Chronique

Vous vous souvenez peut-être de l’entêtant titre du groupe Silmarils, dont le refrain « Il va y avoir du sport » était répété pas moins de 23 fois… Je vous déconseille d’ailleurs vivement de le réécouter, il faut trois jours pour s’en défaire. Les Jeux de Paris auront lieu dans un peu moins de 1 000 jours maintenant et les grandes offensives démarrent. Il va y avoir du sport. Le Comité d’organisation des Jeux olympiques, en déclarant ces jeux révolutionnaires, ouverts à tous et initiateurs d’une véritable transformation de la société par le sport, place la barre au plus haut. Ce discours inclusif, mobilisateur, donne tout son sens à cette XXXIIIe olympiade. Partenaires officiels et autres marques non-officielles se posent désormais la même question. Comment prendre (sa) part à cet événement exceptionnel ? 

Le sujet est devenu politique. En 2020, Emmanuel Macron exhortait les athlètes fraîchement débarqués de Tokyo à « faire de la France une (grande) nation sportive ». Les critiques ne se sont pas fait attendre. « Le sport est sous-exploité en tant que solution à nos problématiques de société », déclaraient dans Le Monde (1) Carole Gomez, directrice de recherche en géopolitique du sport, et David Blough, entrepreneur (2). Ils interpellaient au passage les candidats à la présidentielle, les invitant à donner au sport une « véritable place dans notre société ». Mais faut-il tout attendre des politiques publiques ?  

Notre dernier baromètre sur la Contribution des Marques mené avec le CSA (3) en avril dernier indiquait sans appel que les Français avaient davantage confiance en eux-mêmes (à 57 %) ou en l’entreprise (à 43 %) qu’en l’État (à 36 %) pour « changer la société d’aujourd’hui ». Il y a là une opportunité intéressante pour les entreprises, qui pourraient concilier la volonté de leurs collaborateurs d’être des acteurs du changement et la nécessaire prise en compte de leur responsabilité sociale et sociétale. Elles pourraient profiter de l’échéance de 2024 pour faire profondément avancer la place du sport dans leurs organisations et donc dans notre société. Beaucoup d’entreprises sont de longue date des partenaires engagés de fédérations, clubs ou événements sportifs… Et si elles allaient plus loin, si elles donnaient le bon exemple, en faisant du sport un pilier de leur action RSE, dont le volet social est trop souvent oublié ? Elles pourraient mettre à contribution l’interne et promouvoir l’activité physique auprès de leurs collaborateurs.  

Bon pour le moral

Les corps et les âmes ont été abîmés par la covid. Selon une étude OpinionWay de mars 2021, le taux de dépressions nécessitant un accompagnement chez les salariés a augmenté de 15 points en un an (soit 36 %). Le bien-être est une urgence. Le sport n’a pas seulement des effets sur le corps mais aussi sur le moral et la santé mentale d’une manière générale. Lors de la pratique sportive, la sécrétion d’endorphine et de dopamine, en agissant sur la diminution d’émotions négatives, permet de réduire le stress et l’anxiété. La pratique sportive a également la vertu, après des mois de distance à l’autre dans l’entreprise, de redonner de la vivacité au collectif et de favoriser l’envie de faire ensemble, de faire société. 

Fini les discutables « happy chief officers ». Le bonheur ne peut pas être une injonction. Place à une nouvelle fonction au sein des entreprises : les « sport triggers ». Des donneurs d’envie plus que des donneurs d’ordre ; des facilitateurs d’une pratique sportive accessible, quotidienne et décomplexée, pour tous, vraiment tous. Le sport est un terrain d’expérimentation de nouvelles pratiques professionnelles, de nouveaux comportements plus solidaires, plus inclusifs, plus respectueux des équilibres de chacun. Les valeurs du sport pourraient permettre de redonner du corps et du sens aux entreprises. Alors, soyons inventifs et permettons à Paris 2024 de faire de la devise : « le sport change les vies » une réalité !

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