La majorité des citoyens a aujourd'hui pris conscience du problème climatique. Pour autant, le vacarme du débat d'experts sur les solutions à apporter dissimule un phénomène aussi discret que préoccupant.

Alors que le changement climatique s’impose laborieusement comme un péril majeur, le «climatoscepticisme» jouit dans le même temps d'une improbable progression. Si l’hémorragie semble contenue dans le monde visible, les vannes sont grandes ouvertes dans la sphère numérique où des activistes livrent une guerre de communication contre la nécessaire transition énergétique.

Leur objectif est aussi simple que tragique : embrouiller les esprits pour retarder les mesures à prendre. La mécanique est bien huilée et l’éventail des théories aussi large que pernicieux, comme cette idée (fausse) que le réchauffement est uniquement dû à la variabilité naturelle du climat. «C’est pas de notre faute donc on ne peut rien faire», disent-ils. Redoutable.

Neutraliser le messager

Sur les réseaux, les climatosceptiques s’expriment et réagissent à toutes les polémiques pour se faire connaître et constituer des bataillons aussi artificiels que douteux. Bien que très inférieurs en nombre, c’est ainsi qu’ils polluent le débat. Dans leur combat contre la vérité scientifique, ils ciblent journalistes, élus, mais surtout les scientifiques du GIEC, jusqu’à les contraindre parfois à suspendre leur compte.

Le calendrier des mesures accélère, le cadre législatif se précise, les médias et le grand public sont de mieux en mieux informés et ça, ça ne plaît pas à tout le monde. Alors les groupes activistes intensifient leur raids.

L’impact de ces attaques, la filière des énergies renouvelables le connaît bien car il vient régulièrement percuter la dynamique de développement des projets dans les territoires. Derrière la volonté de protéger patrimoine et biodiversité se cache souvent l’idée qu’on cherche des solutions à un problème qui n’existe pas.

Gagner la guerre sans combattre ?

Les climatosceptiques d’aujourd’hui sont les mêmes qui, hier, ont aidé à faire élire des présidents aux États-Unis et au Brésil, et fait basculer le Royaume-Uni dans le Brexit. Leur pouvoir de nuisance est aussi réel que sous-estimé, et la transition énergétique, une cible parmi d’autres.

Faire revenir la raison dans la conversation sera long et complexe car cela exige une coordination globale entre le public et le privé : l’État et les associations bien sûr, mais aussi l'Industrie, notamment la filière française des énergies renouvelables, sur laquelle repose aussi la réussite de la neutralité carbone en 2050.

Le Baromètre 2023 du marché de l'énergie ne dit pas autre chose : améliorer l’acceptabilité des renouvelables se fera en luttant collectivement et massivement contre la désinformation et en démontrant les bénéfices directs des énergies renouvelables à l’échelon local, autour d’un récit commun qui transfère le pouvoir aux citoyens.

Monter au front, et vite

L’exécutif agit comme il peut dans la limite de sa zone d'influence éducative, législative et économique. Mais une réponse 100% gouvernementale serait perçue comme biaisée et donc elle-même propagandiste. La filière des énergies renouvelables, qui bénéficie, par son statut, d’une plus grande liberté de ton et d’action, aurait donc intérêt à participer à son tour et en rang serré à l'effort de guerre.

Elle pourra par exemple s’inspirer du dimensionnement de la campagne de communication «Avec l’industrie», portée par ses 32 branches : 15 millions d'euros pour attirer les jeunes, un film en TV et dans 500 salles de cinéma, une campagne d’affichage sur plus de 6 000 panneaux, et une déclinaison des messages sur les réseaux sociaux. Le tout pendant 3 ans. De quoi se faire comprendre et gagner une première bataille, celle des talents, en attendant les suivantes.

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