La Journée Agences Ouvertes, organisée par l’AACC en association avec l'Udecam, s'est tenue le 21 mars pour sa 13e édition, toujours avec la volonté de rendre le milieu des agences plus attractif. L'occasion pour elles de mener une opération séduction autour des sujets de diversité, inclusion, écologie et bien-être au travail. Stratégies est parti à leur rencontre.

- Altmann+Pacreau. 9 heures. Mardi matin, sous la grisaille de Paris et des odeurs de poubelles, la Journée Agences Ouvertes démarre par un premier arrêt chez Altmann+Pacreau. Au programme, un petit-déjeuner de 9h30 à 11h avec un tour de l’agence. Pour des questions de taille, cette dernière avait initialement prévu d’accueillir une dizaine d’étudiant(e)s, mais ce sont finalement une trentaine qui ont déboulé. Ce n’est pas encore l’heure mais l’interphone n’arrête pas de sonner. Olivier Altmann, cofondateur, prend quelques minutes pour répondre aux questions avant d’animer la matinée. « Nous avons envie d’éveiller les consciences et de prendre le pouls pour voir si nous sommes en accord avec les attentes des étudiants, leurs difficultés. » Justement, comment améliorer l’attractivité des agences auprès des jeunes ? « Nous avons l’impression que la qualité de vie au travail est devenue centrale, et plutôt que de travailler comme des dingues, il y a une recherche d’épanouissement tant dans la vie professionnelle que personnelle. Les jeunes sont davantage en quête de sens. » Après ces quelques mots, le directeur de l’agence s’en va dans une petite salle de réunion, plus que remplie. Les viennoiseries ne sont pas très loin, et la présentation peut commencer. Chaque étudiant(e) se présente tour à tour, sous l’écoute attentive d’Olivier Altmann qui disait quelques minutes plus tôt vouloir être «réénergisé» par leur présence. Un étage au-dessus, le concepteur-rédacteur Emmanuel de Dieuleveult et le directeur artistique Fabien Nuñez débattent sur l’évolution du métier de créatif. « C’est un pari pour les agences de devenir plus créatives et agiles pour attirer de nouvelles têtes. Il faut qu’il y ait un côté donnant-donnant des deux parties, pour créer une symbiose et se nourrir de chacun. »

- Australie.GAD. 11 heures. C’est une journée intense pour l’agence qui reçoit dès 9h30 ses premier(-ère)s étudiant(e)s, jusqu'à 17 heures. Plusieurs ateliers pour découvrir tous les métiers sont prévus durant la matinée, à commencer par le planning stratégique. Une petite foule pointe le bout de son nez, mais la pièce se remplit pour l’atelier créa de 11h30 à 12h30. David Leclabart, président d’Australie.GAD et coprésident de l’AACC, émet le souhait de vouloir élargir cette journée. « Il y a une centaine d’agences qui participent à la JAO. L’étape d’après serait d’ouvrir cette journée à des étudiant(e)s avant le baccalauréat, pour les sensibiliser à ces métiers. Beaucoup de personnes ont aujourd’hui une fausse image et des a priori concernant les métiers de la communication, alors que le choix des possibilités est grand. Nous voulons promouvoir nos métiers de manière nouvelle. » David Leclabart ambitionne d’intervenir plus tôt car « il y a des gens qui n’envisagent pas les métiers de la communication. Il faut qu’on devienne plus représentatifs de la société, moins blancs, moins riches, moins parisiens. Une agence est riche des singularités qu’elle accueille. » Le reste de la journée, des ateliers sont organisés au sein des différentes entités de l'agence : Fcinq, Little Stories, Moonlike et Cometis.

- Ogilvy Paris. 13 heures. Ogilvy Paris nous a habitués à boire une petite coupette sur son rooftop. Cette année, l'agence a bien la tête dans les cartons, mais pas de champagne. Elle est en plein déménagement du 17e vers Levallois. Il a donc fallu être innovant pour cette JAO. « Un peu comme dans nos métiers, c’est la contrainte qui nous a inspirés. En discutant avec l’AACC, on s’est dit que ça serait pas mal de faire un déjeuner avec quelques étudiants », présente le président et directeur de la création, Matthieu Elkaim. Seuls huit étudiants, triés sur le volet, ont pu «cuisiner les présidents» puisque l’agence les a sélectionnés après étude d’un CV et d’une lettre de motivation. « C’était un moyen de sélectionner les profils tout en respectant une certaine diversité, pas juste bouffer à l'œil », précise Matthieu Elkaim. Dans un bistrot non loin de l’agence, les étudiants ont pu échanger pendant deux heures avec le président donc, et son vice-président, Pierre-Hubert Meilhac. Ce qui aurait pu virer au job dating est resté un partage d’expérience. « Ce n’était pas juste un truc descendant où nous vendions l’agence. C’était une discussion très intéressante où j’avoue avoir été un peu impressionné au début. Mais au fond, le but était de raconter nos métiers. »

