L’Union européenne ne semble pas avoir conscience des impacts économiquement catastrophiques d’une réglementation de l’IA avec la promulgation de l’AI Act. Au contraire, il nous faut un plan industriel de déploiement massif de l’IA pour la France et l’Europe.

L’utilisation de l'intelligence artificielle (IA) représente aujourd'hui un enjeu majeur de maintien de la compétitivité des entreprises françaises. Cependant, la volonté de l'Union européenne de réguler a priori l'IA compromet d’ores et déjà toute une filière promise à un brillant avenir et freine nos entreprises dans leur élan.

En venant contribuer à l’augmentation de la performance de tous les métiers de l’entreprise, l’IA est devenue la pierre angulaire du maintien de leur compétitivité. Son intégration massive dans les process de l’entreprise permet de bénéficier d’une baisse substantielle des coûts opérationnels non seulement du « core business » mais aussi des coûts fixes liés aux fonctions supports. Il en est de même pour les fonctions marketing et ventes en ayant la possibilité de détecter des tendances ou d’augmenter ses revenus avec des assistants aux forces commerciales. Dans un contexte d’émergence de nouveaux acteurs commerciaux agressifs et d’une reconfiguration du commerce mondial, l’IA apparait comme un élément essentiel du maintien de la compétitivité de nos entreprises mais aussi un élément moteur de la réindustrialisation de la France en permettant d’optimiser le coût du travail. 

L’UE en a eu une autre vision. Après s’être forgée une doctrine basée sur une vision apocalyptique proche de la science fiction dès 2017, et à la vue de l’usage que pouvait en faire la Chine avec son abominable notation sociale, elle a entrepris de créer de toute pièce une réglementation censée protéger le citoyen et imposer des barrières protectionnistes aux Gafam. C’était oublier que pratiquement tous les pays européens se sont dotés depuis plus de 30 ans de gendarmes informatiques, comme la Cnil en France. De plus, nous vivons dans de vraies démocraties capables de faire appel au pouvoir législatif s'il s’agit de mieux cadrer un usage quand il y a un abus ou une utilisation dévoyée, comme nous l’avons vu dernièrement avec les influenceurs. 

Une mise en conformité trop coûteuse

Cette réglementation « a priori », basée sur le risque plus que sur l’apport, est de nature à décourager tous les acteurs de cet écosystème. Les entreprises, soucieuses d’assurer leur pérennité, sont freinées dans leur élan de peur de devoir payer des coûts exorbitants de mise en conformité. Les start-up, le poumon de la croissance basée sur l’innovation, n’auront pas les moyens de payer leur mise en conformité avant de pouvoir faire un quelconque développement alors que cette étape ne représente qu’une goutte d’eau pour les Gafam. OpenAI l’a bien compris, craignant d’être contraint par l’AI Act : elle a installé son siège européen à Londres plutôt qu’à Paris, faisant de Londres la capitale européenne non européenne de l’IA. Cette désertion de la France et de l’Europe vers Londres nous prive de la richesse créée par cette technologie dont tous les talents seront concentrés en dehors de nos territoires. Après des années de pertes de nos chercheurs vers les US, la filière industrielle de l’IA en pleine maturation va disparaître, les entreprises vont transférer ces richesses hors de France et d’Europe à cause d’une réglementation sans fondement. 

L’AI Act est donc une calamité, un accident industriel annoncé, comme l’a été la robotique en France. Nous devons faire confiance à nos démocraties et au législateur pour nous protéger des abus de l’utilisation de l’informatique comme il a su le démontrer depuis des décennies maintenant, et profiter de cette opportunité extraordinaire qui s’offre à nous de créer les leaders de demain et réindustrialiser. Pour ce faire, plutôt que de perdre du temps et beaucoup d’argent à créer une réglementation restrictive et délétère, il nous faut un plan industriel de déploiement massif de l’IA pour la France, pour l’Europe, intégrant toute une filière et créer de l’emploi, comme l’ont fait les États-Unis et la Chine.