Communication
Le groupe français, qui a présenté comme attendu des résultats annuels 2019 en recul, achève une lourde mue qui doit permettre à son modèle d’être jugé sur pièces dès fin 2020.

La patience n’est pas la qualité première des marchés financiers, et Publicis le sait peut-être mieux que quiconque. Le groupe français, lancé dans un vaste plan de transformation qui ternit depuis plusieurs semestres sa croissance organique et son cours en Bourse, s’apprête enfin à passer au révélateur.

C’est en substance le message qu’il fallait extraire de la publication des résultats annuels 2019 du numéro 2 mondial de la communication, tôt jeudi 6 février, qui a encore fait baisser le prix de l’action malgré un léger rebond en début de matinée.

New business porteur d’espoirs

Il faut dire qu’avec une croissance organique dont la diminution (-2,3%) est globalement conforme aux attentes, le groupe peine à rassurer les investisseurs, et ce en dépit de plusieurs indicateurs encourageants. Mais à en croire Arthur Sadoun, président du directoire, le principal est ailleurs: Publicis aurait presque fini de manger son pain noir.

«Notre transformation est désormais finalisée, à la fois en termes d’actifs et d’organisation. Entre la mise en place du country model à l’échelle mondiale, le repositionnement de Publicis Sapient sur le créneau de la business transformation ou encore l’acquisition d’Epsilon, 2019 aura été une année de grande transformation», arguait le dirigeant lors d’un point téléphonique avec les médias, soulignant à cette occasion que «la combinaison des activités data et tech représente désormais 30% de l’activité et même près de 50% aux États-Unis». Manière de faire comprendre que Publicis, dont le chiffre d’affaires a atteint 11 milliards d’euros l’an passé (9,8 milliards de revenus nets), sort d’une transformation à grande échelle qui doit prochainement porter ses fruits.

«Nous avons aujourd’hui un positionnement unique pour apporter à nos clients ce dont ils ont besoin pour réussir dans un monde de plus en plus dominé par les plateformes, comme en témoignent nos succès récents en termes de new biz», se félicitait ainsi le dirigeant, en référence aux gains majeurs enregistrés ces 12 derniers mois.

«Notre priorité en 2020 est de mettre en œuvre notre plan pour renouer avec la croissance organique, qui passe dans un premier temps par un redressement de nos activités traditionnelles. Nous préparons également la croissance future de nos revenus grâce à Epsilon et Publicis Sapient tout en continuant à investir dans nos talents et dans leur formation, un volet qui a représenté 100 millions d’euros d’investissements l’an passé ! Nous avons fait des changements déterminants afin d’accélérer notre transformation. Notre feuille de route est claire et nous nous concentrons désormais sur sa mise en œuvre», appuie Arthur Sadoun.

Un premier semestre sous haute surveillance

Difficile de partager raisonnablement un tel optimisme ? Toujours est-il que si Publicis se montre ambitieux, les perspectives pour 2020 (croissance organique entre -2% et 1%), révisées à la baisse en octobre dernier, sont maintenues. Prudence donc, le premier semestre –et plus particulièrement le premier trimestre– sont attendus dans le rouge, prévient le groupe tricolore dans un communiqué. Connaissant le jugement implacable des marchés, Publicis risque de subir encore quelques déceptions boursières avant de pouvoir être jugé à l’aune de son nouveau modèle.

Un exercice contrasté dans l’Hexagone

Avec une croissance organique en léger repli (-0,8%) dans le sillage d’un exercice 2018 particulièrement convaincant (+3,8%), le groupe a connu une année contrastée en France. Au moins au premier abord. «Ce chiffre ne reflète pas la dynamique actuelle, qui se poursuit. D’une part, il faut le mettre en relief avec les performances remarquables enregistrées en 2018. D’autre part, après un excellent premier semestre, l’activité a connu un net ralentissement au S2, en particulier en novembre et décembre», avance Agathe Bousquet, présidente France de Publicis, soulignant les «résultats notoires» d’entités comme Publicis Consultants, Publicis Live ou encore Publicis Luxe, tout comme le fait qu’il ne devrait a priori «pas y avoir d’opérations de croissance externe en France en 2020».

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