Lire aussi : Comment les agences RSE cultivent leur spécificité

- Publicis. 14 heures. À peine le temps de finir son café, qu’il faut se rendre dans le 11e arrondissement pour rejoindre le groupe Publicis. Une conférence sur le cas de brand content de McDonald’s dans la série Emily in Paris doit commencer à 14 heures pile. La représentante de l’agence Starcom, également en charge de ce cas, rappelle quelques chiffres : cette campagne média a réalisé 87% de reach sur les 18-49 ans sur Twitter et +25% de ventes de McBaguette en France. Devant une salle comble et attentive, la présentatrice conclut : « Essayez d’analyser votre consommation après avoir visionné des films et ou des séries, ces placements de produits marchent très bien et cela se voit sur les ventes derrière. » Est-ce un conseil ou la volonté de rappeler la légitimité de son métier ? Pas le temps de s’y attarder, Gautier Picquet, PDG de Publicis Media, fait une apparition entre deux rendez-vous : « Nos métiers ont besoin de ces événements pour justement réexpliquer leur intérêt et en donner un nouveau sens. En tant que publicitaire, il est certain que nous avons une responsabilité majeure dans la surconsommation. Mais c’est à nous et aux futures générations de faire des réclames plus intelligentes et qui participent aux diversités économiques de ce pays. » Avec plus de 400 inscrits, la diversité des postes que propose le réseau international semble séduire les étudiants. À l’instar de leur mantra «Viva la diferencia». « Je n’ai pas fait de grande école et regardez où j’en suis. Nous sommes ouverts à tous les profils, nous leur demandons simplement d’être eux-mêmes. » Pour rappel, Publicis est l’un des premiers réseaux à avoir élargi ses portes aux BTS, avec une quarantaine de jeunes accueillis par an en stage. D’ailleurs, à l’entrée du village Publicis, les groupes de jeunes se font nombreux. L'un d'entre eux lance : « Non mais vous vous rendez compte qu’on est dans un groupe international, venez on prend l’accent aristo. » Oui, les agences fascinent encore. Peut-être que les prochaines générations de publicitaires réveilleront la passion éteinte pour ce métier.

- Brainsonic. 16 heures. Non loin de Publicis se trouve Brainsonic. L'agence de 130 collaborateurs a choisi de faire simple pour l’occasion. « Nous avons accueilli plusieurs groupes d’étudiants, soit une cinquantaine de personnes en tout dans la journée, avec au programme un tour du propriétaire, une conférence animée par moi-même sur les enjeux de l’intelligence artificielle dans la communication et le marketing, et finir sur une discussion entre nous », relate Mathieu Crucq, directeur général de Brainsonic. Une conférence sur l’IA, pas forcément audacieux étant donné la ferveur du moment autour de ce sujet, mais en cohérence avec la spécialisation digitale de l’agence. En plus des questionnements sur le métier, les étudiants s’inquiètent des perspectives d’évolution. « Personnellement, j’ai commencé en stage avant d’être le directeur de cette agence. C’est un monde qui est en mouvement et si la génération actuelle est exigeante, c’est qu’elle souffre aussi des problématiques conjoncturelles. Nous avons l’avantage d’être une petite structure nous permettant d’être agiles tout en ayant une force de frappe. En plus, nous avons une bonné réputation sur le marché, celle d’une agence où il fait bon vivre, sans charrette, ni plafond de verre…On s’en sort mieux car nous sommes en avance sur les sujets RH », témoigne Mathieu Crucq.

- DDB Paris. 17 heures. Le dernier rendez-vous de la journée se tient dans les locaux de DDB Paris dans le 17e. À l’arrivée, un apéro/goûter – selon les us et coutumes de chacun – attend les convives. Derrière le buffet, quelques figures de l’agence sont venues, chacune leur tour, expliquer leurs métiers, comment monter une campagne de publicité… Les présentations faites, les étudiants peuvent directement poser leurs questions aux personnes qui les intéressent. « Les questions portaient beaucoup sur la charge de travail en agence, s’il est possible de concilier vie pro et perso, mais aussi sur les diplômes qu’il faut détenir. Nous avions tendance à recruter des profils qui nous ressemblaient, mais en ouvrant cette journée aux BTS communication, nous pouvons diversifier nos profils. Un étudiant en BTS est même venu de Dinan rien que pour cette journée, habituellement cela n’aurait pas été le type de public qu’on aurait pu capter. C’est aussi et surtout dans notre intérêt », souligne Aude Merceron, responsable RH/relations sociales et présidente de la commission sociale de l'AACC. Avec seulement deux participations à son actif, l’agence se félicite tout de même de son attractivité avec la présence d’une centaine d’étudiants. « Nous avons privilégié ce format pour ne pas être en concurrence avec les autres agences et capter le maximum de personnes. De plus, nous bénéficions d’un rayonnement important car au-delà de notre créativité, nous avons une bonne réputation sur le marché. J’ai entendu un étudiant dire “vous n’êtes pas sur BTA”, cela montre qu’ils se sont renseignés et se sentent rassurés chez nous », conclut Aude Merceron.

Lire aussi : Le boom des agences régionales

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.