Making of

Bliss Stories, premier podcast sur la maternité créé par Clémentine Galey, s’exporte au théâtre avec une première date organisée le 8 mars dernier au Trianon et une tournée dans plusieurs villes de France. Une façon de poursuivre la déculpabilisation de la grossesse et d'aborder ses tabous, en live.

Créatrice de Bliss Stories et mère de deux enfants, Clémentine Galey transforme son podcast en spectacle avec une première représentation au Trianon le 8 mars dernier. Une date aussi symbolique que la journée des droits des femmes n’a pas été choisie au hasard : « J’ai eu le choix entre plusieurs dates et quand on m’a proposé le 8 mars, c’est tout de suite tombé sous le sens », explique-t-elle. Chaque lundi, un épisode sur la grossesse et la maternité est publié sur le compte de Bliss Stories, avec des invitées aux histoires différentes qui viennent partager un moment intime et décomplexé sur ces thèmes. L’adaptation d’un podcast en spectacle est une première en France, raconte Karim Merabet d’AEG Presents, à la tête de la production et de l’organisation de cet événement : « Pendant le confinement, on réfléchissait à de nouveaux projets et on a eu pas mal de retours de podcasteurs américains qui se mettaient en scène et qui fonctionnaient bien. On a donc fait la proposition à plusieurs podcasts français et la première à avoir accepté de collaborer avec nous, c’est Clémentine Galey de Bliss Stories»

Les discussions ont commencé en juin 2021. Les 1 000 places annoncées à la vente ont été rapidement «sold out» dès octobre. Bliss Stories, qui comptabilise près de 20 millions d’écoutes, présente un réel spectacle – et non un podcast enregistré – de deux heures environ et divisé en trois parties sur le thème de la grossesse. « Les gens ont trouvé l’idée géniale et comme c’est un nouveau concept avec un autre modèle économique, c’était un réel défi avec d’autres enjeux artistiques », précise Karim Merabet. L’idée de la production de ce genre de spectacle est de pouvoir le jouer pendant quasiment deux ans, notamment parce qu'il ne sera pas disponible en rediffusion sur une plateforme. La création de ce projet a donné naissance à une équipe de dix personnes et a ouvert une division AEG Presents concentrée sur la mise en œuvre d’autres représentations de ce style avec actuellement entre quatre et cinq podcasts en discussion.

J-11. À quelques jours de la première, l’autrice du podcast reconnaît avoir été « un peu surprise » d’être sollicitée car elle ne s’y attendait pas. Mais c’est une occasion de « réunir toutes les valeurs et tous les combats de Bliss en créant le spectacle que j’aurais aimé voir en tant que spectatrice », confie-t-elle. Clémentine Galey souhaite « faire pleurer, rire, émouvoir les spectateurs pour leur donner un shot de sororité ». Le but n’étant pas de jouer une pièce de théâtre mais de mélanger différents formats sur mesure pour créer une convivialité avec le public. La créatrice de Bliss Stories a écrit ce spectacle avec sa collaboratrice Aurélia Martin avec laquelle elle est habituée à travailler sur le podcast et où les échanges se sont faits rapidement puisqu’elles « avaient déjà une vision de ce qu’elles voulaient faire ».

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En interaction avec le public

Dans cette organisation, le plus dur pour la podcasteuse est d’apprendre le texte, mais à quelques jours de la représentation, elle confie se sentir prête. « C’est comme être enceinte, à un moment il faut le sortir ce bébé », plaisante-t-elle. Pour la mise en scène, Karim Merabet a fait appel au directeur artistique Julien Mairesse, avec qui il a déjà collaboré. « C’est un projet excitant car on se jette dans l’inconnu, je me suis nourri de mes expériences pour donner un résultat riche », raconte-t-il. C’est un travail de près de 100 heures d’échanges, de coups de fil la nuit, de réunions et de répétitions, prêt à être présenté au public. Bliss Stories sera en tournée à Bordeaux, Lille et Lyon à partir de l’été prochain, une nouvelle qui ravit la podcasteuse: « Je suis contente que ça ne se cantonne pas à la région parisienne, car je vais pouvoir aller à la rencontre de la communauté bliss. »

Jour J, Trianon. C’est aux alentours de 21 heures que les lumières s’éteignent pour laisser place à la douce voix de Clémentine Galey, maîtresse de ce spectacle. Sur scène, le décor est chaleureux et convivial avec un canapé et des fauteuils placés au milieu et, sur le côté droit, un petit bar et deux tabourets. Derrière ces installations, un grand écran est disposé pour afficher des images et vidéos pendant les discours de chacun et chacune. Le spectacle s’organise par chapitres : avant, pendant et après la grossesse. Suite au générique de Bliss Stories joué en live par le groupe The Georges (amis de la podcasteuse), la première invitée, la journaliste Fiona Schmidt, vient parler du choix de ne pas avoir d’enfant.

C’est avec humour et respect que s’enchaînent les passages. Clémentine Galey ne manque pas de les remercier avant de passer à un autre thème. Elle a avoué avoir eu recours à deux avortements, ce qui a constitué l'un des premiers moments forts de la soirée. Quand la question a été posée au public, de nombreuses mains se sont levées, mettant fin à un tabou de plus lors de la représentation. Les spectatrices, présentes en majorité, sont attentives et interagissent avec les invitées. Deuil périnatal, accouchement, difficulté à tomber enceinte, de nombreux sujets sont balayés durant ces deux heures avec des formats différents les uns des autres, et la présence d’intervenantes telles que Pauline Lavaud, Carole Rochet, Renée Greusard, et même Aurélie Saada, ancienne membre des Brigitte qui a conclu le spectacle avec sa chanson «Je veux un enfant». Cette première date de Bliss Stories aura réussi son pari : se réunir pour partager ses expériences, le tout dans un espace «safe» de sororité.

 

 

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