnellement, plus ça va, plus je reviens au tangible. Ce qui se passe dans un spectacle un soir ne ressemble pas à ce qui se passera le lendemain. Redécouvrir le temps de la lecture, de la relecture. Mais je ne désespère pas du tout de la jeune génération, la digital native. Elle reste présente au spectacle, quand je vois la composition de notre public. Et elle reprend goût au chant, à la danse, à l’expression corporelle. C’est assez réjouissant. On en revient à l’éducation de la pratique artistique qui avait été mise de côté pendant plusieurs années. On le sent, on retrouve l’envie de pratiquer, et cette génération particulièrement. Je suis très optimiste de ce côté-là.

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