Comme les bulles de filtres sur les réseaux sociaux, l'intelligence artificielle risque de nous enfermer dans des préjugés si elle ne s'appuie pas sur des sources de données aussi fiables que diversifiées.

S’il arrive souvent que les grands esprits se rencontrent, une concentration excessive d’esprits homogènes risque de créer une intelligence collective en essaim (hive thinking), un concept dont notre société doit à tout prix s’éloigner.

Les réseaux sociaux constituent un bon exemple de cette situation. Ils créent un vide intellectuel à l’intérieur duquel les internautes sont en permanence alimentés en contenus par des personnes qui partagent le même avis et sont rarement exposés à d’autres points de vue que les leurs. Les algorithmes adaptent les contenus selon les préférences personnelles. Ils excellent à proposer des vidéos légères ou humoristiques, mais sont nettement moins performants pour proposer une vision ouverte sur le monde et la société au sens large.

Résultat, chaque individu se tourne vers lui-même et les personnes qu’il suit. Cette attitude réduit le champ de réflexion et la façon d’aborder la vie, mais également la manière de résoudre les problèmes, une tendance qui ne devrait pas ralentir sur le long terme.

Ces problématiques n’épargnent pas le monde des affaires : le manque de diversité cognitive qui caractérise le processus décisionnel favorise la création d’une pensée cloisonnée qui, avec le temps, risque de brider la croissance. Une telle situation n’est toutefois pas inéluctable. En associant la bonne stratégie data aux bons outils analytiques et de gestion des données, les responsables d’entreprise peuvent attirer et stimuler un panel hétérogène d’esprits et de contributeurs, et ainsi offrir à leur entreprise des possibilités d’innovation et de croissance régulières.

Le pouvoir de la diversité au service de la stratégie

Le pouvoir de la diversité cognitive est un aspect particulièrement important de la conception d’une stratégie d’entreprise. Plus précisément, elle permet aux organisations qui prônent l’amélioration continue de s’interroger sur l’étape d’après. De par sa capacité à générer des idées créatives, de nouveaux produits et de nouveaux services, le pouvoir de la diversité cognitive est un rouage essentiel à l’élaboration des stratégies d’entreprise.

Nombre d’éminents esprits ont étudié le comportement humain et celui du marché. Ainsi, Matthew Syed, auteur de Rebel Ideas, alerte sur le danger de réunir plusieurs génies ou experts dans une même pièce, car il est convaincu qu’à long terme, cette concentration nuit à l’innovation et à la croissance.

Voici un exemple où la diversité cognitive a bien fonctionné. Il y a quelques années, Gareth Southgate, actuel sélectionneur de l’équipe d’Angleterre de football, a créé un comité technique consultatif au sein de la fédération anglaise de football (le FA Technical Advisory Board). Composé de membres extérieurs au monde du football, dont un entrepreneur en technologie, la commandante du Collège militaire royal de Sandhurst et un entraîneur de cyclisme, ce comité se réunit régulièrement pour conseiller le sélectionneur sur ses performances.

Chacune de ces personnes apporte son point de vue et son expérience. Ensemble, elles élaborent de multiples scénarios permettant d’améliorer les performances, et évitent ainsi le phénomène de «chambre d’écho», où les différents membres d’une équipe échangent leurs hypothèses sans réellement débattre.

Sources fiables et diversifiées

Pour revenir au monde de l’entreprise et de l’analytique, où il faut à présent compter avec l’intelligence artificielle et l’IA générative, de meilleurs résultats ne pourront être obtenus qu’en extrayant des informations à partir de sources de données aussi fiables que diversifiées. S’appuyer sur la data pour encourager la diversité de pensées permet d’éliminer les préjugés inconscients de chacun. L’empathie, l’éthique et la morale doivent également être intégrées au processus, car c’est ainsi que l’homme se différencie de la machine.

Il s’agit de miser sur des technologies qui participent à la démocratisation des données en les rendant accessibles à tous les collaborateurs d’une entreprise. Pour atteindre cet objectif, il faut pouvoir associer des ensembles de données complexes et divers points de données issus de sources multiples en comprenant la relation qui unit les différents ensembles de données pour mieux les explorer.

La démocratisation des données passe également par la démocratisation des compétences nécessaires à leur compréhension, ce qui est indispensable à l’ère de l’intelligence artificielle. Désormais c’est l’ensemble des collaborateurs en entreprise et pas seulement un petit groupe de privilégiés qui doit être capable de lire, d’utiliser, d’analyser et de communiquer grâce aux données ; car un employé «data literate», c’est-à-dire qui dispose de ces compétences est mieux armé pour participer à la croissance de son entreprise.

Une prise de décision data-driven est davantage susceptible de donner des résultats justes et équitables. Grâce aux bonnes données et à la bonne infrastructure, les équipes ont les moyens d’encourager la diversité des opinions et de favoriser une culture d’entreprise où s’expriment différents points de vue. Dans le cas contraire, le processus décisionnel repose sur des hypothèses ou des stéréotypes, ce qui risque de perpétuer les préjugés, d’entraver les initiatives de diversité et, à terme, de freiner l’innovation.

De l’importance des données

Les données sont désormais l'un des moteurs de l’innovation en entreprise, mais seules, elles ne suffisent pas. Elles doivent être accompagnées d’un personnel diversifié dont les parcours hétérogènes sont indispensables à la généralisation d’une culture de la compréhension, de l’apprentissage et de l’exploration.  

Ajoutés aux connaissances acquises à l’aide des bons logiciels d’analyse des données, ces ingrédients forment la recette parfaite pour fournir aux entreprises les outils dont elles ont besoin pour croître et innover en permanence.