Seulement 35% des Français croient que la menace terroriste s'est intensifiée et 59% pensent que le gouvernement communique trop sur le sujet.

Le risque «n'a jamais été aussi grand». Le 11 septembre dernier, l'avertissement de Bernard Squarcini, le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), quant à la menace d'un attentat, n'est pas resté sans suite.

Une semaine plus tard, un nouvel avertissement de Brice Hortefeux et deux évacuations de la tour Eiffel, après une vague d'alertes à la bombe (quatre en un mois pour la seule région parisienne), ont achevé d'alerter l'opinion.

Mais alors que le gouvernement affiche son inquiétude, les Français restent étonnement sereins face à la menace terroriste. C'est ce que semble révéler le récent sondage le sujet de l'institut BVA, mené auprès d'un échantillon de 1 087 personnes représentatives de la population âgée de 15 ans et plus, les 28 et 29 septembre.

A la question «Avez-vous le sentiment que le risque d'attentat en France s'est renforcé depuis ces dernières semaines?», 35% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative. Parmi les sympathisants de gauche, la part de personnes inquiètes tombe à 25%, tandis que chez les sympathisants de droite, elle s'équilibre davantage entre le oui (54%) et le non (46%).

A l'inverse, le sentiment de surcommunication s'est exacerbé. A la question «Pensez-vous que le gouvernement communique trop à ce sujet», une large majorité des répondants a acquiescé (59%), tandis que 40% ont répondu par la négative, le reste ne s'étant pas prononcé. Chez les sympathisants de gauche, ils sont 78% à penser que le gouvernement communique trop à ce sujet tandis que les sympathisants de droite sont 34%.

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Toutefois, un autre sondage France Info-20 Minutes-Obea Infraforces réalisé du 25 au 30 septembre nuance ce constat. Il révèle que 79% des Français pensent que le terrorisme est une menace «sérieuse» ou «très sérieuse». Même si 42,5% des personnes interrogées jugent que le gouvernement «en fait un peu trop» sur ce thème, deux tiers (76,5%) estiment qu'il «a raison d'informer les Français de ses inquiétudes». 

Ce sentiment général des Français ne semble pas s'être démenti outre mesure après les annonces venues des Etats-Unis et du Royaume-Uni, le 3 octobre, mettant en garde leurs ressortissants en transit dans l'Hexagone contre une forte menace terroriste. 

Sur son site Internet, lundi 4 octobre, le quotidien Le Parisien interrogeait ses lecteurs: «Menace terroriste en France: la mise en garde des Etats-Unis vous inquiète-t-elle?» Sur près de 5 000 votants, 46,2% ont reconnu être inquiets tandis que 53,8 % ont répondu par la négative.

 

Gaël Sliman, directeur général adjoint de l'institut BVA

«Les gens se disent qu'il y a une volonté du gouvernement d'exagérer le problème de menace terroriste. Ce que je peux dire, c'est qu'il y a une décrédibilisation de la parole de Nicolas Sarkozy et du gouvernement en général. Cela a commencé avec les débats sur l'immigration et l'identité nationale visant à séduire l'électorat du Front national (FN). Les Français sont convaincus que ces sujets anxiogènes sont abordés dans un but électoral. Les conséquences de cette défiance globale sur la politique de Nicolas Sarkozy sont que les Français ne croient plus à cette parole-là, même sur un sujet aussi grave que le terrorisme. A titre d'exemple, 60% des Français estiment que les problèmes d'immigration en France sont exagérés. C'est la preuve qu'il y a un désaveu global. Même chez les sympathisant du FN, ils sont 55% à penser que le problème de l'immigration est surestimé ».

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