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Déjà 110 salariés ont choisi de quitter le groupe depuis le rachat de l’entreprise par Vincent Bolloré.

La vie dans les locaux noir mat de Gennevilliers a l’air paisible. Comme toujours. Mais l’humeur est maussade. Depuis le 1er juin 2021, date du rachat de Prisma Média par le groupe Vivendi, propriété de Vincent Bolloré, une clause de cession est ouverte jusqu’au 31 octobre 2022. La direction a refusé les bonus supplémentaires. Elle se limite aux normes en vigueur : un mois d’indemnité par année d’ancienneté. Pour les salariés qui ont plus de 15 ans de maison, c’est une commission arbitrale qui s’impose, comme c'est toujours le cas. « Aujourd’hui, ce sont plus de 110 journalistes en CDI sur un total de 480 qui ont choisi de partir et une trentaine de pigistes. Ce sont à 75 % des journalistes écrivant et à 25 % des secrétaires de rédaction, maquettistes ou iconographes » assure Emmanuel Vire, délégué syndical SNJ-CGT chez Prisma Média. La direction n’a pas souhaité confirmer ou commenter ces chiffres. Elle réserve sa parole pour le bilan final. « Lorsque la clause a été ouverte, j’avais prévenu la direction qu’il y aurait près de 150 départs. Et ce chiffre va sûrement être atteint car certains salariés attendent le dernier mois pour se déclarer. La direction pensait que les départs avoisineraient les 50 à 60. Je pressentais cette hémorragie » assure le délégué syndical.

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Pourquoi autant de salariés dans un groupe qui en comptait 1200 à l'arrivée de sa nouvelle PDG Claire Léost, il y a un an ? La première raison est sans doute que la clause de cession est l’occasion (rare) d’avoir un pécule, au moins pour des salariés ayant de l'ancienneté. Depuis sa création en 1979, Prisma Media n’avait jamais changé d’actionnaire et n’avait connu qu‘un seul plan de départ, en 2008, visant une quarantaine de personnes, informaticiens et salariés de la régie. Pour les journalistes qui avoisinent l’âge de la retraite, ce plan est, selon les dires de la direction, « une clause d’aubaine ».

Le Covid a donné aussi donné envie à certains de changer de vie. Enfin, ceux qui restent notent un surcroît de travail, qui incite les hésitants à partir. « La direction parle de 50 % de postes remplacés mais on est plutôt autour de 25 % » assure Emmanuel Vire. En revanche, la personnalité de Vincent Bolloré et son inflexion possible sur les lignes éditoriales ne semble pas redoutée comme à Europe 1 ou à CNews. Seuls certains salariés de la presse télé (Télé Loisirs, Télé 2 semaines, Télé Grandes Chaînes) ont noté une attention accrue demandée autour des activités d’Universal et craignent que les programmes de Canal + ne deviennent exagérément incontournables. Mais le magazine Capital, déjà attaqué par Vivendi en justice, redoute une reprise en main. Il accuse d’ailleurs un nombre de départs conséquents. Une charte déontologique a été demandée à la direction. Mais Claire Léost n’a pas accédé à cette demande, se portant garante de l’indépendance du titre. Restent trois inconnus. Les cadres et des employés bénéficieront-ils aussi d’un plan de départ ? Un plan de départ global sera-t-il ouvert pour réorganiser l’entreprise, qui devrait rester finalement dans les locaux qu’elle loue à Gennevilliers ? Y accueillera-t-elle Paris Match et Le Journal du Dimanche, désormais dans le giron via Lagardère News de Vincent Bolloré ?

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