Le 9 janvier, date du coup d'envoi national des soldes d'hiver, verra-t-il les traditionnelles queues de clientes hystériques devant les grands magasins? Rien n'est moins sûr. En effet, depuis quelques années, notre manière de consommer a changé et les soldes ont perdu leur caractère exceptionnel, concurrencés par des promotions, ventes privées et réductions en tous genres au long de l'année, dont l'objectif commercial est de vendre à tout prix, même pour des grandes marques qui goûtaient peu jusque-là ce genre de gestes commerciaux.
Néanmoins, selon plusieurs enquêtes, plus de trois quarts des Français prévoient comme l'an dernier de se ruer dans les magasins ou sur Internet pour ces soldes d'hiver. Dans ce contexte s'invite, cette année encore, le débat récurrent sur les soldes flottants, deux semaines supplémentaires par an, continues ou non, qui s'ajoutent aux deux périodes de soldes nationaux (janvier-février et juin-juillet).
Cette quinzaine, dont les dates sont librement choisies par les commerçants et pendant lesquelles ils peuvent vendre à perte, est entrée en vigueur le 1er janvier 2009 et n'a cessé de faire débat depuis.
Confusion chez les consommateurs
Doit-on supprimer les soldes flottants? Le ministère du Commerce se pose la question. Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, a indiqué, de son côté, le 3 janvier, que la question du maintien ou de la suppression des soldes flottants serait discutée en 2013 avec les professionnels, afin notamment d'étudier «s'il y a un véritable impact sur la consommation».
Les Français apparaissent, eux, divisés, selon une étude réalisée par l'Ifop pour le site bons-de-reductions.com. Ainsi, 44% des consommateurs interrogés souhaitent leur maintien, et 27% leur suppression. Un dernier résultat étonnant de la part de consommateurs pourtant décrits comme des acteurs en recherche constante de bons plans et de bas prix.
Selon cette enquête menée en ligne entre le 20 et le 22 novembre 2012 auprès de 1 021 personnes, 41% ont déjà profité des soldes flottants tandis que 34% ne l'ont jamais fait. Fait notable, 20% déclarent ne pas savoir s'ils ont déjà ou non profité de ces soldes flottants, ce qui confirme la confusion qui règne chez le consommateur.
Différence de genre: les femmes sont plus nombreuses (51%) à vouloir conserver les soldes flottants que les hommes qui, à 32%, se prononcent même en faveur de leur disparition. «C'est assez logique puisque la notion de soldes est principalement associée à celle des soldes vestimentaires, il est donc normal que le public féminin soit plus réactif», explique Marion Lainé, chargée d'études senior au sein du département consumer à l'Ifop.
Selon un rapport du Crédoc paru à l'été 2012, les commerçants, particulièrement les petits indépendants du secteur de l'habillement, sont «quasi unanimement» opposés aux soldes flottants.
En attendant de trancher cet épineux débat, ces soldes d'hiver seront marqués dès leur coup d'envoi par des rabais importants (60 à 70% de rabais), en magasins comme sur Internet, selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Le but: tenter de rattraper une saison décevante marquée par un recul des ventes.
Parole d'expert
«Une nécessité économique pour certains»
Marion Lainé, chargée d'études senior au sein du département consumer à l'Ifop
«Les consommateurs ont pris l'habitude d'avoir accès toute l'année à des remises. Par exemple, acheter un vêtement à son prix réel devient de moins en fréquent. Résultat, pour 77% des Français ayant déjà profité des soldes flottants, ces derniers sont une opportunité de plus de faire de bonnes affaires. Il est quand même important de noter que, dans une période marquée par un pouvoir d'achat restreint, pour 15% de ces mêmes Français, la période des soldes flottants représente une nécessité pour leur budget. Là encore, les femmes sont plus nombreuses (18%) que les hommes (10%) à souligner cette aide économique.»
